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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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trouvé ma baleine sur la plage, répondit Samig.
    Kayugh rit.
    — Lorsque Aka sera calmée, nous rentrerons et tu nous enseigneras. Tu as été un bon fils pour moi, s'exclama Kayugh en serrant l'épaule de Samig.
    C'était plus que Samig avait jamais espéré entendre et il s'aperçut qu'il était incapable de parler. Dans la grotte, le silence n'était brisé que par le faible souffle de Petit Canard.
    — Je suis désolé pour Kiin, dit soudain Kayugh.
    — Oui.

Le chagrin de la mort resurgit dans la poitrine de Samig, dur et fort. Bientôt, chaque respiration lui devint pénible.
    — Amgigh... ce doit être terrible pour Amgigh, poursuivit Samig.
    Il se tourna et vit que les yeux de Kayugh étaient fichés, tel un aimant sur les siens, les retenant si bien qu'il ne pouvait regarder ailleurs.
    — C'est plus difficile pour toi, dit Kayugh. Je l'ai promise pour Amgigh parce que c'était mon enfant et pas toi, commença-t-il en serrant et desserrant les mains. Je ne savais pas alors que ta mère deviendrait ma femme et que tu deviendrais mon fils. Et j'ignorais combien profonds seraient tes sentiments pour Kiin.
    Le visage de Samig s'empourpra.
    — Amgigh fut un bon époux pour elle, bafouilla-t-il.
    — C'est un homme bien. Un bon fils. Mais par certains côtés... Il est attentif, mais..., fit Kayugh en haussant les épaules... je ne t'ai jamais parlé de la mère d'Amgigh.
    Samig était stupéfait. On parlait rarement de la mort, sauf pour annoncer un décès. Et même alors, on choisissait ses mots avec soin. Qui pouvait dire ce dont était capable l'esprit d'un défunt ?
    — Elle s'appelait Blanche Rivière. C'était une femme bonne. Vigoureuse. Elle m'a donné Baie Rouge et Amgigh. Deux bons enfants. Quand elle est morte, je ne voulais plus vivre. Je ne croyais pas qu'un homme pouvait avoir plus de sentiments pour une femme que j'en avais pour Blanche Rivière. Puis j'ai rencontré ta mère. Et quand elle a pris Amgigh et l'a nourri afin qu'il vive... Je ne connais pas le moyen de dire à quel point je tiens à elle.
    Sous le choc, Samig fixait Kayugh. Qui sait véritablement ce qu'il y a dans le cœur d'un homme ?
    — Kiin était pour Amgigh ce que Blanche Rivière était pour moi. Mais pour toi, Kiin...
    Il s'interrompit un moment avant de poursuivre :
    — Tu vois, je comprends parce que j'ai ta mère.
    Samig hocha la tête et Kayugh enchaîna :
    — J'avais prévu de partir avec toi cet été pour t'aider à trouver une épouse, une femme des Premiers Hommes ou peut-être des Chasseurs de
    Morses. J'ignorais que tu ramènerais une épouse Chasseur de Baleines.
    Samig se mordit l'intérieur des joues. Une épouse — Trois Poissons avait toujours constitué une gêne et ici, au milieu de son peuple, c'était bien pis. Une épouse ! Autant vivre seul. Mais il sourit à son père, d'un sourire contraint.
    — Oui, j'ai une épouse résistante et pleine de santé.
    54
    Avec un sourire dédaigneux, Cheveux Jaunes lança un morceau de poisson séché à Qakan. Le poisson atterrit avec un bruit sourd sur le rideau qui séparait leur partie de l'ulaq de celle de Chasseur de Glace.
    Qakan regarda sa femme avec dégoût. Ses cheveux étaient emmêlés et sa peau marquée de suie. Hormis la première fois qu'il l'avait vue, quand elle dansait, aidant le Corbeau à tricher pour obtenir davantage de marchandises de Qakan, elle avait toujours été sale. Ses cheveux étaient crasseux et souillés de graisse rance, ses tabliers d'herbe effilochés. Leur chambre ne valait guère mieux. La mère de Chasseur de Glace, celle que les Chasseurs de Morses appelaient grand-mère, avait d'abord réprimandé Qakan de ne pas obliger son épouse à mieux tenir l'ulaq. Plus tard, peut-être quand elle s'aperçut que Qakan était impuissant à contrôler son épouse, elle parla à Cheveux Jaunes, lui faisant honte de jeter les restes de nourriture qui jonchaient le sol.
    Aujourd'hui, grand-mère leur avait rendu visite et avait crié à Cheveux Jaunes :
    — Ta crasse empuantit la moitié de l'ulaq qui est à mon fils.
    Le cou de la vieille femme s étirait, long et mince, sa voix montait en cri aigu tandis qu'elle évoquait la paresse de Cheveux Jaunes et Chasseur de Glace qui était assez bon pour permettre à un commerçant de passer l'hiver chez lui.
    Elle n'avait pas un regard pour Qakan, ne lui offrait pas la courtoisie de reconnaître sa présence, et Qakan ne savait ce qui lui causait la plus grande honte :

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