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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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– autant dire les luthériens... Un grondement se fit parmi les prélats.
    — Si donc ces Chrétiens-là, disait Du Bourg, se révèlent opposés à certaines choses ordonnées par les papes et les derniers conciles, comment pourrions-nous feindre l’étonnement ? Ces choses-là ne sont-elles pas, précisément, contraires aux Écritures ?
    Cette fois, les cardinaux protestèrent à haute voix. Le roi se tourna, d’un air impénétrable, vers Charles de Lorraine. Le Maistre ne pouvait qu’intervenir.
    — Je mets le conseiller en demeure de se borner à l’objet de la présente mercuriale ! Nos réunions n’ont nulle compétence à se mêler de théologie !
    Seulement le roi, contre toute attente, ordonna au Premier président de laisser parler le conseiller. Anne du Bourg s’inclina en signe de gratitude, puis il reprit son développement. Il se permit de déplorer qu’on livrât aux tourments et à la mort des sujets qui servaient le roi selon les lois du royaume, pendant que la Cour elle-même donnait tant d’exemples de débauche, d’adultère, de concussion et d’homicide.
    Au mot « adultère », les traits du roi s’étaient encore altérés.
    — Peut-on leur imputer le crime de lèse-majesté, à eux qui ne font mention du prince que dans leurs prières ? Peut-on dire qu’ils violent les lois de l’État ? Quelque peine qu’on se soit donnée jusqu’ici, on n’a pu imputer à un seul d’entre eux la moindre intention séditieuse !
    Le connétable se tourna délibérément vers le roi, et l’interrogea du regard. Mais Henri ne détachait pas le sien des lèvres de l’orateur.
    — Sire, poursuivait Du Bourg – comme emporté par sa conviction – puisque vos édits les plus rigoureux n’ont eu raison des nouvelles doctrines, ne serait-il pas raisonnable d’explorer des voies plus pacifiques ?
    Le magistrat n’était pas au bout de sa démonstration.
    — Pour avoir lu les raisons, bonnes et mauvaises, alléguées de part et d’autre, pour les avoir toutes comparées aux Écritures, j’ai trouvé les arguments évangélistes plus conformes à leur enseignement que ceux du pape, si souvent éloignés de la vraie règle chrétienne !
    Ces derniers mots soulevèrent un tollé dans l’assistance, et le roi lui-même serra les mâchoires. Du Bourg n’était plus à cela près. Il termina en exhortant le monarque à éviter toute alliance avec l’Antéchrist. N’était-il pas à craindre, si les rois, pour complaire à Rome, continuaient d’envoyer au feu leurs sujets, que ce sang innocent ne finisse par retomber sur leur trône ?
    — Toutefois, concéda enfin le magistrat, il est temps encore de changer de voie, et Jésus-Christ a les bras grands ouverts pour pardonner à ceux même qui l’ont le plus offensé.
    Nouveau tollé. Le petit homme fit ses ultimes révérences, puis il alla se rasseoir. Le roi s’efforçait de demeurer impassible. Il demanda calmement l’avis de plusieurs présidents de chambre, puis celui du Premier président Le Maistre. Celui-ci, le souffle coupé par la colère, laissa libre cours à son indignation ; il conclut par un conseil outré, terrible.
    — Enfin je ne saurais mieux faire, dit-il, que recommander à Votre Majesté la fermeté la plus entière, à l’exemple du roi Philippe-Auguste qui, ne serait-ce que pour l’exemple, fit brûler six cents Albigeois en un seul jour !
    Le roi laissa ces fortes paroles résonner dans la grand-salle ; puis il se leva et, d’un ton qu’il voulut sobre, ordonna au connétable de Montmorency de procéder à l’arrestation de Louis du Faur et d’Anne du Bourg.
    Le vieux sanglier se leva donc, descendit lourdement jusqu’au parquet, et dans un silence soudain pesant, s’avança vers les deux conseillers.
    — Vous avez entendu l’ordre du roi, messieurs. Suivez-moi donc !
    Le jeune Du Faur, interloqué, se tourna vers Du Bourg. Celui-ci lui mit la main sur l’épaule et regarda le connétable bien en face.
    — Si ferai-je, monsieur.
    On s’écarta pour les laisser passer. Montmorency marcha droit au capitaine des gardes, le jeune Gabriel de Lorges, comte de Montgomery.
    — Assurez-vous bien de ces messieurs, dit-il.
    Montgomery répondit d’un simple signe de tête.
    Déjà les gardes entouraient les prisonniers... On n’entendait plus, dans la salle, que le vague commentaire du Premier président à l’un de ses assesseurs. Passant à hauteur du roi, le conseiller Du

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