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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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avait pensé...
    Le jeune héritier, lui, ne riait plus du tout.
    — Pensé quoi ?
    — Sa Majesté consentirait à te donner sa fille pour épouse.
    François ne répliqua pas, mais il se figea comme une statue de sel. Son père avait remarqué la nervosité de l’invitée d’honneur ; il la rassura d’un sourire. Puis il revint à la charge.
    — C’est tout ce que cela t’inspire ?
    — Père, je serai désolé de vous décevoir, mais je ne puis en aucun cas accepter l’offre du roi.
    — Et pourquoi ?
    Le connétable voulait continuer à sourire. Son fils se pencha pour lui parler, cette fois, dans le creux de l’oreille.
    — Eh bien... Je crois qu’il faut que je vous parle en privé.
    — Dans ce cas, allons-y tout de suite !
    — Mais...
    — J’ai dit : tout de suite !
    Ils se levèrent de table et, devant l’assistance ébahie, quittèrent la galerie ensemble.
    — Je crains qu’ils n’aient un peu bu, s’excusa la duchesse de Montmorency en s’adressant aux deux Diane d’un seul mouvement.
    Celles-ci sourirent poliment. L’une était sincère. Plus que l’autre.
    La rumeur du banquet, que l’on percevait nettement, contrastait avec le silence régnant à présent dans le cabinet d’Anne de Montmorency. Celui-ci, debout près d’une fenêtre, avait croisé les bras, ce qui n’annonçait rien de bon. Son fils, assis sur le bord d’un coffre, avait joint, quant à lui, ses mains sous son menton.
    — Est-ce que tu es conscient de la faveur insigne que le roi nous réserve ? Il te donne sa fille ! Il nous fait entrer dans sa famille !
    — Par la porte des communs...
    — Mais...
    Sans prévenir, le connétable frappa violemment contre un volet. Son exaspération était sensible.
    — Depuis quand mon fils se montrerait-il plus sourcilleux que son père lui-même, sur les honneurs qu’on lui fait ?
    — Eh bien...
    — Depuis quand ?
    Nouveau coup de poing sur le volet, qui vibra comme une cible de tir. Le sanglier s’approcha de son fils et, se pliant vers lui, posa ses deux gros poings sur le coffre. Il semblait que de la fumée allait sortir de lui.
    — François, demanda-t-il d’une voix soudain très douce, peux-tu expliquer à ton père à quel jeu tu essaies de jouer ?
    Le jeune homme tourna la tête, regarda son père dans les yeux, soupira puis, s’armant de courage, entreprit de lui révéler la vérité.
    — Père, commença-t-il, vous connaissez le respect infini que vous m’inspirez, et savez bien que je ne ferai jamais rien qui puisse vous déplaire. Cette fois encore, croyez-moi, je ne demanderais mieux que de vous être agréable.
    — Eh bien alors...
    — Malheureusement, quand je le voudrais, je ne puis du tout épouser la fille du roi. J’en suis navré.
    — Et pourquoi non ?
    — Parce que...
    Le jeune héritier déglutit péniblement. Son visage rougissait à vue d’oeil.
    — Parce que je me suis engagé à épouser une autre femme {43} .
    Il y eut un long, un très long silence.
    — Réponds-moi : t’es-tu marié en secret ?
    — Non ! Non... C’est une promesse que j’ai faite.
    — À la bonne heure, ce n’est que ça !
    — Mais c’est une promesse solennelle, Père. Aux yeux de l’Église, cela vaut pour un mariage ! Au surplus, j’aime cette demoiselle. Je l’aime autant que ma vie, peut-être davantage !
    Ce fut le mot qu’attendait la colère du connétable pour se donner libre cours. Anne se jeta sur son fils, le frappa en désordre comme on rosserait un valet, le traîna dans la pièce. Le pauvre François, pelotonné sur lui-même, laissait les coups s’abattre sans riposter.
    — Maudit mouton galeux de fils indigne ! hurlait le connétable. Maudit ! Maudit !
    Un laquais tenta d’entrouvrir une porte ; le connétable la lui claqua au nez.
    — Père, priait François, non, Père !
    — Comment s’appelle cette... Cette fille, cette traînée ?
    — Ce n’est pas une fille, se rebella le jeune homme, en essuyant sur sa manche le sang qui lui coulait du nez. C’est mademoiselle de Piennes, une très bonne et très honnête personne...
    — Je vais la tuer aussi ! hurla le connétable.
    — Tuez-moi plutôt !
    — Aussi !
    Anne de Montmorency attrapa sur une table une très belle dague de chasse, cadeau de l’empereur Charles, et cramponnant son fils de l’autre main, le plaqua au mur, prêt à le saigner.
    — Père ! gémit François.
    — Quoi ?
    Il parut

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