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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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relever, une bonne demi-douzaine de fois.
    — Ce fauteuil est en réduction tout ce que j’aime. Monsieur, dites bien à votre maître combien son geste est apprécié, et quelle admiration m’inspire le goût avec lequel tout cela est arrangé.
    Zerbinato n’eut plus, dès lors, qu’à doser le déballage de sorte que chaque nouvel objet relançât l’intérêt de ces dames, sans interrompre trop tôt l’effet du précédent... Après les cuirs, les tentures, les sièges, les grands vases, on en vint aux statues antiques. Diane, connaisseuse en la matière, sut apprécier, identifier, commenter chaque pièce, s’extasiant au passage de la qualité d’un emballage qui avait permis de transporter tant de merveilles sans en briser une seule.
    — Et qu’y a-t-il encore, dans tous ces coffres ?
    — Madame, ce sont les coffres de linge. Vous n’imaginiez tout de même pas une chambre de cette importance, sans les commodités qui doivent l’accompagner !
    L’envoyé avait le beau rôle : Diane s’émerveilla de plus belle, et décerna au duc tant de compliments qu’on aurait pu penser, sur le moment, que la diplomatie française allait en être changée.
    — Je ne sais que dire, répétait l’heureuse bénéficiaire de tant de prodigalité.
    Et ses femmes gloussaient avec elle. A la vue des étoles, des camisoles, des grands mouchoirs entièrement brodés, la surprise allègre fit place à la plus vive excitation. Ces présents-là parlaient au coeur de toutes ; et Diane, que son avidité n’avait jamais rendue grossière, distribua sans hésiter un certain nombre de lots.
    — Voyez ces taies brodées, madame ! piaffaient les unes, mises en train par cet accès de générosité.
    — Et ces nappes, madame, ces nappes !
    Pendant qu’elles s’engouaient d’étoffes, des valets montaient les colonnes du grand lit, surmontées de vases à l’antique. Ils placèrent les matelas, crochetèrent les courtines, disposèrent avec soin la somptueuse courtepointe...
    — C’est trop beau, gémit Diane. Ou du moins ce le serait, si la chambre n’était destinée au roi lui-même...
    La duchesse de Valentinois fit plusieurs fois le tour de la pièce enfin toute parée. Elle s’attardait à des raffinements minimes, dans le seul but de prolonger son plaisir, et quand, enfin, elle quitta son nouveau grand décor, il lui sembla qu’elle venait de connaître, dans cette sorte de grand marché idéal, à domicile, un des moments les plus gais de toute son existence.
    L’un des plus grands collectionneurs du royaume était, avec le cardinal de Lorraine, ce maréchal de Saint-André qui avait partagé l’amitié d’Henri depuis l’enfance – tout au moins, depuis son retour de captivité en Espagne.
    La duchesse était trop impatiente de lui montrer les merveilles de son nouveau domaine, pour ne pas le prier de la venir visiter, avant de rejoindre l’armée. Car s’il était fidèle au roi dans les salles de paume et jusqu’à la chasse, il l’accompagnait aussi – et de manière autrement méritoire – sur les champs de bataille.
    — Ah, mon ami, quelle joie de vous recevoir. Voulez-vous voir tout de suite une chose étonnante ?
    Elle conduisit son visiteur devant le grand portique qu’il avait déjà franchi pour entrer. Au-dessus d’un bas-relief admirable, signé Cellini et présentant une Diane chasseresse allongée près d’un cerf, trônait une curiosité dont la maîtresse des lieux tirait orgueil, et d’autant plus qu’il s’agissait d’un présent du roi.
    Le vaste groupe en question – entièrement en bronze – figurait un autre cerf et quatre chiens. Saint-André voulut bien en vanter la composition ; il n’était pas au bout de ses surprises. Diane, en effet, avait choisi son moment, et ils n’eurent guère à attendre pour profiter du spectacle. Car ces statues formaient, en fait, autant d’automates qui, reliés à une pendule, s’animèrent à l’heure pleine. De son sabot, le cerf frappa lui-même onze coups sur une cloche, tandis que les chiens remuaient qui la tête, qui la queue.
    — C’est fascinant, s’émut le visiteur avec l’ambiguïté maligne du parfait homme de cour. Chère amie, c’est bien simple : nulle part, on ne saurait rien voir de la sorte !
    La duchesse avait sans doute perçu l’ironie dont se doublait un compliment si fabriqué, mais elle tenait d’autres arguments en réserve. Et c’est devant sa collection de joyaux

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