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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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commentaire.
    — Notre abri est en haut des rochers, expliqua Amgigh cependant qu'ils marchaient. Mon père craignait qu'un campement plus près de la mer ne soit balayé.
    Samig hocha la tête sans un mot, l'esprit encore tourné vers Trois Poissons. Du moins notre mère n'aura-t-elle pas à coudre mon chigadax, pensa Samig, et elle aura une fille de plus pour dénicher des œufs, ramasser des baies, s'occuper des feux de cuisson et pour épointer les mèches des lampes à huile.
    Il secoua la tête, désireux d'oublier sa gêne, d'oublier la pitié dans les yeux d'Amgigh. Son frère avait changé en bien des petites choses. Ses paroles étaient plus assurées et ses pieds semblaient mieux plantés dans le sol quand il marchait. Peut-être son temps d'époux de Kiin lui avait-il apporté la confiance dont il avait besoin; peut-être sa période de séparation d'avec Samig l'avait-elle rendu plus convaincu de ses propres talents.
    Quand ils parvinrent en terrain plus élevé, Amgigh s'arrêta et se dirigea vers un affleurement rocheux. Des peaux de phoque pendaient à la roche et deux femmes se tenaient près d'un feu de cuisson.
    L'une des femmes toussa. Même à distance, Samig reconnut Chagak. L'autre femme était Coquille Bleue. Chagak paraissait plus petite que dans le souvenir de Samig et il remarqua que ses cheveux étaient maintenant striés de gris.
    Elle leva la tête vers eux tandis qu'ils approchaient et, soudain, ses yeux s'agrandirent. Elle serra ses mains sur sa poitrine et Samig courut à elle, se moquant de l'opinion des autres, l'étreignant comme l'avait fait Longues Dents avec lui, caressant ses cheveux, essuyant les larmes de ses joues.
    Entre rire et larmes, Chagak indiqua du doigt une pile de peaux. Samig vit le petit visage rond d'une petite fille qui lui souriait.
    — Mésange? s'enquit Samig.
    Chagak acquiesça d'un signe.
    L'enfant le regardait, un doigt dans la bouche, et Samig la souleva de terre, reconnaissant les traits de sa mère et ceux de son père réunis sur ce minuscule visage.
    — Petite sœur! s'exclama-t-il en la lançant en l'air.
    Mésange éclata de rire en s'accrochant à lui.
    Il l'installa sur son épaule et se tourna pour faire face à Coquille Bleue, sans parvenir à affronter son regard.
    — Je suis désolé pour ta fille..., commença-t-il.
    Il ne put poursuivre ; les mots restaient bloqués au fond de sa gorge.
    Coquille Bleue marmonna une réponse inaudible.
    Samig hocha la tête comme s'il avait compris.
    — Oiseau Gris dit que ton fils est en voyage de troc.
    — Oui, confirma Coquille Bleue. Oui. C'est un commerçant, maintenant.
    — As-tu trouvé ton ikyak? demanda Chagak.
    Samig reposa sa petite sœur sur son tas de peaux
    et répondit :
    — Oui, nous ne serions pas là si nous ne l'avions pas trouvé.
    — C'est ton père qui l'avait laissé là pour toi.
    Son père. Non, pas son père. Kayugh. Samig se
    rappela les ossements qu'il avait trouvés dans l'ulaq des morts, les osselets des pieds et des mains éparpillés comme si un commerçant les avait rassemblés avant de les lancer dans un jeu de hasard.
    Les rideaux de peau de phoque bougèrent. Nez Crochu rejoignit Chagak près du feu. A la vue de Samig, elle demeura bouche bée, puis murmura à Chagak :
    — Ce n'est pas un fantôme?
    Samig éclata de rire et s'avança vers elle, posant une main vigoureuse sur chacune de ses épaules.
    — Pas un fantôme, dit-il.
    Nez Crochu rit à son tour mais, à travers son rire, Samig vit les larmes briller. Nez Crochu dut détourner la tête et s'essuyer les yeux du revers du bras.
    Alors, Chagak s'écria :
    — Baie Rouge, j'ai besoin de toi !
    Samig porta son regard en direction des rideaux de peau de phoque et guetta sa sœur. Quand elle parut, Samig sourit. Elle était à nouveau enceinte, le renflement de son ventre commençant à incurver le mouvement de son tablier, son visage éclairé de ce rayonnement qu'était la beauté de la grossesse. Il y aurait des plaisanteries parmi les hommes, songea Samig. Deux bébés si rapprochés. Quand Premier Flocon trouvait-il le temps de chasser?
    Baie Rouge émit un petit cri puis, contrairement à Nez Crochu, ne tenta pas de dissimuler ses larmes. Et si, en tant que sœur, elle ne pouvait ni lui tendre les mains, ni le tenir dans ses bras, elle serra ses doigts sur son ventre arrondi et se berça. Une fois ses larmes taries, elle parvint à chuchoter :
    — Je suis heureuse que tu sois de retour à

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