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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Elle posa les poissons dessus, peau contre la pierre, et regarda la chaleur transformer la chair verte en flocons blancs.
    Accroupie tout près, Kiin mangea un des poissons et apporta les deux autres à Chagak et Mésange. Après quoi, elle ressortit pour observer la mer. Qui pouvait dire quand Amgigh et Kayugh reviendraient? Peut-être aujourd'hui?
    Kiin soupira. Il était encore tôt, mais Nez Crochu était déjà sortie avec son ik et rentrait, son petit bateau de peau ouvert rempli de morues. Kiin sourit et se hâta vers la plage pour aider Nez Crochu à tirer son embarcation sur le rivage.
    — As-tu p-p-pêché t-t-toute la nuit? demanda Kiin en voyant à l'avant du bateau une multitude de poissons au ventre blanc.
    — Non, répondit Nez Crochu en riant. Mais les esprits m'ont été favorables.
    Sous un rocher au bord des rangées d'ikyan, Kiin aperçut la nasse de Nez Crochu. Elle se hâta de la lui apporter.
    Le filet était en forme de cercle. Une fois étendu sur le sol, il était aussi grand qu'un homme grand. Nez Crochu relâcha le cordage ; elle et Kiin le main-tinrent l'une en face de l'autre, jetant dedans le poisson du bateau. Une fois la nasse pleine, elles la portèrent jusqu'à l'endroit où les femmes nettoyaient les poissons. Là, à marée basse, les vagues ne les atteignaient pas, mais à marée haute, la mer reprendrait les entrailles des poissons.
    Elles étendirent le filet, et Kiin fouilla sous son suk dans la poche où elle rangeait son couteau de femme. La lame de silex était légèrement incurvée, l'arête arrière droite épointée pour s'adapter facilement à sa main. Elle prit un poisson de la pile et l'entailla des branchies à la queue puis, de deux coups rapides, elle détacha les entrailles et les extirpa d'une main. Nez Crochu avait apporté des baguettes à sécher — certaines courtes, de la largeur des mains de Kiin, pour les placer à l'intérieur des poissons et les maintenir ouverts afin qu'ils sèchent plus rapidement, et d'autres longues pour enfiler dix à quinze poissons par la bouche et les branchies et les pendre au-dessus des claies de séchage.
    Kiin ficha les extrémités d'une baguette courte dans la chair d'un poisson et la posa sur un morceau de vieille couverture d'ikyak.
    — Ton suk est magnifique, remarqua Nez Crochu tout en ouvrant un poisson.
    Kiin fit la grimace en voyant que l'humeur visqueuse se collait à sa manche.
    — Je-j'aurais dû mettre m-mon vieux suk.
    — Va le chercher. Le poisson peut attendre.
    Kiin baissa la tête et fit semblant de tester sa lame
    sur son pouce.
    — Je-je-je l'ai laissé dans l'ulaq de-de mon père.
    Nez Crochu grommela :
    — Je vais le chercher, dit-elle en se levant avant que Kiin ne puisse l'en empêcher.
    — Ne-ne-ne dis pas que je le v-v-voulais, lança Kiin sans être sûre que Nez Crochu ait pu l'entendre.
    Nez Crochu n'avait pas peur de son père. Elle était plus grande que lui et sans doute plus forte.
    Kiin tira plusieurs poissons du filet et les vida. Puis elle regarda en direction des ulas. Nez Crochu revenait, le vieux suk en cormoran dans les mains.
    — Ton père te salue, cria-t-elle à l'adresse de Kiin.
    Kiin écarquilla les yeux et éclata de rire. Elle ne
    pouvait se rappeler son père saluant quiconque, surtout elle.
    — Oh, a-a-alors maintenant que je-je-je suis une épouse, je suis digne d'être saluée? dit Kiin en essayant de parler d'un ton léger.
    Nez Crochu sourit et proposa :
    — Va te laver les mains avant de te changer.
    Kiin alla au bord du courant et s'accroupit pour
    frotter ses mains avec des graviers. Elle utilisa du sable mouillé pour nettoyer la substance visqueuse et le sang sur sa manche, puis enleva son suk. Le vent était froid sur ses seins, elle se protégea de son vêtement en retournant près de Nez Crochu.
    La femme désigna du menton l'endroit où elle avait posé le suk de plumes et Kiin l'enfila puis le lissa par-dessus son tablier.
    Kiin ourla les lèvres et dit enfin :
    — C'est-c'est plus par-parce que j'ai une âme que parce que je-je-je suis une épouse.
    Elle posa un poing sur sa poitrine.
    — C'est-c'est bon de sentir un es-es-esprit bouger dedans.
    — Ton père aurait dû te donner un nom depuis longtemps, observa Nez Crochu. Mais du moins ta mère a-t-elle fait ce qu'elle pouvait pour toi.
    Ces mots étonnèrent Kiin. Qu'est-ce que sa mère avait fait pour elle? Même le nouveau suk de Kiin était des mains de Chagak. Coquille Bleue

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