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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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roi fermaient la marche, escortés de quatre cents archers.
    — J’enrage, dit le roi, de ne pouvoir les mener moi-même jusqu’au Rhin !
    — Votre Majesté nous rejoindra vite, j’en suis sûr...
    — Ma consolation est de savoir ces troupes en bonnes mains.
    Le nouveau duc s’inclina. En lui-même, il n’était pas fâché qu’un décret de la Providence l’eût ainsi placé à la tête de l’armée. La reine Catherine suivait son mari avec la Cour, lorsqu’elle avait ressenti les premières atteintes du pourpre {14} . Les fièvres la prenant, elle avait dû s’aliter, à Joinville, chez les Guises ; or son état s’y était aggravé, au point d’appeler le roi à son chevet...
    À l’issue de la revue d’armes, un grand repas fut offert par la municipalité ; après quoi Henri, la mort dans l’âme, prit donc congé de Montmorency.
    — J’aurais voulu combattre à vos côtés, soupira le roi. Cela m’aurait rappelé ma jeunesse, et le Piémont...
    — Mais sire, puisque vous serez bientôt parmi nous ! redit le connétable. En attendant, veuillez transmettre à la reine notre respect fidèle, et l’attachement des troupes !
    Ils s’embrassèrent comme père et fils.
    Henri, lorsqu’on le mit en selle, versait des larmes – ce que le duc de Guise, son compagnon de voyage, feignit de ne pas remarquer... Ils prirent la route de Saint-Dizier sous forte escorte, non sans se retourner souvent vers la masse formidable de cette armée prête à en découdre, et dont les armes, accrochant çà et là le soleil, leur envoyaient de loin des éclats d’adieu.
    La nuit était tombée depuis longtemps lorsque, longeant la Marne, le convoi royal atteignit Joinville et le château du Grand Jardin, où l’on soignait la reine. Le duc de Guise – dont la baronnie venait d’être érigée pour la peine en principauté – avait donné des ordres afin qu’on éclairât brillamment les abords ; aussi des dizaines de torches se miraient-elles dans les douves, au pied des grosses tours.
    Henri et les siens mirent pied à terre devant la superbe façade à lucarnes, éclairée elle aussi a giorno. Un chambellan et quelques dignitaires les attendaient devant la porte.
    — Eh bien ? demanda seulement le roi.
    Personne ne se hasarda de répondre, mais à leurs mines déconfites, il comprit que le mal avait progressé. Une sourde angoisse l’envahit, tandis qu’il s’empressait vers la chambre de sa femme.
    La scène qu’il y surprit le combla d’aise : la reine, allongée tout au bord de son lit, le visage empourpré tranchant sur le blanc des oreillers et de la coiffe de dentelles, buvait à petites gorgées un bouillon que portait à ses lèvres, avec des soins tout maternels, sa cousine et dame d’honneur, la duchesse de Valentinois ! Celle-ci, de sa main libre, soutenait la nuque de la malade... Ainsi donc Diane avait choisi de s’occuper elle-même de Catherine, lui prodiguant ce savoir-faire, cette patience qui avaient fait merveille auprès de tant d’enfants.
    Soudain submergé de tendresse, Henri n’aurait su dire ce qui le bouleversait davantage, de l’état de sa femme ou du zèle de sa maîtresse. À moins que ce ne fût la conjugaison des deux...
    — Sainte Agathe soignée par l’Ange, dit-il en approchant du lit.
    — L’ange s’appelait saint Pierre, rectifia Diane.
    Il passa outre et s’enquit de l’état de Catherine.
    — Nous allons beaucoup mieux, ce soir, répondit la duchesse en usant à dessein de la formule empathique propre aux nourrices et aux hospitalières.
    Le roi baisa la main de sa femme, tout en décochant à la favorite la plus énamourée des oeillades. Malgré la pénombre, la reine dut s’en rendre compte, car elle reprit sa main.
    — Mme de Valentinois est très dévouée, concédat-elle d’une voix flageolante.
    Elle fixa son mari dans les yeux.
    — Votre armée est-elle belle et vaillante ?
    — Fort belle, madame, et fort vaillante. M. de Montmorency s’apprête à la conduire jusqu’à Toul.
    — J’aimerais vivre au moins jusqu’à cette victoire...
    — Ne parlez pas ainsi ! s’émut Diane. Vous guérirez, je vous le promets.
    — Si mon état était moins grave, le roi n’aurait pas quitté l’armée pour venir jusqu’à mon chevet.
    — Allons, allons, protesta mollement Henri.
    — C’est justement pour vous voir sur pied que Sa Majesté est revenue ! lança Diane avec un faux entrain.
    La malade grimaçait

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