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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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la question.
    Il s’avança vers le petit groupe, et salua le plus grand des trois, qu’il avait l’air de connaître.
    — La Forest ! l’accueillit en effet celui-ci. Une chope de vin chaud, peut-être ?
    — Volontiers. Mais dites-moi : ne seriez-vous pas en train de parler de la duchesse d’Étampes ?
    — Oui-da ! Vous la connaissez ?
    — Je n’ai pas cet honneur. Mais la jeune dame qui m’accompagne aurait fort aimé la rencontrer. Raisons de famille...
    C’est le plus âgé qui répondit.
    — Rien de plus simple, l’ami. Puisque vous semblez être des nôtres... Revenez ici à trois heures de relevée ; je vous conduirai chez elle. Vous vous appelez La Forest, c’est cela ?
    — Godefroy du Barry, seigneur de La Renaudie, pour vous servir. Mais on m’appelle surtout La Forest.
    — Très bien. À trois heures, donc.
    Le plus grand revint avec une chope fumante. Godefroy en but une gorgée, puis la tendit à Françoise. Tout en sirotant doucement, à la manière d’un chat, elle plongea ses yeux dans ceux du Périgourdin ; il l’amusait ; il la rassurait...
    Accourue à Paris pour y chercher Caboche – elle avait l’idée fixe de tuer ce traître infâme –, elle s’était trouvée démunie, sans relations dans la capitale. Ses beaux-frères lui avaient indiqué l’auberge du Vicomte, et c’est là qu’elle avait croisé La Forest. Le jour même de son arrivée ! Elle aurait pu lui en vouloir, à lui aussi, d’avoir attiré son père dans des missions si fatales, mais la nostalgie du bon temps avait été plus forte que ces griefs un peu vains.
    Il l’avait accueillie, protégée, calmée surtout ; elle avait remercié le Ciel de le lui envoyer.
    — Françoise ? À quoi rêves-tu ?
    — À toi, peut-être...
    — Alors, rêve, ma belle !
    Depuis qu’elle avait laissé son oncle au bord d’une route, devant son abbaye d’Ourscamp, pas une journée n’avait passé sans que Françoise ne ressentît son absence de manière aiguë. Bien sûr, son père lui manquait, et parfois sa soeur... Mais pour Simon, c’était autre chose ; il lui semblait que le besoin était plus tangible, comme une fringale inassouvie. Quand elle avait appris l’effrayante vérité sur Caboche, il eût été le seul à pouvoir la comprendre vraiment, le seul à savoir la consoler. Pourtant, elle s’était bien gardée de l’avertir – même par courrier. Elle aurait craint de lui faire trop de peine, et ne voulait surtout pas le détourner de ses chevaux et de ses pâturages...
    Ce dimanche-là, assise comme une vraie dame dans le salon d’Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, elle pensa si fort à son oncle qu’elle eut le sentiment qu’il était là, tout près d’elle, pour la présenter dans les formes et lui éviter le moindre impair.
    — Ainsi donc, mademoiselle...
    — Madame.
    — Pardon. Ainsi, vous êtes la fille de Gautier de Coisay...
    — Vous vous souvenez de lui ?
    La duchesse ouvrit tout grand ses yeux sublimes. Elle se mit à rire de bon coeur, quoique sans méchanceté perceptible.
    — Si je m’en souviens ? Mais mon enfant, votre père fut un ami bien cher, pour moi...
    Françoise rougit un peu, hésitant à réaliser ce que cachait cette déclaration.
    — Mon oncle m’a beaucoup parlé de vous.
    — Votre oncle... Mais oui, naturellement ! Simon, n’est-ce pas ?
    Françoise approuva du chef ; elle était tellement fière que cette grande dame se rappelât les simples frères de Coisay ! La duchesse s’absorba un moment dans ses souvenirs.
    Encore très belle, à près de cinquante ans, mais finement ridée, et vieillie sans doute par des cheveux devenus tout blancs, la duchesse d’Étampes avait conservé le noble port de tête, le regard vaguement hautain, les manières exquises du temps où elle était la maîtresse en titre de François I er – et l’une des plus belles femmes de ce royaume. Mais pour le reste, sa robe de linon noir, des plus simples, et les minces dentelles qui la bordaient, paraissaient à mille lieues des fastueux brocards et des résilles d’or de sa jeunesse, lorsqu’elle portait, brodées à même le corsage, les plus grosses perles de la couronne.
    — Celle que j’étais alors et celle que je suis devenue sont aussi différentes qu’il est possible de l’être, dit-elle après quelques politesses. Mais ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’on ne pourrait faire de différence entre les souvenirs

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