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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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jusqu’à la Marne, en contrebas du Grand Jardin. Puis elle descendit le fleuve par coche d’eau jusqu’à Châlons {17} . Se rapprochant ainsi de l’armée, elle entendait assumer pleinement les hautes fonctions que le départ du roi pour Nancy lui restituait. La vieille ville, heureuse d’accueillir cette convalescente à la fois reine et régente, se hérissa de doubles K – son monogramme – et ne négligea rien pour donner du relief à sa présence dans les murs.
    Il faut dire que la campagne d’Austrasie s’apparentait, par ailleurs, à un chemin de gloire. Dès le 5 avril, le duc de Montmorency était entré dans Toul sans coup férir ; puis ayant pris, le 8, l’abbaye de Gorze en surplomb de Metz, il usa de finesse auprès du conseil de cette ville et, sous prétexte d’y faire étape sur le chemin du Rhin, établit de fait ses troupes, le 10, au sein de la place – dès lors acquise à la France ! Cette manière de vaincre sans combattre valut au connétable le surnom de Nestor, en souvenir de ce héros de l’Iliade, qui préférait la ruse aux batailles...
    Catherine, à l’annonce de ces bonnes nouvelles, pria les chanoines de Notre-Dame-en-Vaux de faire chanter un Te Deum en leur collégiale. Elle y convoqua le gros de la Cour, et parut elle-même à la cérémonie en tenue d’apparat, couverte de riches brocards entièrement rehaussés des perles de la couronne, et coiffée d’une sorte de diadème bien propre à magnifier sa dignité nouvelle. La reine régente entendait asseoir de la sorte un pouvoir dont elle percevait trop les limites pour ne pas tenter de lui conférer le plus d’éclat possible.
    Parmi les proches conseillers qui, aux yeux de Catherine, se mêlaient trop de la guider et d’encadrer son action, le garde des Sceaux Jean Bertrandi devint bientôt sa bête noire. Elle le savait soumis aux volontés de la duchesse, dont il tenait sa charge, mais lui reprochait plus encore l’espèce de lâcheté qui le poussait, en toutes circonstances, à s’abriter derrière « la volonté du roi, telle qu’elle relève de l’acte de régence ».
    Un beau jour, excédée par la formule, la régente prit à part le maréchal d’Annebaut, en qui elle avait confiance.
    — J’aimerais, lui dit-elle, avoir exacte connaissance des lettres en vertu desquelles m’est conférée cette régence.
    — Madame, la découragea le grand amiral, ce sont là des matières austères pour une souveraine encore jeune et...
    — Maréchal, trancha Catherine d’un ton devenu impérieux, c’est un souhait que je forme, à quoi vous seriez prudent de satisfaire.
    Annebaut s’inclina donc. Et par un matin pluvieux, le sieur Du Mortier, conseiller du roi, donna lecture de l’acte de régence en présence de Catherine, d’Annebaut et d’un autre grand commis. On n’avait pas convoqué Bertrandi... Catherine interrompit deux ou trois fois l’énoncé, afin de se faire préciser des termes obscurs ; puis, ayant tout entendu, tout médité, elle posa les mains bien à plat sur son siège et demeura muette un moment. Elle arborait un sourire amer.
    — Je vois, confia-t-elle enfin à Du Mortier, qu’en certains endroits on me donne beaucoup, et en d’autres, bien peu.
    Le grand amiral se racla la gorge. La régente, toujours maîtresse d’elle-même, se retourna vers lui.
    — En vérité, je n’aurais pas dû me fier à ce que le roi me disait-
    Il y avait de la rancoeur dans sa voix, et les conseillers présents fixaient le bout de leurs souliers. Mais Catherine sut contenir sa colère. Sans se départir de son calme, elle résolut de dicter une missive à Montmorency, afin de protester contre les termes d’un acte qui restreignait, jugeait-elle, ses pouvoirs de régente, et lui adjoignait un garant en la personne du garde des Sceaux, ainsi que deux tuteurs !
    — Suis-je donc une enfant, gémit-elle, qu’on ne me laisse pas maîtresse de mes décisions ? Que l’on veuille me bailler comme compagnon M. le garde des Sceaux ?
    Le maréchal d’Annebaut était, avec le cardinal de Bourbon, l’un des tuteurs prévus par le texte ; il tenta d’excuser la formulation de l’acte sur l’habitude et la tradition. C’était négliger la passion de Catherine pour l’histoire de France, et sa connaissance aiguë du règne précédent.
    — La régente Louise, dit-elle, en 1525, jouissait de pouvoirs autrement étendus, et sans aucun partage d’autorité !
    — Mais elle

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