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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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avaient dû tuer d'autres hommes.
    Oui, pensa encore Chagak, Homme-Qui-Tue ne méritait pas de vivre. Et le poids du couteau au fond de son suk la remplit d'un soudain sentiment de puissance.
    Elle s'agenouilla près de Shuganan et l'appela par son nom en s'efforçant de mettre toute sa volonté pour atteindre la compréhension du vieil homme. Pendant un moment il ouvrit les yeux, mais il ne dit rien et Chagak n'était pas sûre qu'il la vît.
    — Ne bouge pas, lui souffla-t-elle, je vais te ramener dans l'ulaq pour te soigner.
    Il referma les yeux et Chagak regarda Homme-Qui-Tue. A nouveau la pensée de son couteau caché lui redonna de la force.
    — Il faut le conduire dans l'ulaq, dit-elle, aide-moi à le transporter.
    Et bien qu'il ne comprît pas ses paroles, Homme-Qui-Tue s'avança vers elle. D'un geste, elle lui indiqua la robe et en prit une extrémité.
    Homme-Qui-Tue parla; des mots de colère. Il porta la main à la blessure de son visage. Chagak l'examina.
    — Je peux te soigner, dit-elle. Aide-moi seulement à porter Shuganan et je te soulagerai.
    D'une main elle fit le geste d'adoucir la plaie.
    Homme-Qui-Tue grogna et prit l'autre extrémité de la robe de Shuganan et ensemble ils portèrent celui-ci jusqu'à l'ulaq.
    Ils le déposèrent sur le côté de l'ulaq. Cela valait mieux, pensa Chagak. Dehors, les esprits de la maladie ne s'installeraient pas dans son corps.
    Elle écrasa de l'herbe sèche et du bois mort et en fit un tas. Puis elle grimpa sur l'ulaq après un bref regard en direction d'Homme-Qui-Tue. Il ne fit pas un geste pour l'arrêter. Elle descendit à l'intérieur, prit un paquet de feuilles de caribou caché dans la couture de son tablier et remplit plusieurs coupes en bois avec de la graisse. Elle prit aussi une lampe de chasseur qu'elle alluma et elle remonta en l'abritant du vent.
    D'abord elle commença par allumer un feu, soufflant sur la flamme jusqu'à ce que le bois se soit enflammé avant de retourner dans l'ulaq. Cette fois elle apporta un récipient contenant de l'huile et un autre de l'eau. Elle suspendit ce dernier sur un trépied posé sur le feu. Elle travaillait vite, s'assurant que les flammes ne touchaient pas le récipient au-delà du niveau de l'eau.
    Il était préférable de laisser le récipient à quelque distance du feu, de chauffer d'abord des pierres et de les jeter dans l'eau, de chauffer et réchauffer d'autres pierres et de les ajouter dans l'eau jusqu'à ce qu'elle se mette à bouillir. De cette façon les récipients à eau duraient plus longtemps. Lorsqu'ils étaient suspendus directe-ment au-dessus du feu, la couche extérieure de la peau était carbonisée et s'amincissait. Si la flamme dépassait le niveau d'eau, le récipient prenait feu. Mais Homme-Qui-Tue avait retenu Chagak trop longtemps, elle ne pouvait attendre davantage. De cette façon le médicament serait prêt plus rapidement.
    En attendant que l'eau boue, elle versa quelques feuilles de caribou dans l'un des bols en bois et les mélangea à de la graisse, en remuant la mixture entre ses doigts jusqu'à ce que le mélange soit bien réparti. Puis elle se pencha sur Shuganan et commença à lui passer cette pommade sur ses blessures, mais Homme-Qui-Tue vint se placer entre elle et le vieil homme et lui montra du doigt sa propre blessure.
    Chagak était furieuse. Qu'était 1 egratignure d'Homme-Qui-Tue comparée aux blessures de Shuganan? Mais elle passa néanmoins la mixture sur la joue d'Homme-Qui-Tue en s'efforçant de dissimuler la colère qui s'était emparée d'elle.
    Quand elle en eut terminé avec lui, elle retourna vers Shuganan et Homme-Qui-Tue n'essaya pas de l'en empêcher. Elle lava le sang qui maculait les cheveux blancs du vieil homme, puis elle recouvrit chaque blessure de l'onguent.
    Aucune plaie du visage ne nécessitait des points de suture et, bien que la blessure sur le crâne fût longue, elle n'était pas profonde. Sa mère lui avait dit un jour que les plaies sur la tête étaient difficiles à recoudre, la peau recouvrant le crâne était si tendue qu'il était délicat de rapprocher les deux bords. Aussi se contenta-t-elle de laver et de soigner la blessure.
    Quand elle eut terminé, l'eau bouillait. Chagak vida le reste du paquet de feuilles de caribou dans l'eau. Il fallait laisser bouillir le temps que Chagak compte le nombre de ses doigts et de ses orteils dix fois.
    Quand ce fut prêt, elle sortit la valeur d'un bol de liquide et le laissa refroidir.

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