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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Elle souhaite mourir. Alors elle rejoindra l'homme qu'elle devait épouser ainsi que son père et sa mère. Tue-nous tous les deux et nous préviendrons ceux qui vivent dans les Lumières Dansantes contre le mauvais esprit que tu portes en toi.
    Homme-Qui-Tue serra les lèvres mais il s'écarta de Chagak. Il ramassa les couteaux et les glissa dans sa ceinture.
    — Retournez vous coucher tous les deux, dit-il. Demain nous chasserons le phoque.
    Il se leva et prit l'outre contenant de l'eau suspendue à une poutre. L'eau coula dans sa bouche et sur son visage. Le corps douloureux, Shuganan se pencha sur Chagak, l'aida à se lever et posa son bras sur ses épaules en examinant son visage. Elle ne pleurait pas et dans ses yeux brillait une lueur dangereuse. Elle laissa aller sa tête sur son épaule et chuchota : « Où est le couteau ? »
    Mais Homme-Qui-Tue se mit à crier :
    — Je vous interdis de parler !
    Et Shuganan dut se taire.
    Le lendemain matin Homme-Qui-Tue attacha Chagak au pied de l'escalier et posa une pile de peaux de phoque à ses pieds.
    — Dis-lui de faire des babiches 5 , ordonna-t-il à Shuganan. Dis-lui que nous allons à la chasse au phoque pour payer sa dot.
    Mais avant que Shuganan ait pu traduire un mot, Chagak déclara :
    — Demande-lui comment je peux faire des babiches sans mon couteau.
    — Tu as gardé son couteau, traduisit Shuganan, comment veux-tu qu'elle fasse des babiches sans couteau?
    Homme-Qui-Tue haussa les épaules et ramassa son harpon.
    — Dis-lui de me donner la pile de peaux qui est là ainsi que mon couteau, reprit Chagak.
    Elle désigna les peaux du doigt mais, avant que Shuganan ait pu parler, Homme-Qui-Tue avait rassemblé les peaux et les avait posées devant elle.
    — Elle a besoin d'un grattoir et d'une pierre ponce, dit Shuganan en allant chercher les deux instruments à l'endroit où la jeune fille les avait rangés.
    Il savait qu'elle préférait travailler dehors, car le vent emportait les petits morceaux de chair et les poils encore attachés sur les peaux, mais puisqu'elle était obligée de rester dans l'ulaq, mieux valait qu'elle ait une occupation.
    Shuganan prit une poignée de pitons qu'il répandit sur le sol puis il étendit une peau dessus et utilisa une pierre pour enfoncer la peau afin de pouvoir la tendre.
    — Elle peut faire ça toute seule, vieil homme, dit Homme-Qui-Tue, nous devons aller maintenant car il nous faut revenir avant la nuit.
    Shuganan le regarda avec surprise.
    — Tu vas à la chasse au phoque et tu penses que nous rentrerons le jour même ?
    — Je suis un chasseur, répondit Homme-Qui-Tue en le toisant d'un air méprisant.
    Shuganan détourna les yeux, respira profondément et sentit la douleur de la veille se réveiller dans ses côtes.
    — Elle aura besoin de boire et de manger, plaida-t-il, et si nous ne revenons pas avant trois ou quatre jours? Pourquoi payer une dot si tu laisses mourir la mariée ?
    Homme-Qui-Tue marcha jusqu'au milieu de l'ulaq, détacha l'outre contenant l'eau potable et
    la suspendit au-dessus de Chagak qui pouvait l'atteindre en se tenant debout.
    — Va lui chercher de la nourriture, dit-il à Shuganan. Pas beaucoup. Je t'ai dit que nous rentrerions ce soir.
    Mais Shuganan prit un estomac de phoque et en tira du poisson séché qu'il posa près de Chagak.
    Homme-Qui-Tue commença à gravir une marche, puis il se pencha pour saisir le menton de Shuganan :
    — Tu es généreux, vieil homme, mais laissons-la manger; j'aime les femmes grasses. Elles font de plus gros enfants.
    Il se pencha, prit une poignée de poisson séché et la mit dans un sac qu'il portait autour du cou.
    — Va me chercher des œufs, ordonna-t-il à Shuganan.
    Le vieil homme s'exécuta. En revenant il glissa quelque chose dans la main de Chagak. Pendant un moment elle ne sentit que la froideur de ses doigts.
    Shuganan pensait qu'Homme-Qui-Tue ne l'avait pas vu, mais celui-ci demanda :
    — Que lui as-tu donné ?
    Shuganan sourit en espérant que son visage ne trahirait pas sa nervosité.
    — La sculpture, dit-il.
    Il enroula sa main autour de celle de Chagak, espérant que l'homme n'y regarderait pas de trop près et ne verrait pas ce qu'il avait fait du visage de l'homme et à la base de l'image.
    Homme-Qui-Tue se mit à rire.
    — Nous allons ramener beaucoup de phoques, peut-être plus que deux, et, pendant que la femme attend, ces petits hommes lui apprendront à être une bonne épouse.
    Il poussa

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