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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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l’hôtel ; il fut reconduit chez lui par la personne qui l’avait amené.
    — N’oubliez pas en pareille circonstance, lui dit-il en la quittant, que je suis votre très humble serviteur. »
    Cet invraisemblable épisode nous amène à quelques réflexions. Touchard-Lafosse s’est inspiré du récit tout simple d’une scène lue dans La France galante de Bussy, scène qu’il a copieusement « arrangée ». Il parle d’un premier fruit – un gros garçon – de la royale galanterie de Mme de Montespan : il se trompe par deux fois. S’il s’agit du premier fruit, c’est une fille, née en mars 1669. S’il s’agit d’un gros garçon, c’est le deuxième accouchement d’Athénaïs, celui de mars 1670. D’autre part son récit fait mention d’un hôtel : il s’agit dans ce cas de la première naissance (les couches eurent lieu dans une maison écartée, écrit le duc de Noailles), car le deuxième bambin verra le jour au château de Saint-Germain.
    À force de cligner... l’ OEil-de-Boeuf finit par ne plus voir très clair ! En réalité, Touchard-Lafosse a tout bonnement mélangé les deux maternités. À lire Mme de Caylus, le verre de vin servi par le Roi à l’accoucheur aux yeux bandés doit être attribué au premier accouchement. Il est vrai, cependant, que lors du second, le Roi ne quitta pas un instant sa maîtresse et « souffrit de ses douleurs jusqu’à se laisser déchirer ses manchettes de dentelles » ; émotion qu’il n’avait jamais connue avec Marie-Thérèse. Elle avait jusqu’alors vécu cinq accouchements, il ne l’avait jamais assistée, pas même pour la naissance du Dauphin.
    À peine le temps d’emmailloter le rejeton, on l’entortille seulement dans un lange, on le confie à Lauzun, qui le camoufle sous son ample manteau, traverse aussi discrètement que possible la chambre de la Reine qui ne s’aperçoit de rien, gagne la grille du petit parc de Saint-Germain, où Mme Scarron l’attend dans son carrosse. Direction l’hôtel de Vaugirard, une maison achetée par le Roi, richement pourvue d’équipages et de domestiques, dans laquelle la future Maintenon élèvera avec amour le futur duc du Maine.
    Athénaïs en était donc déjà à sa quatrième maternité : deux petits Montespan et deux petits Bourbons. Elle semblait parfaitement supporter cet état et ne fut pas longue à se relever. Il le fallait, d’ailleurs, puisque un mois à peine après la naissance de son fils adultérin, la cour prenait le chemin des Flandres et il n’était pas question qu’elle restât seule à Saint-Germain. Madame – Henriette – était du voyage, elle aussi, malgré une santé déplorable. Elle souffrait en effet d’horribles maux d’estomac et ne s’était jamais bien remise de la naissance de sa fille Anne-Marie, dernier enfant d’un couple si mal appareillé. Elle était du voyage, car elle devait embarquer à Dunkerque et gagner Douvres pour aller s’acquitter auprès de Charles II, son frère, d’une importante mission diplomatique : la signature d’un traité secret par lequel le Roi anglais déclarait son intention de se faire catholique alors que le Roi français lui assurait une aide financière et militaire. En contrepartie, Charles II s’engageait à déclarer la guerre aux Provinces-Unies et à soutenir les droits éventuels de Louis XIV sur le trône d’Espagne.
    Le voyage en Flandre : c’est par une des rares lettres d’Athénaïs à son frère le duc de Vivonne que nous en saurons quelques prouesses. Lisons plutôt :
    « Que j’aurais eu tort de suivre votre avis et de rester à Paris où l’on doit s’ennuyer depuis le matin jusqu’au soir, la grande majorité des gens aimables ayant suivi la cour en Flandre ! Vous croyez peut-être que nous éprouvons ici les terreurs attachées à l’état de guerre, que nous politiquons, que nous sommes entourés de morts et de blessés ; non, mon frère, non, rien de tout cela ne trouble la joie qui ne nous a pas quittés depuis notre départ. D’abord, nous avons fait la route très commodément. Il n’y avait dans le carrosse du Roi {16} que la Reine, Madame et moi. Les acclamations les plus flatteuses précédaient et suivaient Leurs Majestés. Madame, qui possède toutes les grâces du corps et de l’esprit, avait sa part des acclamations. Je pourrais aussi vous confier tout bas que je crois qu’il y avait quelques petites choses pour moi ; car, depuis, étant sortie seule,

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