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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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Montgomery, pris de court, éperonna tout aussitôt. Mais il n’avait pas encore pu changer de lance ; celle qu’il arborait était dangereusement brisée...
    Les deux cavaliers foncèrent l’un vers l’autre au grand galop, debout sur leurs étriers. Fracas du choc, raclement des lances sur les écus, dérapage des chevaux dans la poussière : tout cela tétanisa l’assistance. Les deux montures s’affaissèrent sur la croupe ; celle de Montgomery se releva tout de suite, et le cavalier, saisissant l’arçon, s’y rétablit sans peine.
    Mais Le Malheureux, lui, finit la course tout de biais ; le roi, se cramponnant tant bien que mal à l’encolure, vacilla bizarrement, avant de se laisser glisser dans les bras des valets de lice.
    Une clameur d’abomination s’éleva des tribunes.
    Les juges du camp – les maréchaux de Montmorency et de Saulx de Tavannes – accoururent en un éclair ; ils se chargèrent du roi, le portèrent jusqu’à un banc. De la visière de son casque, encore ouverte, dépassaient des pointes de bois sanguinolentes.
    La reine avait serré le dauphin contre elle ; ils s’évanouirent tous deux en même temps. La jeune reine d’Écosse poussait des cris d’horreur. Diane de Poitiers, droite et raide, avait porté ses mains à ses lèvres. La foule des seigneurs prenait possession de la lice.
    Quand on eut retiré le heaume du roi, un flot de sang jaillit du visage, découvrant l’affreux spectacle d’esquilles de bois, longues, fichées dans son oeil gauche. La lance, frappant le front au-dessus du sourcil droit, était venue s’enfoncer dans la tête, profondément, par le sinus opposé ! On tenta d’y voir plus clair en jetant au visage d’Henri un petit seau d’eau mêlée de vinaigre. Puis on réitéra l’opération avec de l’essence de rose. Le roi reprenait connaissance.
    — Silence ! hurla Montmorency en se jetant soudain sur les curieux. Écartez-vous !
    Le jeune Montgomery, exsangue, le regard complètement affolé, vint s’agenouiller tout près du blessé ; il suppliait qu’on le châtiât sur l’heure.
    — Oh, sire, je vous en supplie : faites-moi trancher la main. Celle-ci, la main droite ! Non : qu’on m’ôte plutôt la tête, s’il vous plaît !
    Cette étrange supplique arracha au roi une esquisse de sourire.
    — Rien, eut-il la force de murmurer. Ne vous souciez de rien.
    — Pardon, sire, oh, pardon !
    — Vous n’avez pas besoin de mon pardon, vous avez... Vous avez obéi à votre roi comme... Comme un bon chevalier.
    Le sang, qui persistait à gicler, rendait les paroles du roi difficiles à saisir. On porta le grand blessé jusqu’à l’hôtel royal ; le connétable et le duc de Guise tenaient le haut du corps, M. de Sancerre la tête, le prince de Condé et le vicomte de Martigues les jambes.
    Parvenus au pied du grand escalier, ils durent cependant déposer leur maître ; le roi, qui s’était ressaisi, exigeait en effet de gravir les marches lui-même. On le soutint par les aisselles. A quelques pas derrière, un second cortège portait le dauphin évanoui.
    On étendit le blessé sur le lit de sa chambre ; il faisait des efforts pour joindre les mains, que le connétable arrosa copieusement de vinaigre. L’orbite gauche était affreuse à voir, mais le roi levait au ciel son oeil valide et, faisant le geste de se frapper la poitrine, murmurait déjà la prière des agonisants. Il essaya de transmettre un message.
    — Sire, je vous écoute, dit le duc de Guise qui, lui-même, avait jadis eu le visage percé d’une pointe de lance.
    — J’aurais dû écouter la reine, articula Henri. J’aurais dû...

 
    Paris, hôtel neuf d’Étampes.
    Cent heures, exactement, s’étaient écoulées. Quatre nuits et quatre journées pendant lesquelles, sans presque dormir, sans presque s’alimenter, la duchesse de Valentinois n’avait cessé de déambuler en cercles dans sa chambre. Elle avait interdit qu’on la dérangeât pour autre chose que des nouvelles du roi. Or elle n’en obtenait qu’avec difficulté – elle qui, huit jours plus tôt, régnait encore sur la Cour et savait tout d’Henri, jusque dans les choses intimes !
    Son heure était-elle donc passée ? Peut-être...
    Diane soupirait avec nervosité. Jusqu’à l’annonce éventuelle de la mort du roi – annonce inouïe, et qu’elle ne parvenait pas à seulement imaginer – elle refusait de se laisser enterrer vivante. Elle n’avait pas,

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