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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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ses faits et gestes.
    Alors, Nombreux Bébés se pencha au-dessus de lui. Oui, ce serait elle. Son mari était Roc Dur l'ala-nanasika, chef parmi les baleiniers.
    Elle lava le visage de Samig à l'eau de mer, le débarrassant de l'ocre rouge. Puis, à l'aide d'un morceau de charbon, elle dessina trois traits de haut en bas sur son menton.
    Samig détourna les yeux lorsqu'elle fit danser l'aiguille devant lui. Un fin bout de nerf, noir de charbon, était noué à l'extrémité de l'aiguille. Quand Nombreux Bébés passerait l'aiguille à l'intérieur de sa peau, elle laisserait une ligne foncée qui le marquerait pour toujours comme Chasseur de Baleines.
    Nombreux Bébés saisit le visage de Samig dans sa main gauche et pinça la peau à l'endroit où l'aiguille pénétrerait. La piqûre fut brève quand elle poussa l'aiguille dans le pli de la peau, mais Samig trembla au son du fil qu'on tirait.
    Épouse Dodue se pencha tout près du visage de Samig, observant Nombreux Bébés alors qu'elle poussait à nouveau l'aiguille dans la peau et, après chaque point, épongeait le sang avec un chiffon de peau de phoque.
    Quand elle eut achevé la première ligne de marques au centre du menton de Samig, Nombreux Bébés enfila son pouce dans la bouche du jeune homme, maintint la chair à l'écart de ses dents et piqua l'aiguille à gauche de la première ligne. Elle fit trois lignes côte à côte, vers le centre de son menton.
    La douleur obligea Samig à serrer les dents et, bientôt, les muscles de son cou et de ses épaules commencèrent à lui faire mal. Mais le marquage fut enfin achevé. Nombreux Bébés noircit le menton de Samig avec du charbon et lui dit :
    — Garde ça deux jours.
    Puis Épouse Dodue passa de l'huile de phoque rougie d'ocre sur le reste de son visage.
    Samig se leva dans l'intention de rejoindre les autres hommes qui s'étaient rassemblés autour des foyers de cuisson.
    — Non, ordonna Épouse Dodue en le faisant se rasseoir. Attends Nombreuses Baleines.
    Les femmes s'éloignèrent, et Samig demeura seul. Son menton le brûlait, et les perles de sang qui s'échappaient de chaque trou d'aiguille séchaient et le démangeaient. Samig serra les mains l'une contre l'autre pour s'empêcher de se gratter.
    « Tu as souffert bien pire », lui dit sa voix intérieure. Samig s'obligea alors à regarder les hommes danser sur la plage.
    Tous portaient leur chigadax et presque tous un long tablier de peau de loutre qui descendait jusqu'à la cheville. Chaque chasseur arborait un chapeau de bois orné de plumes et de moustaches de phoque. Samig les observa soigneusement et, voyant la façon dont ils se tenaient, décida de la manière dont il danserait et marcherait s'il était autorisé à se joindre à eux.
    Les femmes nourrissaient les chasseurs, mais Nombreuses Baleines n'arrivait toujours pas. Samig attendit. Il n'avait rien avalé depuis la veille au soir, et son ventre creux était comme une pierre contre son dos.
    Une fois les hommes rassasiés, vint le tour des enfants. Regardant les plus petits danser autour des foyers de cuisson, Samig pensa à sa sœur, Mésange. Elle grandirait heureuse, aimée. Puis il songea de nouveau à Kiin, à toutes les fois où il l'avait trouvée pleine de bleus et en sang à cause de son père.
    Pourtant, désormais, même Kiin était heureuse. Chagak la traiterait comme sa propre fille. D'ailleurs, Chagak n'était pas femme à se mettre en colère comme tant de femmes Chasseurs de Baleines qu'un esprit semblait pousser à détruire le calme de l'ulaq avec leur verbe haut et leurs discussions incessantes.
    — Samig!
    Il sursauta. Il leva les yeux pour voir un énorme visage difforme, qui donnait l'impression d'être taillé dans un copeau de bois géant. Le visage était aussi grand qu'un homme de la tête aux genoux, et coloré de différents rouges et de bleus. Les yeux étaient peints, mais dans les larges fentes du nez Samig crut distinguer la lueur rouge d'une silhouette qui l'observait. Homme ou esprit? Mais Samig s'aperçut que le visage avait des pieds d'homme ordinaire sous la courbe de son menton géant. Et la voix qui ordonna « Viens! » ressemblait beaucoup à celle de Roc Dur.
    Samig suivit. Ils arrivèrent devant Nombreuses Baleines, assis au sommet d'un rocher sur une robe de plumes. Le personnage masqué poussa Samig pour le mettre à genoux, mais les yeux de Samig étaient attirés par Nombreuses Baleines. Le vieil homme semblait avoir gagné en

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