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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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murmuré sa mère.
    Les mots avaient tellement surpris la fille de Coquille Bleue qu'elle n'avait pas répondu, se contentant de regarder sa mère rejoindre les autres sur la plage. Elle se demandait si les autres remar-queraient sa métamorphose de fille laide en belle jeune femme.
    Kayugh leva le bras et la fille de Coquille Bleue releva la tête. Elle se dirigea lentement vers la plage. Tandis qu'elle approchait du cercle des gens, elle vit un espace pour elle entre son père et Kayugh.
    Elle sentit les muscles de ses épaules se tendre comme chaque fois qu'elle était près de son père. Puis soudain ce fut comme si quelqu'un lui parlait et lui disait « Tu es une femme » ; c'est à cet instant qu'elle leva les yeux et s'aperçut que Samig la regardait. Il n'était pas aussi grand que son père mais ses épaules étaient larges et fortes. Il avait de hautes pommettes et ses yeux étaient noirs comme des plumes de cormoran. Il sourit, et la fille de Coquille Bleue écarquilla les yeux. La cérémonie était une chose solennelle. Personne, lui avait expliqué sa mère, n'était supposé sourire, mais elle irradiait de bonheur et dut détourner le regard pour ne pas sourire à son tour.
    — As-tu des présents? entendit-elle Kayugh demander.
    Elle comprit alors que la cérémonie avait commencé.
    Coquille Bleue s'avança et déposa sur le sable au centre du cercle les ceintures que sa fille avait confectionnées.
    Tandis que sa mère étalait chaque ceinture sur toute sa longueur, les femmes émirent de petits cris approbateurs. La fille de Coquille Bleue eut beau se dire que c'était sans doute la coutume lors de chaque cérémonie de nouvelle femme, l'admiration qu'elles témoignèrent à la vue de son ouvrage l'emplit de joie.
    Sa mère recula pour retrouver sa place dans le cercle. Alors, Kayugh reprit la parole :
    — Nous sommes venus pour procéder à la cérémonie de nouvelle femme, déclara-t-il, mais ton père a demandé que nous procédions pour toi à la cérémonie au cours de laquelle tu recevras un nom.
    La fille de Coquille Bleue se tourna vers son père. Il se tenait raide et regardait droit devant lui comme si elle n'était pas là.
    Kayugh posa ses mains sur sa tête.
    — Ton père dit...
    Il s'interrompit et s eclaircit la gorge. Il ferma les yeux et, pendant un instant, la fille de Coquille Bleue crut le voir serrer les dents. Mais il leva bientôt les yeux vers le ciel et reprit :
    — Ton père dit que ton nom est Kiin.
    La fille de Coquille Bleue sentit le rouge et la chaleur lui monter au front. Son père avait choisi de la nommer Kiin. Kiin, un nom qui était une question — Qui? Ainsi, elle serait encore non reconnue, une fille, une femme, mais une étrangère.
    Il y eut la moiteur d'une autre main sur sa tête, la main de son père.
    — Tu es Kiin, dit Kayugh en se penchant pour le répéter à son oreille.
    Entendant de nouveau son nom, la fille de Coquille Bleue fut soudain envahie par la colère. Elle aurait voulu que son père soit un homme tel que Kayugh, capable, malgré la haine qu'il portait à sa fille, de lui choisir un nom qui soit un vrai nom.
    Pourtant, la joie de l'instant s'empara d'elle. Elle allait bientôt prendre sa place en tant que femme des Premiers Hommes et, plus important, on lui avait attribué un nom. Peu importe si celui-ci était insultant, il lui permettait de revendiquer une âme.
    Il n'y avait pas de chaman au village, c'est donc Kayugh qui officiait en tant que chef des chasseurs. Il entonnait maintenant un chant, fait de mots qu'elle ne comprenait pas. Elle se tenait droite, tête inclinée sous le poids des mains des deux hommes.
    Puis elle sentit que Kayugh glissait quelque chose par-dessus sa tête. Elle baissa les yeux et vit une petite bourse suspendue à une lanière. C'était une amulette. Elle savait qu'il contenait la pierre sacrée des Premiers Hommes, l'obsidienne.
    Elle comprit à nouveau que, désormais, elle possédait un esprit. J'ai une âme. Elle sentit quelque chose bouger dans sa poitrine, qui bruissait comme le vent. Cela l'emplissait et se faufilait jusqu'au fond d'elle-même. Kayugh acheva le chant, et Oiseau Gris ôta ses mains de la tête de la jeune fille.
    Kiin leva les yeux en direction des gens formant le cercle et se vit comme l'un d'eux. La joie la souleva de terre et, quand sa mère s'avança jusqu'au centre de la ronde, Kiin faillit oublier de l'y rejoindre.
    Kayugh lui effleura le bras et Kiin se rappela

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