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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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soupant avec son ami Millet, de la maison du duc de Guise, il lui révélait tout, dans les moindres détails.
    — Je le fais pour le roi, dit-il, que cette troupe d’insensés voudrait placer sous sa coupe. Il ne faut point toucher au sang de France.

 
    Blois et Amboise.
    Charles de Guise, cardinal de Lorraine, lissait d’un air absent les deux longues pointes de sa barbe. Son regard vif et mobile, faussement jovial, scrutait la moindre réaction sur le visage de son frère aîné ; n’y trouvant rien à déchiffrer, il se mit, par nervosité, à jouer avec l’énorme bague que lui avait offerte sa grande amie la duchesse de Valentinois, quelques semaines seulement avant sa disparition de la Cour... Du reste les Guises, lorgnant sur les possessions de Diane, auraient volontiers contribué à précipiter sa chute, mais la reine Catherine était intervenue pour que la disgrâce fût maintenue dans des limites bienséantes.
    — Je ne sais qui, d’eux ou de nous, aura le dessus, conclut enfin le duc en repliant une missive ; mais je leur souhaite sincèrement de l’emporter. Car, dans le cas contraire, ma vengeance sera sans bornes.
    — Qui vous dit qu’ils n’en disent pas autant de nous ? s’inquiéta Charles dont le courage n’était pas la vertu dominante.
    François dévisagea son frère, et sourit d’un rictus carnassier, qui déformait fâcheusement sa balafre. Il se leva en repoussant la chaise dont les pieds vernis grincèrent sur le superbe carrelage.
    — Je pense qu’ils nous promettent les pires tourments, admit-il. Car cette lutte est une lutte à mort. De son issue dépendra le maintien de la France dans la chrétienté, ou son glissement dans l’hérésie barbare.
    À force de tourner sur le gant écarlate, la bague glissa et tomba sur le sol, rebondissant avec un bruit sinistre. Le cardinal y vit un présage.
    — Ne devrions-nous quitter la Loire et nous réfugier le plus loin possible ?
    Cette fois, le duc rit de bon coeur.
    — Nous allons quitter Blois, concéda-t-il, mais sûrement pas la Loire.
    Il se baissa, ramassa la bague, la mit à son doigt pour juger de l’effet puis, sans prévenir son frère, la lui lança comme une balle de paume. Le cardinal la rattrapa d’un geste précis.
    — Nous allons mettre le roi et sa famille en lieu sûr, précisa François. À Amboise, par exemple, dont la taille, plus modeste, et la situation plus sûre, me permettront d’organiser notre défense.
    — La question, intervint Charles, est de savoir ce que feront les grands chefs huguenots {66} .
    — Vous voulez parler d’Andelot, de Condé, de Bourbon ?
    — Je pensais surtout à Coligny.
    — Coligny n’est pas vraiment des leurs... Il a trop à gagner encore dans le giron du connétable...
    — Pensez-vous qu’ils viendront nous porter l’estocade ?
    — Sincèrement ? Non.
    Le duc de Guise s’approcha d’une fenêtre dont les plombs, constellés de gouttelettes, brillaient au soleil de mars.
    — Simplement il convient de s’en assurer. Je vais les convoquer au plus vite. À Amboise, donc...
    Le cardinal s’assura que la bague avait bien repris sa place.
    — Partons, approuva-t-il, ne restons pas ici !
    Depuis qu’à Noyon, Simon avait fui cette auberge par les derrières, tout avait changé entre Françoise et La Forest. Des mois durant, le Périgourdin avait écumé Lausanne, puis Genève ; il y avait croisé bien du monde ; pis : il y avait épousé une certaine Guillemette de Louvain, fille d’un obscur Roignac... À la stupéfaction générale, il était donc rentré de Suisse aussi droit, aussi fidèle, qu’il y était parti débauché.
    — Je t’avais prévenue, disait Simon. Ce n’était pas un homme pour toi.
    — La dernière fois que vous m’avez dit qu’un homme me convenait...
    En vérité, c’était la duchesse d’Étampes qui, une semaine plus tôt, avait alerté Françoise : son grand ami allait prendre la tête d’un complot insensé contre la couronne. « Ces choses-là finissent toujours mal, avait prédit l’ancienne favorite. Croyez-moi, il y perdra la vie. »
    Alors, n’écoutant que son coeur, une fois de plus, Françoise était allée chercher son oncle elle-même, à Ourscamp. Faisant vibrer sa corde sensible, elle l’avait convaincu de l’accompagner jusqu’à ce Val de Loire où devait s’effectuer le coup de force...
    — Nous le trouverons, disait-elle, et nous le dissuaderons.
    Ils avaient

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