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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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se mit à tousser ; des affections douloureuses commencèrent à lui brûler la peau ; ses articulations le faisaient souffrir chaque jour, chaque nuit davantage. Il aurait tant aimé voir – ou simplement apercevoir – ses filles, Claude et Françoise, et son demi-frère Simon ! Mais il se garda bien de demander à leur écrire, de crainte de leur attirer des ennuis.
    Lui qui, depuis trente ans et plus, connaissait le connétable en personne, et même la duchesse de Valentinois était, vingt fois par jour, gagné par l’irrépressible envie d’en appeler à leur clémence pour le tirer de là. Mais une voix, tout au fond de lui, se faisait à chaque fois entendre, pour dire que cela ne serait ni digne ni utile. Surtout pas utile...
    Des heures durant, luttant contre la plus entière solitude, il psalmodiait à voix haute. Le psaume LXXIX était celui, sans doute, qui revenait le plus souvent dans ses prières.
    Des Prisonniers le gémissement vienne
Jusques au Ciel, en la présence tienne :
Les condamnés, et ceux qui déjà meurent,
Fais que vivants par ton pouvoir demeurent. Le reste du temps, il pleurait.
    Un matin, le geôlier fit irruption dans le cachot, suivi de deux sbires qui détachèrent le prisonnier pour le conduire jusqu’à une pièce en contrebas. Gautier s’était préparé à ce moment, mais en voyant les chevalets, les carcans, les brodequins, il fut pris de panique. Les yeux hagards, le souffle court, il tenta piteusement d’échapper à la poigne de ses gardiens. Sans aucun succès.
    — C’est votre entêtement, estima le magistrat présent, qui vous condamne à de pareilles extrémités. Nous aurions tous préféré nous en passer !
    Gautier savait qu’il n’en était rien, et que tous les procès pour hérésie comportaient la question ordinaire et extraordinaire. Il se révolta.
    — Monstre, hurla-t-il, est-ce ainsi que vous traitez les enfants de Dieu ?
    — Et vous, mécréant, est-ce ainsi que vous traitez les agents du roi ?
    On le coucha sur le banc de peine, on l’y attacha sans pitié. Pour l’ancien écuyer commençait le moment le plus dur, et de loin, de toute son existence. Il subit l’affreuse question par l’eau, puis l’atroce question par le feu. Cent fois, on lui fit les mêmes demandes ; cent fois il y répondit de même.
    — Je n’ai rien à vous dire, je ne vous dirai rien.
    Lorsque, par moments, la douleur atteignait des pointes intolérables, Gautier hurlait à en perdre la voix. Mais il se reprenait vite et, tâchant de fixer son regard bleu sur celui des persécuteurs, il les prenait courageusement à partie.
    — Pourquoi voulez-vous que je vous nomme tous ces gens ? Afin de les travailler à leur tour ? Où tout cela finira-t-il ?
    Puis, entre deux grands tourments, il articulait les paroles du Psaume IX.
    Viens, Seigneur, montre ton effort :
    Que l’homme ne soit pas le plus fort.
    Enfin, après une éternité d’horreur, il sentit, du fond de l’abîme où l’avaient plongé les souffrances, qu’on le détachait. Un aide jeta sur lui un seau d’eau fraîche et propre. Gautier aurait voulu pleurer de soulagement, mais il n’avait plus la force d’exprimer le moindre sentiment.
    C’est alors qu’il comprit que la séance n’était pas finie : on allait seulement changer de torture.

 
    Château de Villers-Cotterêts.
    La huitième grossesse de la reine Catherine s’annonçait plus difficile que les précédentes. Dès la fin de juillet, elle s’était plainte de brusques bouffées de chaleur, de sueurs froides non moins subites, de nausées lancinantes, de brefs évanouissements. Ses médecins en débattaient, ses dames s’en alarmaient... Même le cadre enchanteur de Villers-Cotterêts – un domaine qu’elle appréciait plus que d’autres – ne sut la rasséréner.
    Mais ceux qui connaissaient le mieux la souveraine doutaient que sa nouvelle maternité fût seule responsable de telles indispositions. Après tout, Catherine s’était, depuis dix ans, trouvée presque toujours enceinte, sans que son état général en fût notablement affecté.
    En vérité, ce qui minait la reine, la rongeait, la dévorait d’inquiétude, devait être cherché ailleurs, par-delà les monts : dans cette Italie qui l’avait vu naître et où, quoi qu’on en dise, était resté son coeur.
    — A-t-on des nouvelles ? demandait-elle ainsi, à longueur de journée.
    Et ceux qui, par ignorance ou lassitude, se hasardaient à

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