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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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ikyak, se démenait à l'aide de ses dents et d'une main.
    — La prochaine vague te conduira droit aux rochers, avertit quelqu'un en lui tendant un couteau.
    Samig trancha le nœud et sortit de l'ikyak, le soulevant avant qu'il ne soit frappé par la vague.
    — Tu es rapide, Samig, dit l'homme.
    Levant les yeux, Samig reconnut Phoque Mourant, un chasseur qui s'était rendu plusieurs fois au village pour faire du troc.
    Samig s'étonna que Phoque Mourant n'ait pas oublié son nom, mais il sourit et répondit :
    — Seulement avec les nœuds.
    Phoque Mourant éclata de rire. Comme tous ceux de sa tribu, il était large d'épaules et court de jambes, mais, contrairement aux autres, ce n'était pas un vantard. Quand les Chasseurs de Baleines venaient chez les Premiers Hommes pour du négoce, il y avait toujours une fête, toujours l'heure des récits; les histoires de Phoque Mourant évoquaient immanquablement l'habileté des autres chasseurs, jamais la sienne. Pourtant, chacun connaissait son adresse à l'ikyak et au harpon.
    — Tu es venu faire du troc? s'enquit Phoque Mourant.
    — Non. Oui. Une autre sorte de troc.
    Samig porta son ikyak en haut de la plage et le posa à côté de celui de son père. Kayugh et Amgigh parlaient à un chasseur qui venait parfois commercer au village des Premiers Hommes. Il s'appelait Roc Dur. Phoque Mourant se joignit à eux, mais Samig s'agenouilla pour inspecter le fond et les flancs de son bateau. Que les Chasseurs de Baleines s'aperçoivent qu'il attachait plus de prix à son ikyak qu'à des bavardages sur le temps et la mer. Il aurait de nombreux jours pour leur parler. Pourquoi écouter maintenant?
    Tandis que Samig passait les doigts sur son ikyak, le vent porta à ses oreilles les paroles de Roc Dur :
    — Nombreuses Baleines est vieux. Il est probablement endormi.
    — Il est toujours votre chef? demanda Kayugh.
    Roc Dur ricana.
    — Oui. C'est notre chef, répondit Phoque Mourant.
    — J'ai besoin de lui parler. J'ai amené son petit-fils. Nombreuses Baleines veut qu'il apprenne à chasser la baleine.
    Une fois encore, Roc Dur ricana et, de la pointe du menton, désigna Amgigh puis Samig avant de demander :
    — Lequel des deux garçons appartient à Nombreuses Baleines?
    Samig se leva.
    — Nous sommes des chasseurs. Nous n'appartenons qu'à nous-mêmes.
    Alors, regardant son père, il s'aperçut qu'il serrait les mâchoires et pinçait les lèvres.
    — Samig est venu apprendre vos méthodes, déclara Kayugh. Amgigh doit rester avec nous. Nous ne pouvons abandonner deux de nos chasseurs.
    Roc Dur étudia Samig. Les yeux de l'homme étaient lourds, sombres, comme deux petites pierres noires.
    — Viens, dit Phoque Mourant à Kayugh.
    Il fit également signe à Samig et Amgigh.
    Phoque Mourant les conduisit dans le premier
    long ulaq. Il grimpa en haut et dit à Kayugh :
    — Attends.
    Samig se tourna pour constater que Roc Dur était resté accroupi près des ikyan, le mépris au visage. Samig regarda alors son père, mais les yeux de Kayugh étaient posés sur la ligne d'ulas qui constituaient le village des Chasseurs de Baleines. Il y en avait huit en tout, avait expliqué Kayugh, mais Samig n'en comptait que sept qui formaient une ligne entre les collines et la plage, comme les empreintes de pas d'un géant.
    — Où est le huitième ulaq? demanda Samig.
    Kayugh pointa le doigt vers un espace entre deux
    collines, à quelque distance des autres ulas.
    — Celui-ci est l'ulaq de Roc Dur.
    — Pourquoi l'a-t-il bâti là?
    — Il dit qu'un jour il sera chef et qu'un chef doit vivre à l'écart.
    Samig secoua la tête.
    — Qu'en disent les autres?
    — Qu'il est paresseux. En plaçant son ulaq entre deux collines, il n'a pas eu besoin de construire de murs, seulement un toit.
    Samig rit. Pourtant, le malaise s'insinua dans son esprit. Il allait vivre avec ces gens. Il devrait chasser avec eux, même avec Roc Dur. Une fois encore, son ventre se noua et il éprouva la honte de vouloir encore être un enfant, de désirer ardemment rentrer au village, contempler sa mère en train de coudre ou de tisser, qu'on n'attende rien de lui que ramasser des œufs, cueillir des baies ou pêcher des oursins.
    Comme si son père connaissait ses pensées, Kayugh posa une main sur l'épaule de Samig.
    — Tu n'es pas obligé de rester.
    Amgigh se pencha soudain en avant :
    — Tu dois tenir ta promesse.
    Kayugh leva les sourcils et observa Samig.
    — J'ai dit à

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