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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Qakan se raidit, et entra le dos bien droit dans sa partie de l'ulaq. Cheveux Jaunes n'avait pas lissé la mèche de la lampe à huile et l'éclairage était faible. Qakan ne distingua d'abord que le tas de fourrures sur le lit plate-forme. Il ferma les yeux pour les ajuster à l'obscurité. Puis il vit la couleur claire des cheveux de sa femme. Ainsi, elle donnait au milieu de la journée. Pas étonnant qu'il n'ait rien à manger. Pas étonnant que son parka soit en piteux état et que la fourrure en soit maculée de vieille graisse.
    Il s'avança vers la plate-forme, tendit le bras et la saisit par les cheveux. Au même instant, une main sortit des fourrures, une main d'homme, qui s'empara de son poignet. Qakan réprima un cri, entendit le rire de Cheveux Jaunes et un rire plus grave — un rire d'homme. Puis Cheveux Jaunes fut debout à côté de lui, ses tabliers d'herbe en désordre. Allongé parmi les fourrures, le Corbeau, enserrant le poignet de Qakan qui commença à pleurnicher de douleur.
    — Tu as une belle épouse, siffla le Corbeau.
    Il lâcha Qakan et se leva à son tour. Fouillant sous les fourrures, il trouva ses jambières et son parka qu'il enfila. Il referma doucement la main sur un sein de Cheveux Jaunes.
    — Elle est prête pour toi, ricana-t-il en repoussant Qakan qui trébucha sur le tas de fourrures.
    Le Corbeau s'en alla.
    Cheveux Jaunes se tenait debout au-dessus de Qakan. Elle riait. Elle lui caressa la jambe mais il se leva et repoussa sa main d'une claque.
    — Tu n'es pas ma femme, dit-il, rageur. Sors de mon ulaq. Tu n'es la femme de personne. Tu n'appartiens à personne. Sors! Sors! Je n'ai pas besoin de toi. Un commerçant possède de nombreuses femmes. Autant qu'il en veut.
    Cheveux Jaunes écarquilla les yeux. Qakan crut un instant qu'elle avait peur, mais elle hurla de rire. Pliée en deux, elle retenait son rire dans son ventre à deux mains. Mais aussi vite qu'elle avait commencé à rire, elle cessa, et entreprit de rassembler ses affaires, fourrures, paniers et nourriture.
    Qakan l'observa un temps, puis brusquement, la colère l'envahit tout entier, de sa poitrine à ses bras et ses mains. Il courut à sa cache d'armes et tira une lance.
    Cheveux Jaunes était à genoux, dos tourné, bourrant ses paniers de tout ce qui se trouvait pêle-mêle près de la réserve de nourriture. Qakan avança de deux pas. Cheveux Jaunes se retourna et cria. Qakan s'arrêta, lance à la main, prêt à frapper.
    Les yeux de Cheveux Jaunes se rétrécirent. Elle rejeta la tête en arrière et éclata de rire.
    — Tue-moi. Tu es incapable de lancer correctement. Tu n'es pas un chasseur. Tue-moi.
    Elle se releva et tendit les mains. Qakan baissa son arme. Cheveux Jaunes sourit, puis se détourna de lui, revenant à sa pile de paniers. Elle travailla un moment à emballer ses affaires, puis avec un petit rire elle lui fit de nouveau face et lui cracha au visage, l'atteignant à l'œil.
    Qakan s'essuya en frémissant. Le rire de Cheveux Jaunes emplissait l'ulaq. Qakan pivota sur lui-même. Mais ce faisant, vite, vite, aussi vite que se déplaçait Samig, il leva la lance. Il la projeta — aussi fort que lançait Longues Dents.
    Le rire de Cheveux Jaunes s'arrêta net, comme s'il rentrait dans sa gorge.
    En lançant son javelot, Qakan avait fermé les yeux. Maintenant, il les rouvrait. Cheveux Jaunes était debout, mais la lance saillait entre ses seins. Le sang formait déjà une mare à ses pieds. Elle s'écroula.
    Qakan regarda les yeux de la femme rouler jusqu'à ce qu'il ne voie plus que le blanc sous les paupières. Elle émit un faible souffle, puis ne bougea plus.
    Il s'avança jusqu'à son épouse, retira sa javeline puis se pencha et écarta les paniers pour qu'ils ne soient pas tachés de sang. Ils n'étaient pas aussi beaux que les paniers de Chagak ou même ceux de Kiin, mais ils pourraient toujours s'échanger contre quelque chose.
    Il entreprit d'empaqueter les fourrures du lit, les nattes, le peu de nourriture restante. Quand il eut fini, il se tint à nouveau debout au-dessus de Cheveux Jaunes. Il attendit un long moment afin de s'assurer qu'elle ne respirait plus. Non, non. Il se pencha, prenant garde que son parka ne touche pas sa chair morte. Il dénoua les colliers de son cou. L'un était un collier de coquillages, l'autre une dent d'ours, le troisième une lanière de cuir contenant une des sculptures de morse de Kiin.
    Il obtiendrait un bon prix de chaque.
    Alors, il se

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