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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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des vagues mais Homme-Qui-Tue n'avait pas encore dirigé son ikyak vers les îles aux phoques. « Peut-être ne connaît-il pas l'existence de ces îles », pensa Shuganan, et s'il attendait que l'un d'eux se montre dans la mer, il attendrait longtemps.
    Shuganan leva la tête et sourit. « Chagak va trouver le couteau, pensa-t-il. Elle le trouvera et je tuerai Homme-Qui-Tue. »
    17
    Chagak frotta ses chevilles et ses poignets endoloris, puis, s'accroupissant sur ses talons, elle enfonça la petite lame dans la sculpture et la glissa sous son suk. Il lui avait fallu presque toute la matinée pour couper les épais liens de babiche, mais elle était enfin libre.
    Pendant un moment elle resta immobile, repassant en esprit les objets qu'elle devait emporter : l'eau, l'huile, du poisson séché, des peaux de phoque tannées, son panier à couture, peut-être un panier de buccins, un rouleau de corde, des hameçons, le bola, des boyaux pour la canne à pêche, son couteau, de l'herbe sèche, des tapis d'herbe.
    Elle empila le tout au bas d'un tronc d'arbre avant de sortir. Elle se rendit sur la plage le cœur battant. Et si Homme-Qui-Tue était encore là? Et s'il attendait pour voir si elle essaierait de s'enfuir?
    Mais il n'y avait personne. La plage était grande et vide.
    Son ik était retourné sur un rocher, près de la cave de l'ikyak. Elle avait passé beaucoup de temps avec Shuganan à réparer son ik, remplaçant des morceaux de bois brisés et des peaux arrachées.
    Chagak fit courir ses mains sur le revêtement, en quête de tout indice de perforation. Une vague vint se briser sur les galets et se retira avec bruit. La plage était plus froide et le vent plus fort que sur l'île de son peuple.
    Chagak pensa à Shuganan. Il avait voulu qu'elle s'enfuie, autrement il ne lui aurait pas donné la statuette avec le couteau en obsidienne.
    Malgré tout elle avait peur pour lui. Que ferait Homme-Qui-Tue lorsqu'il découvrirait son évasion ? Mais elle avait vu le pouvoir que Shuganan exerçait sur cet homme. Il faudrait plus que sa fuite pour mettre la vie de Shuganan en danger. « Et je ramènerai mon grand-père », pensa-t-elle, et elle poursuivit à haute voix pour tout esprit qui pourrait se trouver là :
    — Je vais revenir avec mon grand-père et ses chasseurs. Ils sauveront Shuganan.
    Puis se souvenant du peu d'estime que son grand-père nourrissait à l'égard de ses petites-filles, elle se hâta de retourner à l'ulaq pour chercher ses provisions.
    — Ah! cria Homme-Qui-Tue et, levant sa pagaie, il désigna quelque chose de sombre dans l'eau.
    Shuganan s'efforça de regarder mais ne vit dans l'eau que ce qui pouvait être un morceau de bois ou bien un canard blanc et noir nageant au creux d'une vague.
    Homme-Qui-Tue se mit à pagayer avec vigueur, mais Shuganan laissa son ikyak ralentir considérablement son effort.
    — Tu pagaies comme une femme! cria
    Homme-Qui-Tue, en élevant la voix pour percer le fracas des flots.
    — Je suis vieux, répondit Shuganan en se souciant peu qu'Homme-Qui-Tue pût l'entendre.
    — Tu vas mourir si tu ne t'y prends pas mieux, hurla encore Homme-Qui-Tue dont les paroles furent apportées dans un coup de vent.
    Shuganan enfonça sa pagaie profondément dans l'eau, rapprochant ainsi son ikyak de l'autre, puis il plongea sa pagaie verticalement dans l'eau et, quand Homme-Qui-Tue voulut lancer son ikyak avec une forte poussée, le lien entre les deux embarcations se tendit et ramena brutalement celle d'Homme-Qui-Tue en arrière.
    — Vieillard stupide ! siffla-t-il.
    Mais Shuganan se contenta de hausser les épaules en répétant :
    — Je t'ai déjà dit que j'étais vieux.
    Et cette fois il cria assez fort pour être entendu. Peut-être aussi que si ce qu'Homme-Qui-Tue avait vu était un phoque, il entendrait également et prendrait conscience du danger.
    Ce qui flottait dans l'eau parut effectivement s'éloigner. Ce n'était pas un morceau de bois, pensa Shuganan. Il garda son ikyak derrière celui d'Homme-Qui-Tue, assez près pour être une gêne.
    — Il y en a deux, souffla Homme-Qui-Tue en baissant la voix.
    — Je ne t'entends pas, cria Shuganan, bien qu'il eût parfaitement entendu, et il éleva lui-même suffisamment la voix pour la porter au-dessus des vagues. Qu'as-tu dit ?
    — Tais-toi !
    — Est-ce un phoque ? cria encore Shuganan.
    — Mais tais-toi donc !
    Homme-Qui-Tue avait cessé de pagayer et avant que Shuganan ait pu arrêter son ikyak, il

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