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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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Coisay...
    — Je les ai connus, en effet.
    Vincent se gratta le front. Il cherchait visiblement une contenance, et maintenant qu’il avait livré ces noms, semblait s’étourdir lui-même de la gravité de ce qu’il allait révéler. La duchesse s’aida de ses mains pour se redresser.
    — Eh bien ?
    — J’ai croisé, l’an passé, à Écouen, le baron Gautier qui s’y trouvait...
    Il avait failli dire « avec sa fille », mais ne prononça pas ces trois mots.
    — Je sais cela ; tu me l’avais écrit.
    — En effet, madame. À la demande de M. de Coligny, j’ai servi de lien entre eux, et c’est ainsi que j’ai suivi M. de Coisay chez lui, près de Compiègne. J’y ai fait, en tout, trois séjours.
    — Alors ?
    — Je ne vous surprendrai pas, sans doute, en vous disant que ce qui lie M. de Coligny à M. de Coisay relève d’une commune dévotion pour ce Calvin dont vous parliez à l’instant.
    — Évidemment...
    — Mais vous serez peut-être plus étonnée d’apprendre, madame, que ledit Gautier de Coisay organise, de manière régulière, certains voyages vers Genève, où il escorte lui-même d’assez distingués personnages.
    Vincent Caboche tremblait de ce qu’il était en train de faire. « Pauvres Coisay ! Maudite époque ! »
    Seulement, en trahissant Gautier, il se mettait à même de retrouver Françoise.
    Diane lui décocha le plus engageant des sourires.
    — Tiens donc... Dis-m’en plus, mon petit. Raconte-moi ce que tu sais !

 
    Château de Blois.
    Le printemps avec ses verdures, ses arbustes en fleurs, ses insectes bourdonnant dans le soleil, transformait chaque année les jardins de la reine Anne, par-delà le ravin de l’Arrou, en un véritable paradis. Le chant des oiseaux et celui des fontaines s’y mêlaient à merveille aux rires des enfants qui jouaient là des matinées entières. Depuis le début de la guerre, en effet, on avait réuni les Enfants de France en Blésois, pays accueillant et sûr. Leur gouverneur, Claude d’Urfé, ci-devant ambassadeur à Rome, était un homme mûr, très droit, proche du connétable ; depuis la mort subite de son devancier, il élevait tout son petit monde avec un dévouement qui confinait au sacerdoce.
    Au sein de la fratrie royale, la jeune Diane de France – elle allait sur ses quatorze ans – faisait figure, non pas de soeur aînée – on se gardait bien de souligner un tel lien –, mais de chef de file, ou bien de sage confidente... Trop âgée pour se mêler aux jeux des autres, elle ne l’était pas assez, en effet, pour échapper à l’existence lénifiante que réservait la coutume aux jeunes princes.
    Le dauphin François, aîné des enfants légitimes, n’avait encore que huit ans. Suivaient Élisabeth, Claude, puis Charles, né deux ans plus tôt seulement. Quant au petit Édouard-Alexandre, alors le benjamin, il était encore au berceau.
    Un vent violent s’était abattu, ce jour-là, sur les jardins bien taillés, bien ordonnés, couchant les haies d’ifs taillés, soulevant la poussière des allées bien droites, arrachant aux buissons de roses bien fournis des fleurs mousseuses, qui volaient vers la ville comme autant d’énormes flocons.
    La petite reine Marie d’Écosse, fiancée désignée du dauphin, fut prise de frayeur devant cette bourrasque. Elle vint se coller à son cher promis et tâcha, maladroitement, de s’abriter derrière lui tout en tenant sa coiffure d’une main, de l’autre ses jupes. Un enfant d’honneur – Gabriel de Montberon, cadet du connétable – se précipita pour les aider ; du haut de ses onze ans, il leur fit un rempart de son corps et les guida d’autorité vers un pavillon de brique où, déjà, s’étaient réfugiés les autres adolescents.
    — Votre mâchoire vous fait souffrir, je le vois, s’inquiéta Marie Stuart en voyant François se tenir un côté de la tête.
    Le jeune dauphin, de complexion très faible, présentait, outre un teint olivâtre, des traits marqués pour son âge, des yeux saillants et fébriles, une fragilité certaine de l’appareil auriculaire. Mais il refusait fermement de se laisser plaindre.
    — Ce n’est rien, m’amie. Avez-vous eu grand-peur ?
    — Un peu... Mais j’étais trop près de vous pour m’alarmer...
    — Nous aurions pu partir ensemble...
    Ce mélange, chez des êtres à peine sortis de l’enfance, de galanterie et de grandiloquence amusait depuis longtemps les gens de la Cour et le

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