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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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ça : « C’est en prison que j’ai appris à le faire. »
    — Et ton père n’a pas insisté ! Curieux... Après tout, notre homme a peut-être été en prison par fidélité à sa foi...
    Simon haussa les épaules ; ayant assez bavardé à son goût, il se remit à son bûcher.
    — Renseignons-nous, mon petit. Tâche de parler à ton père, pendant votre équipée ; de mon côté, je te promets de cuisiner cet homme.
    — Ne le torturez pas trop !
    Simon sourit : sa nièce n’était plus une enfant...

 
    Château d’Écouen.
    En vérité, les tout premiers pas de Françoise de Coisay à la Cour – du moins chez les princes – n’eurent pas grand-chose d’enthousiasmant.
    Son père avait eu du mal à renouer de vieux liens dans la maison du connétable. Péniblement gratifié d’un logis dans les communs, il s’était mis en tête, afin d’abréger la mission, d’aborder au plus vite M. de Coligny. Son frère, M. d’Andelot, était alors à la guerre, parti se battre du côté de Parme.
    Abandonnant sa fille avec une désinvolture qu’elle était loin de lui connaître, Gautier disparut donc avant midi le premier jour ; or, Françoise ne le revit qu’après dix heures du soir ! Personne, de tout ce temps, ne s’était soucié d’elle : nulle boisson, aucune nourriture, pas même l’idée d’un endroit où se soulager ! Dès lors Françoise avait dû s’aventurer, non sans réticence, hors de la chambre, traverser des salles et des salles avant de tomber sur un office où une vieille servante, à l’abord revêche, ne lui avait procuré que le nécessaire. On imagine la déception de la jeune fille : rien, dans ce qui l’entourait, ne reflétait l’opulence, tellement vantée par ailleurs, des décors, des meubles, des collections d’Ecouen.
    De longues heures d’affilée, Françoise dut se contenter de lorgner, par un oeil-de-boeuf, les allées et venues d’une infinité de personnes empressées. Un petit groupe, au loin, retint spécialement son attention, parce qu’il gravitait autour d’une très jeune fille en robe rouge écarlate – probablement la reine Marie d’Écosse !
    — Pardon, ma fille ; je n’ai guère pu m’occuper de toi, s’excusa son père en rentrant se coucher.
    Bien qu’épuisé, Gautier semblait satisfait de sa journée ; il était même en veine de confidences, et tandis que Françoise l’aidait à se défaire des multiples boutons, des lanières, des agrafes, des manchons et collet propres à la tenue de Cour, il lui parla comme jamais, sans doute, il ne l’avait fait auparavant.
    — L’air qu’on respire ici est un poison subtil... Rien qu’à le humer quelques heures, après trois ans d’absence, j’ai senti que me revenaient des envies, des chimères, des ambitions peut-être, que j’aurais crues depuis longtemps évanouies. C’est ainsi : la Cour flatte les pires penchants de l’âme humaine...
    Françoise demeurait silencieuse ; c’est peut-être ce qui incita son père à se laisser aller à quelque confidence.
    — J’ai croisé tantôt, chez Monseigneur {12} , un certain Chabot-Charny, qui se trouve être le fils d’une dame que j’ai bien connue, jadis...
    Il se tut pendant un moment, puis ajouta qu’elle s’appelait Françoise, elle aussi... Sa fille dressa plus encore l’oreille, espérant en savoir davantage quand le baron las, s’écroula de fatigue, encore habillé sur son lit, et se montra incapable de bailler un mot de plus.
    Déçue, Françoise l’aida comme elle put à trouver une position confortable. Puis elle alla se coucher, frustrée de cette confidence avortée, et se jurant d’essayer d’en apprendre bientôt davantage, dès que possible. Elle avait aussi résolu de prendre en main sa deuxième journée à Écouen.
    La jeune fille s’éveilla la première au petit matin, fit chauffer un peu du lait récupéré la veille et, sans rien révéler de ses plans, aida gentiment son père à parfaire sa tenue. Il la serra dans ses bras avant de s’éclipser, l’enjoignant de rester là, bien sage, sans bouger
    Françoise sourit avec perfidie ; car cette fois, elle était décidée à sortir ! Elle attendit simplement que Gautier se fût éloigné puis, se coiffant sans l’aide de personne – aucun domestique ne les accompagnait – et revêtant sa fameuse robe bleu pâle, tout ornée de dentelles, elle tâcha de se donner noble contenance. Le résultat, entrevu dans un plat

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