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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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même temps, ce qu’elle avait pu apprendre, au fil des confidences de son oncle, d’un univers semé d’embûches et de chausse-trappes, la remplissait d’une sorte de terreur.
    — Nous allons nous rendre au Louvre ? s’enquit-elle.
    — Non, à Écouen, chez M. de Montmorency. Il y reçoit, pour la saison, tous les jeunes princes et princesses.
    — Dont la reine d’Écosse ?
    — À commencer par la reine d’Écosse ! Avec un peu de chance, je pourrai te faire présenter à Sa jeune Grâce... Tu es contente ?
    Françoise s’efforça de sourire.
    — Oui ! Enfin... J’espère que vous n’allez pas courir au-devant des ennuis.
    — Quels ennuis, ma fille ? À seize ans, il n’est pas mauvais que tu fasses tes premiers pas à la Cour – en attendant d’être présentée au roi et à la reine...
    — Ne me dites pas que nous allons à Écouen rien que pour moi ! Parce que...
    — J’ai à faire chez le connétable. Une mission pour notre ami La Forest.
    — Une mission ?
    Un éclat de vive inquiétude traversa le regard de la jeune fille. Elle avait, ces dernières années, tant écouté son oncle décrire la Cour et ses poisons comme l’antichambre de l’Enfer ! Mais Gautier n’était pas disposé à lui en confier davantage.
    — Eh bien ! Moi qui pensais te faire plaisir..., lâcha-t-il seulement en quittant la pièce.
    Pendant un moment, Françoise essaya de voir le bon côté de la nouvelle : elle allait découvrir des lieux magnifiques, rencontrer de hauts personnages ; elle pourrait essayer sa révérence et porter enfin sa belle robe bleu pâle... Mais très vite, c’est l’appréhension qui la gagna. Et comme toujours dans ces moments-là, c’est à son oncle qu’elle eut envie de demander conseil.
    Simon se trouvait dans la grange, à préparer le bûcher de la Saint-Jean. Dans un temps où d’autres bûchers, un peu partout dans le royaume, martyrisaient les adeptes de la foi nouvelle, l’idée d’en édifier un, monumental, dans la cour du manoir, n’enthousiasmait pas grand-monde à Coisay... Mais le goût de Simon pour les fêtes et son respect du calendrier romain étaient sa religion à lui.
    — N’allez pas nous mettre le feu à la grange, murmura Françoise en abordant son oncle par surprise.
    — Oh, ma beauté ! se réjouit Simon. Tu veux savoir ? Je ne suis pas mécontent de ce tas de fagots.
    — Je dois vous le dire : je serai peut-être absente, pour la Saint-Jean.
    — Françoise, non ! La flambée sera superbe, et...
    — Mon père tient à ce que je l’accompagne à Écouen.
    — Ah... Tu feras donc partie de ce voyage... Eh bien, mais c’est magnifique ! Belle comme tu es, tu vas pouvoir éblouir ce vieux cochon de connétable ! Promets-moi seulement de rester sur tes gardes.
    — Justement : ce retour de mon père à la Cour me fait peur. Je me demande si ce n’est pas une imprudence de sa part.
    — Nous n’avons à la Cour qu’une ennemie, certes de taille : Diane de Poitiers. Or, tu ne risques pas de la croiser chez le connétable : ils sont en guerre ouverte depuis près d’un an ! Du reste, à ce que l’on dit, le connétable vit maintenant en semi-disgrâce.
    Françoise se demandait souvent comment s’y prenait son oncle pour rester informé des potins royaux. Simon prit sa nièce par les mains.
    — Si tu vas à Écouen, lui conseilla-t-il, ne manque pas la ménagerie. C’est le plus étonnant village du monde, tout peuplé de bêtes étranges !
    Il fit une ou deux singeries qu’elle voulut bien trouver drôles.
    — À propos de bêtes étranges, je ne comprends pas ce que vient faire chez nous cet affreux bonhomme, lâcha-t-elle à propos du gentilhomme périgourdin.
    — Affreux, dis-tu ? Je ne trouve pas...
    — Mon oncle !
    — Pardon.
    Simon croisa les bras, comme à chaque fois qu’il se faisait rabrouer par sa nièce adorée.
    — Vois-tu... Cet homme est une espèce de soldat errant. C’est la religion qui le lie à mon frère... Une religion qui est aussi la tienne, du reste. Ce La Forest affirme connaître pas mal de monde ; il est actif ; j’ai cru comprendre – car ton père ne me dit rien là-dessus – qu’il entretenait à Lausanne et Genève des relations éminentes... Bref, il possède tout ce qui pourrait décider Gautier à l’aider.
    — Sauf l’honnêteté.
    — Ah non ? Pourquoi dis-tu cela ?
    — Il montrait hier un noeud double à Papa, et lui a glissé comme

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