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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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un demi-sourire.
    — La belle régente que voilà ! dit-elle en reposant sur la dentelle une main frêle et pâle.
    Le roi la saisit galamment.
    — « Nous laissons en notre absence la reine, notre compagne, régente à l’administration de notre royaume, accompagnée de notre fils le dauphin et d’un bon nombre de vertueux et notables personnages de notre Conseil privé. »
    Il avait appris cela par coeur, pour le lit de justice du 12 février passé.
    — La belle régente..., redit-elle.
    Diane dut estimer que les jérémiades avaient assez duré.
    — Madame, avez-vous besoin de quoi que ce soit d’autre ?
    — Merci, non.
    — En ce cas, puis-je me retirer quelque temps ?
    — Allez, mon amie, allez donc... Et merci de toutes vos bontés.
    La duchesse de Valentinois s’abîma dans une profonde révérence ; puis, en se relevant, elle gratifia Henri du regard complice d’une femme impatiente de retrouver son amant. Elle n’était plus qu’une ombre et s’apprêtait à passer la porte quand la voix du monarque la retint.
    — Madame, dit-il assez haut, la reine et moi voulions vous témoigner de notre gratitude pour les peines que vous vous donnez.
    La duchesse se retourna, salua encore.
    — Je voudrais seulement que la reine guérisse vite, dit-elle d’une voix chargée d’émotion.
    Pour une fois, elle était sincère : la mort de sa cousine aurait pu entraîner le remariage du roi avec une princesse plus jeune, plus belle – et partant, plus difficile à circonvenir que ne l’était la pauvre Médicis.

 
    Manoir de Coisay.
    Comme tous les jeunes gens amoureux, Vincent Caboche subordonnait à sa flamme toute autre considération. Ainsi avait-il fait assaut d’imagination pour justifier ses visites aux Coisay. Au comte de Coligny, il faisait croire que l’avenir du calvinisme se jouait chez ces hobereaux picards – ce qui justifiait bien quelques missions régulières à la source ! Au baron de Coisay, il présentait son maître comme le génie par qui la Réforme s’insinuerait un jour au sommet de l’État, et se faisait passer à bon compte pour l’agent providentiel de cette révolution.
    Évidemment, la seule raison de tant de menteries résidait dans les sentiments que lui inspirait la jeune Françoise. D’abord attiré par le charme singulier qui émanait de sa personne – notamment l’ironie sensible de son regard si débordant de vie – il s’était peu à peu attaché à certains aspects moins évidents de la jeune fille : sa voix qui pouvait, par instant, se faire rauque ; sa façon, à la fois humble et fort noble, de déporter la tête un peu de côté ; et puis la splendeur de ses cheveux tellement sains, fournis et bouclés... Lors de son premier séjour – interrompu par un billet intempestif envoyé d’Écouen – il avait multiplié les approches, et testé la résistance de la place. Il l’avait trouvée mieux fortifiée que défendue et, pour tout dire, assez disposée à lui offrir les clés sur un coussin de velours.
    Cette appréciation de stratège en chambre fut renforcée à son retour, lorsqu’il découvrit une Françoise muée par son absence. Loin de le fuir comme au tout début, loin de le décourager en rien, elle provoquait au contraire leurs rencontres, et se laissait aller à des privautés qu’elle feignait de regretter aussi vite, tout en les renouvelant au premier prétexte... Chez le jeune homme, cette attitude ambivalente – et forcément blessante – eut pour effet de nourrir un penchant plus vif : Vincent se prenait à imaginer Françoise nue, à deviner la forme naturelle de ses hanches, la texture de ses tétins, la couleur exacte de sa toison pubienne... Parfois, tout embrasé de désir, il faisait des folies et prenait des risques inconsidérés, à seule fin d’apercevoir un fragment de cette beauté convoitée.
    Mais c’est lors de son second rappel par Coligny que le jeune secrétaire comprit à quel point son coeur était pris – comme voué à la demoiselle de Coisay... Ce départ fut pour lui un arrachement presque insurmontable ; l’absence de Françoise, une sorte de lancinant supplice. Aussi bien, sitôt que l’occasion se présenta de rentrer dans ce qu’il regardait comme son havre, la saisit-il avidement : il fit le voyage d’un seul trait.
    À son arrivée, il eut cette joie pure, inoubliable, de lire dans les yeux de la belle qu’elle avait partagé sa souffrance, qu’elle éprouvait à

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