Ma soeur la lune
ébranlé par ces mots. Elle avait donné Takha au vent? Son fils, sans lui en parler, sans...
Alors, Kiin releva son suk et prit Shuku. Elle s'adressa au Corbeau dans la langue Morse, puis, comme si elle continuait de lui parler, s'exprima dans celle des Premiers Hommes :
— C'est ton fils, mais ce n'est plus Shuku. C'est Amgigh.
Et Samig vit la colère sur le visage du Corbeau, ses yeux s'obscurcir, devenir aussi noirs que l'obsidienne la plus noire. Kiin ne cilla pas, ne frémit pas, même lorsque l'homme leva une main pour la frapper.
— Frappe donc, dit Kiin au Corbeau. Montre-leur qu'un chaman ne possède que le pouvoir de la colère contre sa femme, le pouvoir de ses mains, le pouvoir de son couteau.
Puis elle ajouta dans un quasi-murmure :
— Un homme n'a pas besoin d'un esprit puissant quand il a le plus gros couteau, un couteau volé.
Alors, le Corbeau jeta à terre le couteau d'obsidienne. Kiin le ramassa, se dirigea vers Samig et plaça le couteau dans sa main gauche. Ses yeux se plantèrent dans ceux de Samig et il lut la douleur.
— Toujours, murmure-t-elle, toujours je serai ta femme.
Le Corbeau fit signe aux hommes qui l'accompagnaient. L'un ramassa les sculptures de Kiin; un autre mit l'ik du Corbeau à l'eau.
— Nous ne reviendrons pas sur cette plage, marmonna le Corbeau.
Mais Kiin se pencha et ramassa une poignée de petits galets. Une fois encore, elle regarda Samig, puis elle se détourna, suivit le Corbeau dans l'ik et y grimpa tandis qu'il le poussait dans la mer.
Samig porta sa main blessée au collier que Kiin lui avait donné. Les perles de coquillages étaient encore chaudes de la chaleur de son cou. Il regarda l'ik du Corbeau rapetisser sur l'eau, regarda dans l'espoir que Kiin se retournerait une dernière fois, mais une part de son esprit savait qu'elle n'en ferait rien.
Il baissa sa main blessée. Du sang s'échappait de la peau de phoque et ses doigts étaient toujours refermés sur le couteau du chasseur Morse à la lame émoussée. Dans sa main gauche, le couteau d'obsidienne d'Amgigh, marqué du sang d'Amgigh.
Chagak et Nez Crochu étaient sur la plage, sa mère agenouillée près d'Amgigh, berçant la tête d'Amgigh sur ses genoux, son chant s'élevant en signe de deuil. Trois Poissons était là, elle aussi, le visage strié de larmes.
— Il a pris Kiin? demanda-t-elle.
Elle essuya ses yeux au revers de sa manche et entama elle aussi un chant funèbre, venu des Chasseurs de Baleines, différent de la mélopée de Chagak.
Samig s'éloigna. Il avait besoin d'être seul, loin des bruits du deuil, loin du spectacle de son frère, du chagrin de sa mère. Mais Trois Poissons le suivit, sans cesser de chanter de sa voix rauque.
Elle tendit brusquement les mains et Samig baissa les yeux. Dans les bras de Trois Poissons, se lovait le fils qu'il avait eu avec Kiin. Le bébé regardait dans les yeux de Samig qui ressentit soudain un pouvoir semblable au pouvoir des vagues, esprit à esprit.
Il lâcha le couteau d'Amgigh et tendit les bras. La main du bébé se referma sur les doigts de Samig, d'une prise bien ferme. Les chants funèbres s'élevaient autour d'eux. Mais n'étaient pas assez puissants pour couvrir le grondement de la mer.
REMERCIEMENTS
Ma sœur la lune est fondé sur des recherches approfondies mais, comme toute œuvre de fiction, elle repose sur mon interprétation des faits et ne reflète pas nécessairement l'opinion des experts qui m'ont si généreusement accordé de leur temps et de leur savoir dans ce projet.
Ma gratitude s'adresse tout particulièrement à ceux qui ont lu Ma sœur la lune dans ses diverses versions manuscrites : mon mari, Neil ; mes parents, Pat et Bob McHaney; mon grand-père, Bob McHaney, Sr. ; mon amie Linda Hudson. Je remercie également Neil pour son travail informatique sur les cartes et la généalogie de l'ouvrage.
Un sincère remerciement à mon agent Rhoda Weyr, femme d'affaires sagace et, de surcroît, lectrice attentive et avisée ; à mes éditeurs, Shaye Are-heart et Maggie Lichota pour leur travail méticuleux.
Je ne pourrai exprimer à sa juste mesure ma gratitude envers le Dr William Laughlin, qui continue de soutenir mon travail par le matériau et les encouragements qu'il me procure.
Un remerciement tout spécial à Mike Livingston qui a mis à ma disposition sa bibliothèque complète sur son peuple, les Aleut. Sans lui, je n'aurais jamais pu me procurer la plupart de ces ouvrages, épuisés
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