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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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capable de faire trembler l’Europe. Car elle tremble à nouveau : dès février de la nouvelle année (1668) notamment, lorsque le Grand Condé, le frondeur repenti qui avait mis autrefois son bras au service de l’Espagne, s’empare sans coup férir de Besançon, de Salins et de Luxembourg ! La guerre a repris. Alors, le roi de France, délaissant un instant ses chères amours, brûlera le pavé, franchira 80 lieues en cinq jours et rejoindra l’armée du prince retrouvé... et tout ira très vite. En deux semaines la Franche-Comté sera quasi conquise.
    Retour à Saint-Germain : Athénaïs s’y impatiente. Athénaïs est amoureuse. Athénaïs est jalouse de La Vallière qui n’a pas encore été officiellement évincée. Deux favorites en même temps ! En calèche, Louis aime à se montrer avec l’une à sa droite et l’autre à sa gauche. À Saint-Germain, pour se rendre chez Mme de Montespan il doit emprunter les appartements de La Vallière. Aussi ne sait-on pas vraiment à laquelle il rend hommage. Et c’est de cela qu’Athénaïs enrage. Elle ne supporte plus cette ambiguïté !
    Quant à la Reine, elle est enceinte pour la cinquième fois. Bientôt le premier duc d’Anjou verra le jour.
    Car à sa manière Louis XIV est fidèle. Il n’oublie pas Marie-Thérèse. C’est chez elle, en effet, qu’il passe une partie de ses nuits : pour y dormir ! La princesse Palatine sourit : « Il couchait toutes les nuits dans le lit de la Reine, mais ne s’y comportait pas toujours comme le tempérament espagnol de cette princesse le désirait. »
    Au printemps, la paix est signée à Aix-la-Chapelle. Par ce traité il est dit que la France conservera une douzaine de villes flamandes – dont Lille –, mais restituera la Franche-Comté. (Auparavant on y démantèlera les places fortes, on ne sait jamais !) Louis XIV n’est qu’à demi satisfait de ces clauses, mais il est probable qu’il envisage déjà de les retoucher un jour ou l’autre. A demi satisfait, mais nullement fâché ; il tient à célébrer sa victoire : à Versailles. Il y prévoit une fête éblouissante.
    Versailles, en 1668, ce n’est encore qu’une demeure sans ostentation, c’est, selon Mlle de Scudéry, « la petite maison de campagne du plus grand roi de la terre ». Trois corps de logis, une colonnade, des toits à la française. Plus de confort que de luxe, sans doute, mais plus de charme que de confort. Côté jardin, c’est la perfection. Saint-Germain a ses terrasses, Fontainebleau offre sa forêt, Versailles a ses jardins. Une belle fête donc, dont se souvinrent les trois mille personnes qui se pressèrent aux grilles du parc. Une fête lors de laquelle Louise de La Vallière parut être encore maîtresse de coeur du Roi, alors que nul n’ignorait plus qui régnait sur ses sens.
    Et au fin fond de son Roussillon, M. de Montespan, qui lui-même n’ignorait plus, s’inquiéta soudainement. Début juin, impromptu, il avait demandé au Roi un congé pour revenir à Paris. Le 14 du même mois, sans méfiance, puisque conseillé par Louvois, Louis XIV avait répondu ce qui suit : « Ayant considéré que votre présence n’est plus nécessaire à mon service aux lieux où vous êtes, je vous fais cette lettre pour vous dire que je trouve bon que vous veniez par deçà et alliez partout où vos affaires vous appelleront. »
    Ses affaires l’appellent à Versailles ! Montespan ne se le fait pas dire deux fois. Il galope, il bondit, il surgit à la cour en fête. Le rouge au front. À cet instant, Athénaïs, prévoyant le pire, joue – car elle était joueuse ! cartes sur table. Habileté ou sincérité ? Toujours est-il, s’il faut croire Saint-Simon – qui n’était pas né ! qu’elle avertit son mari « du soupçon de l’amour du Roi pour elle. Elle ne lui laissa pas ignorer qu’elle ne pouvait plus en douter. Elle le pressa, le conjura avec la plus forte insistance de l’emmener dans ses terres de Guyenne et de l’y laisser jusqu’à ce que le Roi l’eût oubliée ou se fût engagé ailleurs ».
    Mais la mouche l’avait piqué, il ne voulut rien entendre, il jeta de hauts cris, il se déchaîna, il gifla ! « L’époux privé de ses droits ne put contenir sa fureur et le plus vigoureux soufflet appliqué sur le plus beau visage de la cour en tripla le coloris... »
    Mais ce n’était qu’un coup de sang. La colère du capitaine Fracasse allait être terrible. Et elle

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