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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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entouré d'eau, comme si elle, Shuganan, son fils et la baleine étaient les seules créatures en dehors de l'île et de l'eau.
    La cérémonie serait courte, lui avait dit Shuganan, et la fête serait célébrée un autre jour pour glorifier à la fois la cérémonie et le cadeau de la baleine.
    Quand le feu fut allumé, Shuganan entonna une chanson que Chagak ne connaissait pas, les paroles étaient dans la langue de Shuganan. Elle ne l'aurait pas voulu, mais elle n'avait pas le choix. Elle ignorait ce que son peuple chantait à ce genre de cérémonie en l'honneur d'un garçon. Dans son village, seuls les hommes et la mère de l'enfant étaient présents, bien que tout le village prît part aux réjouissances quand il s'agissait d'une petite fille. Il était donc normal que Shuganan chantât ce qu'il savait, car s'il n'y avait pas de chants de méchants esprits pourraient venir rôder en cherchant à voler son nom pour l'utiliser dans de mauvais desseins avant que l'enfant soit assez grand pour réclamer la protection de son nom.
    Chagak se rappelait les histoires que son père lui avait racontées à propos de la première cérémonie. En ce temps-là, il n'y avait qu'un homme et une femme et personne pour leur donner un nom. Et sans nom, ils n'avaient pas d'esprit. Quel esprit pourrait exister sans porter un nom ?
    Cet homme et cette femme virent qu'ils étaient différents des poissons. Ils n'avaient pas d'écaillés ni de nageoires. Ils n'avaient pas de fourrure et ne ressemblaient donc pas aux phoques ou aux loutres. Ils ne possédaient pas d'ailes ou de plumes comme les oiseaux. « Nous sommes une nouvelle race », dit l'homme, et il se mit à prier et à chanter, un hymne sacré, réclamant un nom. Il le fit jusqu'à ce qu'un nom leur fût donné. « Je suis l'Homme et tu es la Femme », dit-il à sa compagne. Ce fut la première cérémonie pour l'attribution d'un nom et depuis les noms furent reçus avec gratitude et selon un rite sacré.
    Chagak sentit le bébé remuer contre son ventre nu. Il était encore une partie d'elle-même, son esprit se joignait encore au sien autant que s'il était encore dans ses entrailles. Mais quand il aurait un nom, il serait séparé, il adopterait une nouvelle personnalité et un nouvel esprit serait né.
    Elle lui avait confectionné un vêtement avec des peaux d'eiders tués l'été précédent. C'était le cadeau qu'elle lui offrait pour cette fête. Shuganan avait sculpté un phoque qui devait être suspendu au-dessus de son berceau pour s'attirer les faveurs des esprits des phoques.
    La baleine était peut-être le présent envoyé par son peuple pour cette occasion. Chagak pensa à ceux qu'elle avait enterrés avec tant de peine. Mais pourquoi son peuple ferait-il un cadeau au fils d'un Petit Homme ?
    Le chant de Shuganan se termina. Le bois qui avait flambé, attisé par les paroles qu'il avait criées dans le vent, était maintenant tombé, comme si les flammes attendaient pour voir le bébé. Le bois craqua soudain et des étincelles jaillirent. Shuganan tendit les bras et Chagak détacha l'enfant pour le lui présenter.
    Le bébé était nu. Son petit corps rond, enduit avec de l'huile de phoque, luisait. Chagak pensa qu'il allait pleurer en sentant la fraîcheur du vent, mais il agita ses jambes et poussa de petits cris joyeux ressemblant aux rires des mouettes.
    Tandis que Shuganan tournait le visage de l'enfant dans les quatre directions du vent, le bébé se tint très droit, sans bouger la tête. Alors, Shuganan se leva et conduisit l'enfant jusqu'à la baleine et lui fit poser la main sur son flanc.
    Chagak regarda le vieil homme revenir près du feu en marchant sur les galets. Un malaise s'empara d'elle. Pourquoi avait-il fait ce geste? Son peuple n'était pas celui des Chasseurs de Baleines. Elle n'avait pas promis de prévenir son grand-père afin que son fils fût élevé selon leurs coutumes. Une peur soudaine l'envahit. Et s'ils réclamaient l'enfant? Et si son grand-père voulait le garder près de lui ? Comment pourrait-elle refuser, elle qui n'avait pas de mari ?
    Mais quand Shuganan lui rendit le bébé, Chagak repoussa ces sombres pensées. La baleine était un signe favorable, l'indication de la bienveillance d'Aka. En décidant de laisser la vie à son fils, elle avait fait le bon choix.
    Elle reprit son fils, il glissa dans ses bras facilement, comme si elle avait toujours été sa mère, comme s'il avait toujours été une partie

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