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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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l’un à l’autre !
    Ils approchaient d’Amboise quand, de nouveau, le chef leva la main. Tous s’arrêtèrent ; ils devaient être une petite quarantaine.
    — Pour toi, dit-il à Françoise, l’histoire s’arrête ici.
    — Non ! gémit-elle.
    Elle n’en pouvait plus, de ce fatalisme sanglant.
    — Et que prétends-tu faire ?
    — Je veux me battre avec vous, mourir avec vous. Ne suis-je pas digne d’être des conjurés ?
    — Nous n’allons peut-être pas mourir, s’amusa Godefroy. Mais si tu continues à nous faire perdre du temps, je ne donne pas cher de nos vies...
    — Non ! gémit-elle de nouveau.
    — Françoise, murmura La Forest, il faut que tu apprennes à dire « oui » aux évidences.
    Ils s’éloignèrent vers la ville, laissant la malheureuse tout éplorée sur son cheval écumant. D’un peu loin, il lui sembla que Godefroy se retournait et lui disait qu’elle était digne d’être conjurée...
    Le soir, en franchissant, désarmée, pied-à-terre, les portes de la ville, elle apprendrait que le « scélérat du Périgord », accompagné de ses complices Cocqueville et Deschamps et de toute une troupe indomptable, avaient attaqué la place à un contre dix... La plupart d’entre eux y avaient laissé la vie, mais pas La Renaudie qui, tel un diable, était encore passé au travers !
    Ce qu’il restait de cavaliers, autour de Godefroy, n’était plus qu’une bande errante, comme les survivants d’un naufrage. Ils déambulaient, sans vrai but, entre le Cher et la Loire, entre Chenonceaux et Chaumont. Vivant le plus possible en forêt pour se tenir à couvert, ils devaient se méfier de tout : des loups, des habitants hostiles, et surtout des bandes armées qui, sur ordre des Guises, sillonnaient le pays à leurs trousses.
    C’est ainsi qu’en pleine clairière, ils finirent par croiser un escadron monté. Son chef, un dénommé Pardaillan, était parent de La Forest. Les deux compagnies n’eurent besoin d’ordres ni d’un côté ni de l’autre. À peine les cavaliers s’étaient-ils entrevus qu’ils fondirent sur l’ennemi, hurlant de peur et de hargne, se jetant, pique en avant, les uns contre les autres. Le bruit mat des coups, le martelage des sabots sur le sol, les cris des guerriers, les hennissements des montures, tout cela fit un effroyable vacarme ; le sang jaillit, des membres et des têtes volèrent.
    Les conjurés, harassés par leur interminable chevauchée, se battaient presque à un contre deux. Ils n’en luttèrent que plus ferme, jetant dans cet affrontement désespéré leurs ultimes forces rassemblées.
    Godefroy, dans ce tumulte, avait repéré son parent. Tuant un adversaire, puis un autre, il parvint à s’en approcher et, attrapant une pique aux mains d’un compagnon éventré, eut l’habileté de la porter dans la visière de Pardaillan, lui infligeant la même blessure mortelle que Montgomery au roi Henri ! Mais il ne profita pas de son exploit ; le page du blessé, outré de voir ainsi finir son maître, venait de tirer un coup d’arquebuse qui, d’une même détonation, mit fin au combat comme aux jours du Périgourdin. On le vit se pencher sur l’arçon, perdre le contrôle de son cheval, balancer de droite et de gauche. Il était mort.
    Les compagnons de Pardaillan portèrent le corps de La Renaudie jusqu’à la ville, comme un trophée qu’ils se passaient de main en main. On le hissa jusqu’au château, pour le montrer au roi et à la Cour ; on le redescendit au marché, où il fut lié au pilori, surmonté d’un panonceau qui indiquait : « La Renaudie, dit La Forest, chef des rebelles ». Un garnement vint lui couper le nez, ce qui fit craindre que la foule ne vînt l’écharper.
    Alors les bourreaux s’en occupèrent eux-mêmes. Déposant le chef des conjurés sur l’échafaud, ils le dépouillèrent et, sous les yeux de la foule, plantèrent sa tête sur une pique, découpèrent son corps en quatre quartiers qu’ils clouèrent sur des pieux, aux deux extrémités du pont.
    C’est ce que découvrit Françoise quand, s’étant reposée au relais d’Onzain, elle revint à Amboise, le 20 mars, comme elle l’avait promis à son oncle. Elle commença par se voiler le visage, sans sacrifier au hideux spectacle, mais ce fut plus fort qu’elle : il fallut qu’elle levât les yeux vers les restes immondes de son ancien amant, qu’elle eut la souffrance de reconnaître.
    Les douze coups sonnaient à la tour

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