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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Nous-nous sommes trop-trop loin. Je ne-ne-ne sais pas le chemin du-du-du retour.
    Elle leva les yeux et vit le doute sur le visage de Qakan.
    — Je-je préfère encore ra-ramer jusque chez les-les Chasseurs de Morses plutôt que de mou-mourir de faim ici.
    Avec un regard mauvais, Qakan lui tendit la pagaie, puis rampa au fond de l'embarcation avant de s'allonger, l'autre rame en équilibre sur son ventre.
    Kiin pagaya à vive allure et de bon cœur le restant de la matinée et tout l'après-midi. Ce faisant, elle fomentait des plans et s'armait pour la lutte, ressassant les mensonges de Qakan et sa brutalité ; elle se rappelait comment il l'avait maudite d'une malédiction qui menaçait à la fois les Premiers Hommes et les Chasseurs de Morses. Aussi laissa-t-elle sa colère enfler dans sa poitrine au point qu'elle puisse à peine respirer.
    Enfin, tard dans l'après-midi, les yeux de Qakan commencèrent à se fermer. Sa respiration se fit profonde. Il dormait. Kiin sortit sa pagaie de l'eau et la leva au-dessus de la tête de Qakan, retenant son souffle, attendant que la colère qui emplissait sa poitrine s'épanche le long de ses bras et lui donne la force. Trop tard, elle vit les gouttelettes d'eau couler sur la tête de Qakan. Il s'éveilla en sursaut au moment où Kiin frappa ; la pagaie dévia sur sa tête.
    L'ik trembla et Kiin se ramassa contre le plat-bord. Qakan se retourna, lança un coup de sa pagaie et atteignit Kiin dans les côtes. Sous la douleur, Kiin se plia en deux et, avant qu'elle n'ait pu se redresser, Qakan était sur elle, et refermait les mains sur son cou. Elle ne pouvait plus respirer et sut qu'elle était en train de mourir. À ce moment, il lâcha prise. Il fouilla dans un paquet de marchandises et en sortit une lanière de cuir. Il ligota Kiin aux chevilles, puis lui attacha les mains dans le dos. Il serra si fort qu'elle ne sentit bientôt plus ses doigts.
    Elle avait encore échoué. Peut-être n'était-elle pas censée retourner chez les Premiers Hommes ; peut-être les esprits des Premiers Hommes qui étaient déjà dans les Lumières Dansantes trouvaient-ils sa malédiction trop sérieuse. Peut-être protégeaient-ils le village de son peuple.
    Oui, elle pourrait se battre à nouveau contre Qakan, mais pourquoi lutter contre les esprits? Ils voudraient ce qui est mieux pour les hommes. Pourquoi Kiin pensait-elle sa sagesse supérieure à la leur?
    Elle s'appuya contre le flanc de l'ik et regarda vers le rivage. Non, décida-t-elle. Elle ne lutterait pas. Elle irait avec Qakan.
    Ils s'arrêtèrent de bonne heure pour la nuit. Kiin avait fini par s'habituer à commencer la journée tard et à la finir tôt. Elle désigna du menton l'abondance d'os d'animaux marins sur la ligne de marée haute.
    — Cela fera un bon-un bon feu et cela é-é-écono-misera notre huile.
    Après une hésitation, Qakan la libéra.
    — Aide-moi d'abord avec l'ik.
    Kiin plia ses doigts gonflés pour atténuer la douleur. Puis elle agrippa le flanc de l'ik et aida Qakan à tirer l'embarcation sur l'herbe.
    Ils déchargèrent le bateau et le retournèrent pour qu'il leur serve d'abri ainsi qu'aux marchandises. Kiin entreprit de ramasser les os sur le sable et les empila à courte distance de l'ik.
    Peu de plages du nord possédaient des récifs, mais vu la façon dont les vagues se brisaient, Kiin était sûre que c'était le cas de celle-ci.
    — Il pou-pourrait y avoir des poulpes ici, s'écria-t-elle. Une grande pieuvre ferait un bon repas et il resterait même de la viande.
    Qakan regarda l'eau froide, songeant à l'effort qu'il faudrait fournir pour ressortir l'ik.
    — Je vais faire sécher le sac d'encre et le réduire en poudre à peinture noire, proposa Kiin. Tu sais que les chasseurs l'apprécient particulièrement.
    — Non, répondit finalement Qakan. Va chercher des oursins de mer. Cela suffira. J'ai du soufre, je vais démarrer le feu.
    Kiin haussa les épaules et retourna à l'ik pour prendre son panier à cueillette. Elle longea la plage et emplit son sac de grands oursins à épines vertes qu'elle trouva au bord des mares et dans des niches entre les rochers. Son panier plein, elle revint près du feu où Qakan était assis à dévorer le dernier poisson péché le matin.
    — Qakan, que mangerons-nous de-de-demain ?
    Mais il fit mine de n'avoir rien entendu.
    Kiin posa son sac et entreprit de casser les oursins à l'aide d'une pierre. Qakan acheva son poisson et tendit la main vers

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