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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Leur père louait une telle détermination. Importante chez un garçon, encore plus chez un homme.
    Et bien que Samig soit plus adroit à la lance, c'étaient les mains d'Amgigh qui en taillaient les têtes ; c'est pour cela, disait leur père, que la famille d'Amgigh n'aurait jamais faim.
    Malgré tout, il y avait chez Amgigh quelque chose que Samig n'aimait pas, l'esprit de contrariété qui le poussait à dérober le jouet préféré de sa sœur et à le maintenir hors de portée jusqu'à ce qu'elle pleure ; la partie de lui qui riait quand Oiseau Gris dénigrait son adorable fille devant d'autres hommes.
    Plongeant le regard dans les yeux de son frère, Samig sut que c'était cet esprit de contrariété qui parlait en ce moment. Toujours défiant, Amgigh dit:
    — La fille de Coquille Bleue — on raconte qu'elle est enfin devenue femme. Sa mère est en train de lui construire un abri dans les collines.
    Leur mère leur lança un regard soupçonneux.
    — Comment le sais-tu ?
    — Je l'ai vue. Me crois-tu aveugle sous prétexte que je n'ai pas de dents de lion accrochées à mon cou?
    Samig rougit, baissa les yeux sur le collier que sa mère avait enfilé pour lui. Elle en avait promis un à Amgigh dès qu'il rapporterait son premier lion de mer. Que pouvait-elle faire de plus que promettre? Il fallait qu'Amgigh ait une chasse fructueuse.
    — Amgigh, intervint leur père, si tu as quelque chose de bien à dire à ta mère, dis-le. Sinon, tais-toi.
    Amgigh grimaça un sourire en montrant les dents. Mésange tendit la main et tira les cheveux de sa mère. Chagak lui donna une tape d'un air absent. L'enfant se mit à pleurer.
    — Je vais graisser mon ikyak, annonça Samig, brûlant soudain de s'éloigner de ses parents, de son frère et des piailleries de sa sœur. Premier Flocon a peut-être envie de parler à quelqu'un. Il est seul dans le nouvel ulaq avec notre laideron de sœur.
    Son père sourit gaiement.
    — Si Baie Rouge t'entend, crois-tu qu'elle partagera de la nourriture ou te gardera de la viande des phoques de Premier Flocon ?
    Samig enfila son parka et sortit de l'ulaq. Venu du nord, un vent glacé et cinglant balayait la grande plage. La nuit régnait mais il ne faisait pas encore complètement sombre, la lune était pleine.
    Ainsi, Coquille Bleue construisait une hutte de saignement pour sa fille, songea Samig. Cela signifiait-il qu'Oiseau Gris avait enfin attribué un nom à la fille et lui avait permis d'avoir une âme ?
    Samig descendit jusqu'à la plage. Il s'arrêtait de temps à autre pour ramasser de petites pierres et les jeter dans l'eau. Il donnerait un cadeau à la fille, elle comprendrait qu'il était heureux pour elle. Elle méritait un peu de bonheur.
    « Tu es un chasseur, dit une voix en lui. Peut-être pourrais-tu offrir plus qu'un cadeau. Peut-être qu'à la fin de l'été tu pourrais payer une dot. »
    Sa mère voulait qu'il prenne une épouse chez les Chasseurs de Baleines, mais elle ne refuserait sans doute pas la fille de Coquille Bleue. Qui travaillait plus dur, qui souriait davantage, même si son dos était zébré des cicatrices dues aux coups portés par son père ? Il allait commencer à mettre de côté des peaux de phoque. Il était prêt à être un époux. Ses rêves ne lui disaient-ils pas qu'il était un homme?
    3
    La fille de Coquille Bleue était allongée sur l'herbe qui adoucissait le sol de l'abri. La hutte n'avait pas de murs, rien qu'un toit pointu de bois flotté et des tapis d'herbe qui descendaient jusqu'à terre et étaient fixés par des pinces d'os et du fil de varech.
    Sa mère avait passé la nuit et une partie de la matinée à construire l'abri. Elle avait tissé le toit bien serré afin d'empêcher le passage du vent et avait donné à sa fille une lampe à huile pour sa chaleur et sa lumière.
    La fille n'avait pas eu le droit d'aider, seulement d'observer, d'attendre dans le noir pendant que sa mère rassemblait des herbes et du bois flotté et qu'elle rapportait des tapis de l'ulaq. Sa mère avait peu parlé pendant son travail mais, à deux reprises, elle s'était retournée pour sourire à sa fille, qui n'en revenait pas. Elle avait rarement vu sa mère sourire, ne se rappelait pas l'avoir jamais vue rire. Ainsi, sa mère était heureuse que sa fille sans nom soit devenue femme.
    La fille se demandait, pour son père. Elle avait entendu Oiseau Gris hurler quand Coquille Bleue, réveillée, avait chassé sa fille de l'ulaq. Oiseau Gris,

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