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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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rectitude.
    Il n'y avait qu'une seule chose qui répondît à ces caractéristiques et en temps ordinaire elle n'aurait pas osé y toucher : la canne en os de baleine de Shuganan. Pendant un long moment, elle se contenta de chanter en regardant le bras, rendu pourpre par les contusions et courbé où il n'aurait pas dû l'être.
    Tout en chantant, elle déchira le chigadax de Shuganan en bandes assez longues pour faire le tour du bras. La canne de Shuganan était à l'intérieur de l'ulaq et, une nouvelle fois, elle dit à Homme-Qui-Tue qu'elle allait chercher quelque chose. Il se contenta de grogner et elle revint vivement avec la canne.
    Elle la posa contre le bras et enroula la première bande au-dessus de la cassure.
    Mais Homme-Qui-Tue s'agenouilla à côté d'elle et lui fit signe de tenir le bras de Shuganan à hauteur du coude, puis il saisit le poignet du vieil homme en marmonnant quelque chose. Bien qu'elle ne comprît pas ce qu'il disait, elle tint le bras avec force, se rappelant brusquement un détail important qu'elle avait oublié au cours de la cérémonie du shaman : la remise en place de l'os.
    Opérant une pression régulière, Homme-Qui-Tue tira.
    Shuganan poussa un cri et pendant un moment ouvrit les yeux. Homme-Qui-Tue ne relâcha pas son étreinte et fit signe à Chagak d'envelopper le bras.
    Elle enroula rapidement les bandes de cuir autour du bras et de la canne.
    Quand elle eut terminé, Homme-Qui-Tue souleva Shuganan comme s'il n'avait été qu'un enfant et le porta dans l'ulaq.
    20
    Chagak resta pendant deux jours dans l'ulaq au chevet de Shuganan. Elle ne sortait que le matin de bonne heure pour vider les ordures de la nuit et pour remplir une outre d'eau à la source près de la falaise.
    Le deuxième jour, Shuganan ouvrit les yeux plus souvent, sans parler. Il commençait à boire du bouillon à petites gorgées et il paraissait mieux respirer.
    Habituellement ils étaient seuls dans l'ulaq au cours de la journée, Homme-Qui-Tue se tenait dehors. Trop heureuse de son absence, Chagak ne perdait pas son temps à se demander ce qu'il pouvait faire.
    Le matin du troisième jour, pendant que celui-ci mangeait et que Chagak pansait les blessures de Shuganan, Homme-Qui-Tue s'adressa à elle. Il parla longtemps, faisant parfois des gestes en direction de Shuganan, parfois vers elle. Finalement il se leva pour aller chercher les deux peaux de phoque fraîches rangées devant l'ulaq.
    Quand il eut fini de parler, il attendit en regardant Chagak, jusqu'à ce que, mal à l'aise, elle finisse par dire :
    — Quand Shuganan ira mieux, je gratterai et nettoierai les peaux et je te ferai un vêtement de nuit.
    Mais Homme-Qui-Tue lui coupa la parole et avec un geste impatient lui désigna le trou du toit.
    — Veux-tu quelque chose de plus à manger? demanda-t-elle.
    Mais il la saisit par le bras en lui indiquant la sortie.
    Il enfila son chigadax et ramassa deux har-pons. Une peur soudaine étreignit la gorge de Chagak. Où avait-il l'intention de la conduire ?
    — Shuganan... commença-t-elle.
    Mais il la poussa en avant en éclatant de rire et en répétant sur un ton moqueur :
    — Shuganan ! Shuganan !
    Chagak sentit la tension monter dans sa voix et ne répondit pas.
    « J'ai donné à manger à Shuganan, j'ai pansé ses blessures, pensa-t-elle. Il peut rester seul sans danger. Il va dormir. »
    Elle fut éblouie par la clarté du jour. Le ciel était bleu. Un ciel sans nuages était rare, la plupart du temps il était voilé de brume toute la matinée. Depuis quand n'avait-elle pas vu de ciel aussi bleu? Avant l'arrivée d'Homme-Qui-Tue, avant qu'elle n'ait trouvé Shuganan. Puis elle se souvint. Le jour où sa mère lui avait offert son cadeau avait été sans nuages et chaud. Une belle journée juste avant... le feu... le carnage...
    Homme-Qui-Tue la saisit par la manche de son suk et la poussa en direction de la plage. Elle vit que son ikyak était près du ruisseau et qu'il avait attaché des sacs autour de la coque.
    — Attends, lui dit-il en poussant l'ikyak dans l'eau et en sautant dedans.
    Chagak fut surprise qu'il se soit exprimé dans sa langue. Mais elle attendit en remarquant pour la première fois que l'ikyak était différent, avec une plus large ouverture qui n'était plus ronde mais ovale.
    — Viens, dit-il en utilisant à nouveau le dialecte de Chagak.
    Elle hésita. Voulait-il la faire monter dans l'ikyak avec lui ?
    — Je viens? demanda-t-elle en désignant

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