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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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répondit Samig.
    Mais, dans son esprit, il revoyait déjà les nombreuses fois où Kayugh avait semblé lui préférer Amgigh, les fois où Samig avait gagné des courses ou rapporté le plus gros poisson mais où Amgigh recevait les félicitations.
    Kayugh hocha la tête.
    — Alors, apprends à chasser. Apprends à chasser la baleine et reviens l'enseigner à Amgigh.
    17
    Quand son père et Samig regagnèrent l'ulaq de Nombreuses Baleines, Amgigh grimpa en haut de la demeure et attendit, les yeux rivés sur la mer. Nombreuses Baleines — grand-père de la mère d'Amgigh et chef des chasseurs de cette tribu —, pourquoi avait-il préféré Samig à Amgigh? Ou bien était-ce Kayugh qui avait choisi? Quels étaient ces secrets confiés à Samig et qu'Amgigh ne pouvait entendre ?
    Nombreuses Baleines s'était déjà rendu au village des Premiers Hommes, mais il n'avait jamais eu l'air d'un grand-père. Il ne témoignait pas le moindre intérêt à Samig ou à Amgigh, se contentant d'un signe de tête à chaque enfant, demandant simplement s'ils avaient pris leur premier lion de mer. Que le vieil homme pose donc la question maintenant. Amgigh avait pris lion de mer et femme. Les deux.
    Trois jeunes femmes marchaient lentement autour de l'ulaq de Nombreuses Baleines. Deux étaient presque belles, pas aussi belles que Kiin, mais, se dit Amgigh, ce ne serait pas épouvantable de passer la nuit avec. La troisième était aussi grande qu'un homme, son visage était sale et ses dents de devant déchiquetées se réduisaient à des chicots. Des trois, c'était elle qui parlait le plus fort et, quand elle surprit le regard d'Amgigh sur elle, elle ôta son suk de fourrure de loutre, agita le devant de son tablier et gloussa sottement.
    Amgigh attendit que les trois filles aient disparu derrière l'ulaq de Nombreuses Baleines, se glissa en bas du toit incliné et marcha en direction de la plage. Les hommes réparaient leurs ikyan et les femmes cherchaient des racines. Amgigh alla jusqu'à son canoë, passa les doigts sur les coutures et la pièce en peau de lion marin que sa mère avait cousue sur un endroit trop fin près de la contre-quille. Il graissa les coutures et les peaux puis, cela fait, prit le paquet de couteaux rangé dans l'ikyak. Il trouva un endroit plat sur la plage, étendit une peau de phoque sur laquelle il disposa les lames de couteaux et les pointes de lances en cercle, pointes vers l'extérieur. Il s'assit, posa un épais morceau de peau de phoque sur sa cuisse gauche et enveloppa sa main gauche d'une lanière de peau de lion de mer. Enfin, il prit son poinçon dans son panier et entreprit de repolir un couteau émoussé.
    Il ne leva pas les yeux quand les Chasseurs de Baleines commencèrent à se rassembler; il ne leva pas les yeux pour manifester qu'il ne perdait rien de leurs commentaires ni de leurs offres d'échange. Oui, ils lui donneraient de l'huile de baleine, des fourrures, des nuits avec leurs filles. Qu'ils regrettent le choix de Nombreuses Baleines; qu'ils regrettent que le vieil homme n'ait pas choisi l'autre petit-fils, le petit-fils qui pouvait fabriquer les plus belles lames qu'ils avaient jamais vues.
    C'est alors qu'il entendit la voix de son père et celle de Samig. Samig se fraya un chemin parmi les Chasseurs de Baleines et s'arrêta près de lui. Il posa une main possessive sur l'épaule d'Amgigh. Amgigh leva les yeux vers son frère. Il s'arrêta pour lancer le couteau d'obsidienne enveloppé dans les mains de Samig et sourit tandis que Samig le déballait, tandis que Samig le brandissait pour que les Chasseurs de Baleines puissent l'admirer.
    Puis Samig s'accroupit à côté d'Amgigh et posa la main sur son bras.
    — C'est trop beau. C'est à toi qu'il devrait appartenir, pas à moi.
    — J'ai le même, répondit Amgigh sans pouvoir le regarder dans les yeux.
    Puis il se tourna vers les Chasseurs de Baleines.
    — Fourrures de loutres et colliers, déclara-t-il. C'est contre cela que j'échangerai mes lames.
    Puis, coulant à Samig un regard en coin, Amgigh ajouta :
    — Il me faut des présents à rapporter à mon épouse, qui est si belle.
    18
    Kiin s'éveilla de bonne heure et se rendit aux rochers de varech pour pêcher des menhadens. Elle en prit trois dont l'un était long comme son avant-bras. Elle les nettoya et les ouvrit, puis se dirigea vers la pierre de cuisson de Chagak. Elle avait fait démarrer un feu avant d'aller pêcher, si bien que la pierre était chaude.

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