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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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caressa les flancs, frotta ses doigts sur la peau drue de lion de mer. Oui, c'était un bon ikyak, costaud, de bonne facture.
    — Frère, dit-il dans l'espoir que le bateau l'entendrait, percevrait le lien.
    Qui pouvait dire ce que l'ikyak ferait s'il savait que Samig ne songeait qu'à retrouver ses autres bateaux ?
    — Frère.
    L'eau passait par-dessus bord et Samig tendit son tube d'écopage à Petit Couteau. L'enfant pagayait d'une main et, de l'autre, récupérait l'eau qu'il rejetait à la mer.
    Samig savait que les petites îles étaient non loin vers l'est, où il avait chassé le phoque, excellents endroits pour les œufs d'oiseaux.
    — Il y a une petite île, hurla-t-il à Petit Couteau. Nous allons nous y rendre.
    Mais le bruit de la mer noya ses paroles et il finit par indiquer d'un geste un endroit à l'est, songeant qu'il aurait dû confier l'ikyak à Petit Couteau car lui, Samig, était plus fort et plus à même de manier l'ik.
    Le jour s'éternisait. Les vagues les repoussaient vers la terre et ils luttaient pour avancer contre le vent. Samig avait les épaules douloureuses et sa gorge le brûlait. L'écume salée lui piquait les lèvres et la langue. Pourtant, je suis un chasseur, songea-t-il. Que dire de Petit Couteau, qui n'est qu'un enfant, et de Trois Poissons, qui n'est qu'une femme? Il ferma les yeux et tira encore sur sa pagaie. Nous aurions dû rester, pensa-t-il. Je leur avais bien dit. Aka se serait calmée. Nous aurions pu voyager facilement en des mers calmes.
    — Je n'en peux plus ! fit la voix de Trois Poissons qui perça le grondement des vagues, faisant s'ouvrir les yeux de Samig.
    La femme s'était écroulée dans l'ik et sa pagaie s'enfonçait dans l'eau.
    — Ne perds pas ta pagaie! s'écria-t-il, étonné de n'éprouver aucune colère, seulement du désespoir.
    Mais Petit Couteau se retourna.
    — Repose-toi. Je vais pagayer.
    Samig eut honte de sa propre faiblesse.
    — Une île, bientôt! s'exclama-t-il, espérant que l'enfant l'avait entendu.
    Samig avait perdu la faible lumière du soleil brillant derrière le gris du brouillard et il ne savait combien de temps s'était écoulé. Dangereux. Folie. Quel chasseur permet-il qu'une telle chose se produise ? Mais les marées et le soleil semblaient s'être ligués pour l'abandonner, chacun se comportant comme si lui aussi avait oublié sa place.
    Samig continua de ramer, répétant le même geste tant et tant que ses bras semblaient agir de leur seule volonté. Il s'aperçut que Trois Poissons ne pagayait plus, sa force supérieure à celle du garçon faisant désormais virer les bateaux. Il leva donc les bras et plongea sa rame moins profond afin d'accorder ses gestes à ceux de Petit Couteau.
    Il scrutait la surface de l'eau à la recherche d'un changement de nuance indiquant qu'ils approchaient de la terre, mais la cendre en suspension altérait toute couleur, et la première différence qu'il remarqua fut l'allure des vagues qui se chevauchaient à un rythme saccadé.
    — L'eau change, s'écria Petit Couteau à Samig qui s'émerveilla devant son sens de l'observation.
    — Nous approchons de l'île, confirma Samig. Trois Poissons doit pagayer.
    La femme obéit, et Samig put à nouveau ramer plus efficacement.
    Le versant sud de l'île comportait une plage de graviers et quelques rochers, aussi Samig fit-il signe à Petit Couteau de tourner l'embarcation de ce côté. Samig se reposa les quelques instants nécessaires à la manœuvre.
    L'ikyak était suffisamment proche pour que Samig distingue le rivage. Ils pagayèrent plus doucement, Samig utilisant sa pagaie pour écumer la cendre à la surface de l'eau tandis que ses yeux scrutaient les rochers qui risqueraient de déchirer les peaux des coques des bateaux. Il aperçut du mouvement sur le rivage mais se concentrait trop sur sa manœuvre pour s'en inquiéter.
    Des phoques, se dit-il. Nous aurons de la viande.
    Les vagues portèrent les embarcations en direction de la pointe rocheuse qui protégeait la plage. Samig dénoua le couteau fixé au haut de l'ikyak et, immobilisant l'esquif à l'aide de sa pagaie, appela Petit Couteau.
    — Je vais trancher les liens. Maintenant!
    D'un bond, l'ik s'écarta de l'ikyak. Petit Couteau et Trois Poissons pagayaient à présent en symétrie. Samig demeura légèrement en arrière pendant que l'ik contournait la pointe de la crique. Il était pris par les vagues et glissait en douceur vers la plage. Samig poussa sa propre

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