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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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emprunté deux chevaux aux moines cisterciens, s’en étaient laissé voler un dans un relais, à Vendôme, avaient fini le voyage à deux sur la même monture...
    Restait cependant le plus difficile : retrouver la trace du « soldat errant ».
    Le vieux sanglier observait, depuis le balcon d’Amboise, la Loire qui, langoureusement, sinuait entre l’île d’Or et ses îlots dans un couchant doux et mauve. Depuis la mort du grand roi Henri – Dieu ait son âme – et l’avènement de cet étourneau maladif, il s’était vu tenir, par les Guises, le plus loin possible des cercles de décision. En même temps, le Balafré s’attachait à le garder à portée de vue, histoire de s’assurer qu’il ne comploterait pas dans l’ombre... « Précaution superflue, se disait Montmorency, car je me fais vieux. » Mais en vérité son esprit, toujours agile, savait bien que les bras et les jambes de ses neveux Châtillon pouvaient, au besoin, seconder les siens...
    De l’oeil du connaisseur, le connétable se fit une idée du dispositif mis en place par les Guises autour de la demeure royale. Les effectifs en étaient plutôt modestes, mais la place, en à-pic sur la falaise et mise en défense, serait très difficile à prendre. À moins que l’assaillant ne disposât de forces considérables, ce qui paraissait douteux.
    Où se cachait-il, au demeurant ? Où ces prétendus conjurés armaient-ils donc les arcs, les bombardes, les arquebuses avec lesquels ils viendraient prendre d’assaut l’aire du jeune monarque ?
    — Quelle paix trompeuse ! lui siffla dans l’oreille le cardinal de Lorraine. On dirait, à voir ces martinets dans le ciel, que rien ne couve. Que rien ne se trame...
    — Nos querelles humaines affectent peu les oiseaux, répondit le connétable avec une bonhomie cachant mal la plus cinglante ironie.
    Ils rentrèrent. Dans le grand cabinet, François de Guise, visiblement tendu, jaugeait les frères de Châtillon : non seulement Gaspard de Coligny et François d’Andelot, mais aussi Odet, le cardinal.
    — Vous qui fréquentez certains milieux, demandait le duc au second, m’assurez-vous que les... Évangélistes du royaume refuseront leur aide aux conjurés ?
    — Ceux que vous nommez « conjurés » n’ont pas le soutien de Genève, répondit d’Andelot. Ils n’auront donc pas celui des ministres {67} parisiens. Cela les condamne à coup sûr à l’échec.
    — Vraiment !
    — À condition naturellement, précisa Coligny, que la couronne fasse un geste notoire envers les Réformés...
    Cette restriction, au lieu de gêner Guise, le rassura ; elle indiquait que son véritable adversaire, l’amiral de France, songeait à marchander sa neutralité. Or le duc, fin stratège, préférait les assurances achetées aux garanties par trop gratuites.
    — Et que seriez-vous prêt à regarder comme « un geste notoire » ?
    Curieusement, c’est le connétable, si peu suspect d’hérésie, qui lui répondit. Le politique, ici, prenait le pas sur le fidèle.
    — Amnistie et liberté ! asséna-t-il.
    — Ce que veut dire mon oncle, commença le cardinal de Châtillon...
    — Il a très bien compris, le coupa Montmorency.
    — Amnistie pour les crimes d’hérésie ; et bien sûr liberté de culte, confirma François de Guise.
    Il échangea un regard avec son frère ; le cardinal de Lorraine semblait offusqué.
    — Il est à craindre, estima l’aîné, que malheureusement l’Église...
    — Il est à craindre, l’interrompit Coligny, que l’Église ne soit bientôt plus en mesure d’imposer quoi que ce soit en France !
    — Ha raison, concéda le cardinal de Lorraine.
    — Il a raison, reprit son frère. Bien... Dans ce cas, je vais préparer un texte que nous signerons dès que possible.
    — Et pourquoi pas tout de suite ? insista Coligny.
    — Nous attendrons, si vous le voulez bien, l’arrivée du prince de Condé, expliqua le duc de Guise. Son paraphe au bas d’un tel acte me paraît d’une importance capitale.
    Tout le monde en convint. Si bien qu’au sortir de là, les Châtillon eurent sans doute le sentiment d’avoir dominé le cours d’un entretien dont ils n’étaient que les dupes {68} .

 
    Châteaux d’Amboise et de Noizay.
    Parmi les bras armés de La Forest, le capitaine Jean de Ferrières était celui qui, à première vue, inspirait le plus naturellement confiance. À quarante ans, son long visage hâlé, sa barbe et ses cheveux

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