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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Shuganan devant lui, mais celui-ci s'arrêta un instant en haut. Il se pencha pour regarder la tête penchée de Chagak.
    Elle leva les yeux et il lut la compréhension dans son regard, il vit qu'elle avait pressé son pouce sur le visage de l'homme. Elle leva la main pour le saluer et Shuganan se détourna, gardant dans sa mémoire le souvenir de ses yeux. Quelque chose qu'il conserverait et qui l'aiderait à poursuivre son plan, un souvenir qu'il n'oublierait pas même s'il échouait.
    16
    Shuganan conservait son ikyak dans une cave formée par les falaises à l'extrémité de la plage. Même à marée haute la cave restait sèche. L'ikyak d'Homme-Qui-Tue était non loin de là, amarré à un solide rocher pour empêcher le vent de l'emporter. Il commença à charger son ikyak d'un paquet de nourriture et d'un chigadax supplémentaire. L'embarcation était plus longue et plus étroite que celle de Shuganan et celui-ci pensa que le revêtement qui couvrait la coque, le fond et les côtés était en morse plutôt qu'en lion de mer.
    — Quand ton peuple a-t-il appris à fabriquer ce genre d'ikyak? demanda Shuganan en se souvenant des ikyan plus larges et plus courts utilisés dans son enfance.
    — Nous avons appris beaucoup de choses, vieil homme, dit Homme-Qui-Tue. Celui-ci est un modèle fabriqué par les Chasseurs de Morses. Il va plus vite dans l'eau et il est plus facile à manœuvrer.
    — Il doit aussi se retourner plus facilement, dit Shuganan en remarquant l'étroitesse de sa forme.
    L'embarcation était à peine plus large que le trou permettant au chasseur de s'asseoir.
    — Pour certains, répondit sèchement Homme-Qui-Tue. Va chercher ton ikyak.
    Shuganan hésita, détestant l'idée d'écraser l'herbe et d'écarter les rochers qui couvraient l'entrée de la cave. C'était un bon endroit où lui et Chagak pourraient se cacher et qui ne se trouvait pas aisément.
    Homme-Qui-Tue croisa les bras et regarda Shuganan repousser les broussailles.
    — Certaines de ces caves sont profondes, remarqua-t-il quand l'entrée fut découverte. Peut-être vas-tu y entrer et ne pas revenir.
    Shuganan ne répondit pas.
    La cave était petite, de la largeur des bras tendus d'un homme et de la longueur de l'ikyak. L'entrée était étroite même pour Shuganan. A l'intérieur il faisait sombre mais il apercevait les contours de son ikyak. Il était tel qu'il l'avait laissé au printemps dernier, suspendu à une branche d'arbre qu'il avait installée sur le plafond de la cave lorsqu'il était jeune. Il avait, alors, la force de soulever l'ikyak et de le fixer à sa place, hors d'atteinte des vagues lorsque la mer se déchaînait. Mais maintenant, bien que l'ikyak fût léger, Shuganan avait des difficultés à le soulever. Aussi l'avait-il attaché avec des cordes passant au-dessus de la poutre et fixé à des chevilles en bois plantées dans le mur.
    Il détacha une de ces cordes et laissa l'ikyak glisser lentement sur le sol de la cave.
    — Dépêche-toi, vieil homme, tu es trop lent, cria Homme-Qui-Tue.
    Mais Shuganan ne se hâta pas. Plus il lui fau-drait de temps, plus Chagak en gagnerait. Il baissa l'avant de l'ikyak et détacha son chigadax de l'arrière.
    Ce vêtement était fait d'intestins de phoque cousus en bandes horizontales, chaque couture faite en double pour empêcher l'eau d'entrer. Ce chigadax était l'un des nombreux que Shuganan avait confectionnés lui-même. Ce n'était pas là un travail d'homme, mais quand un homme n'avait pas de femme quel choix lui restait-il? Qui pourrait survivre en mer sans un chigadax à capuchon ?
    Les bandes d'intestin translucide semblaient moins susceptibles de s'abîmer si le chigadax était conservé dans la cave. Mais après un été, même en graissant les coutures presque tous les jours, le vêtement se ramollissait et les peaux devenaient plus délicates. En le dépliant, il sentit une odeur de moisi.
    Il le lança de la cave et dit :
    — Je dois graisser mon chigadax.
    Homme-Qui-Tue ramassa le vêtement et le
    porta à son nez avec une grimace. Il le jeta sur un bouquet d'herbe et alla chercher de la graisse dans son propre ikyak.
    — Tu es stupide, vieil homme, dit Homme-Qui-Tue en voyant Shuganan s'agenouiller pour graisser le devant du vêtement. Quel chasseur laisse son chigadax des jours sans y passer de la graisse ? Penses-tu que les phoques vont venir à nous si tu n'as pas plus de respect pour la mer ?
    Mais tout en tirant son ikyak de la cave, le

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