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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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demanda-t-il.
    Elle étendit le suk sur le sol en montrant la couture qu'elle avait faite.
    — Ce n'est pas assez solide, expliqua-t-elle, j'ai besoin de couper un morceau de peau pour le doubler.
    Shuganan parlementa avec Homme-Qui-Tue et se retourna vers Chagak.
    — Va chercher la peau, il te la découpera.
    Elle apporta la peau de phoque et dessina le
    contour avec ses doigts. Homme-Qui-Tue ramassa la peau et la découpa nettement en deux en utilisant ses dents et une main pour séparer les deux parties et en tirant de l'autre côté afin que le bord soit droit. Puis il coupa une seconde longueur qu'il mesura avec le suk de Chagak pour le couper à la bonne dimension.
    Chagak le remercia et se leva, mais il saisit une de ses chevilles en s'adressant à elle.
    — Il dit que bientôt tu n'auras plus besoin de ce suk, il te portera des peaux de loutre pour que tu puisses t'en faire un autre plus convenable.
    Les muscles de la mâchoire de Chagak se contractèrent.
    — Dis-lui que de toute façon je garderai ce suk car c'est ma mère qui l'a fait.
    — Chagak, dit Shuganan, tu devras faire ce nouveau suk. Il n'est pas homme à supporter une insulte.
    — Je serai partie avant, affirma-t-elle en remarquant l'expression de tristesse dans les yeux de Shuganan.
    — Bien sûr, soupira-t-il.
    En tenant les deux morceaux de peau, elle désigna le couteau d'Homme-Qui-Tue et le remercia. Il poussa un grognement et relâcha ses chevilles. Elle retourna, alors, à sa place dans le coin sombre, étendit le suk sur ses genoux et se servit du poinçon pour perforer la peau de chaque côté.
    Shuganan conservait des morceaux de boyaux de phoque dans une niche d'un mur sec, comme le faisait la mère de Chagak. Son ourlet étant long, Chagak choisit le boyau le plus long et, en se servant de ses dents et du poinçon, elle en coupa un morceau et l'attacha fermement à son aiguille et se mit à coudre les peaux ensemble.
    Quand les deux côtés furent rassemblés elle laissa un espace vide en bas et en haut. Puis, s'étant assurée qu'aucun des deux hommes ne la regardait, elle glissa plusieurs longueurs de boyaux entre les deux peaux. En utilisant son poinçon elle remplit ainsi la doublure avec une petite boîte ronde en ivoire contenant des aiguilles et dont le couvercle lui servait de dé, fort utile pour coudre des peaux épaisses. Très soigneusement elle replia l'autre côté de la doublure avec une mèche pour la lampe, un paquet de feuilles de caribou et une poignée de cordelette en ortie, un morceau de silex, une pierre à feu. Elle aurait besoin de toutes ces choses quand elle partirait et devrait se cacher d'Homme-Qui-Tue.
    14
    Le lendemain matin, Chagak se força à observer Homme-Qui-Tue, la façon dont il mangeait, dont il se tenait, dont il marchait. Bien que son esprit se révoltât contre cet homme et que son regard répugnât à cette surveillance, Chagak ne se laissa pas détourner. Tous les hommes ont certaines façons de se comporter. Elle devait savoir quand il travaillait, quand il dormait, quand il était seulement assis à ne rien faire. Autrement comment pourrait-elle faire des plans pour s'enfuir?
    Ce matin-là, Chagak avait chauffé la pierre de cuisson lorsque Homme-Qui-Tue réclama son poisson frit. Elle le fit cuire plus rapidement. Elle avait de l'eau prête pour lui servir à boire et, quand il quitta l'ulaq, Chagak prit une peau de phoque partiellement tannée et le suivit sur la plage.
    Il se dirigea vers son ikyak; Chagak s'arrêta à quelque distance et étendit la peau pour finir de la tanner avant de la découper. Elle voulait en faire des bottes pour Shuganan.
    Elle avait commencé un premier grattage pour détacher l'épaisse couche de graisse et de petits vaisseaux de la chair des côtés, puis elle l'avait laissée tremper jusqu'à ce que les poils s'en détachent facilement à l'aide d'un couteau émoussé. Maintenant elle allait chamoiser la peau en la grattant et en assouplissant l'envers jusqu'à ce qu'il soit débarrassé de tout poil et de toute chair. Puis elle la laissa sécher.
    Ensuite elle étendit la peau sur la plage et, protégeant sa main par une bande de cuir, elle utilisa une grosse pierre pour aplatir la peau dans un premier temps. Lisser les peaux était un tra-vail difficile. Les hommes de son village aidaient parfois les femmes à le faire, mais Homme-Qui-Tue, tout en se détournant de son ikyak de temps en temps pour surveiller Chagak, n'offrit pas son

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