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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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s'installèrent à l'ombre de la baleine pour manger.
    Ensuite ils utilisèrent leur réserve de bois sec pour allumer deux grands feux, un à chaque extrémité de la plage. Quand les feux furent bien allumés et le bois réduit en charbon distillant suffisamment de chaleur, Chagak disposa des pierres sur le feu. Pendant qu'elles chauffaient, elle agrandit le foyer de cuisson à l'aide d'un bâton terminé par une pelle d'argile.
    Shuganan apporta de grands paniers et les posa sur les foyers. Chagak les remplit d'eau et de morceaux de graisse.
    Pendant que la jeune femme retournait à la baleine pour en découper d'autres morceaux, Shuganan retira des pierres chaudes du feu, les jeta dans les marmites et attendit que l'eau se mette à bouillir. Il enleva alors les pierres qui avaient refroidi à l'aide d'une épaisse branche recourbée et les remplaça par d'autres pierres chaudes jusqu'à ce qu'une épaisse couche de graisse se soit formée à la surface de chaque marmite.
    « Nous ne mourrons pas de faim cet hiver »,
    pensa Shuganan, et il se mit à chanter.
    *
    Le groupe de Kayugh était repaiti tôt le matin. Kayugh repoussait son chagrin avec chaque coup de pagaie et distança bientôt les embarcations de femmes plus lentes et, à midi, il avait même dépassé les ikyan de Longues Dents et d'Oiseau Gris. Tout en pagayant il se remémorait la crique, la localisation des falaises et de la plage, la couleur des rochers et la forme des lits de varech qui s'étendaient jusqu'au rivage.
    Quand il vit les falaises, la petite baie marquée par des groupes de gros rochers, il éprouva une soudaine excitation. C'était bien la plage qu'il avait trouvée la veille et c'était peut-être celle qu'avait prédite Petit Canard.
    Il pagaya plus vite, se glissant dans les eaux peu profondes de la baie. Puis il arrêta son embarcation. Une énorme baleine était étendue sur la plage.
    Il cligna des yeux, rit et ouvrit la bouche pour remercier la mer, mais il remarqua soudain que la baleine était partiellement dépecée. Son cœur se mit à battre plus vite et sa déception l'immobilisa un moment. Il ne pourrait réclamer cette plage pour son peuple, elle était déjà occupée.
    Le poids accumulé des soucis de Kayugh — ses nuits sans sommeil, passées à écouter son fils pleurer, la recherche d'une bonne terre — pesait sur lui et Kayugh avait l'impression qu'une main géante le précipitait dans la mer.
    Mais il réfléchit. Peut-être que ceux qui occupaient cette plage permettraient à leur petit groupe de rester quelques nuits pour se reposer, ramasser des racines et pêcher des oursins. Kayugh releva sa pagaie à la verticale dans l'eau en immobilisant son ikyak au milieu des vagues.
    Une baleine échouée était un grand cadeau, arrivant rarement à un village, mais, pour un tel présent, il y avait très peu d'activité sur la plage. Deux feux avaient été allumés, mais habituellement, toutes les femmes devraient travailler autour des foyers et les hommes s'activer pour enlever la graisse et découper la viande.
    Plus il regardait, plus Kayugh se demandait si cette plage appartenait à un peuple ou s'il ne s'agissait pas de quelques chasseurs qui, ayant trouvé cette baleine, s'étaient arrêtés pour dépecer l'animal. Mais il ne vit aucun ikyak, aucun signe d'abri temporaire.
    Soudain un vieil homme s'avança en boitant vers le milieu de la plage. Ses épaules étaient voûtées et il marchait en s'aidant d'une canne. Ce n'était pas un chasseur. Peut-être un shaman vivant seul? Avait-il appelé la baleine sur sa plage? Kayugh avait entendu dire que certains shamans possédaient de tels pouvoirs. Si cet homme était l'un d'eux, il pouvait détruire Kayugh et ses amis d'un seul geste de sa canne, il pourrait blesser sans utiliser de lance ou de harpon, il pourrait même tuer sans couteau.
    « Alors puis-je conduire mon peuple ici ? » se demanda Kayugh, et il entendit une voix quelque part qui répondait : « Non. » C'était impossible. Pourquoi faire courir ce risque à tout le monde ? Mais s'il allait seul à terre maintenant, le shaman pourrait le tuer et Longues Dents et les autres arriveraient sur cette plage sans se douter de rien et, s'ils venaient à terre, ils risquaient d'être tués, eux aussi.
    Avec des mouvements lents, aisés, Kayugh dirigea son ikyak dans le creux d'une vague et y resta jusqu'à ce qu'il puisse ramener son embarcation derrière les falaises et s'éloigner du rivage.
    *
    Chagak

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