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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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de Gondrin, il était archevêque de Sens et primat des Gaules. Son âme inclinait un peu vers la doctrine de Jansénius, cela suffisait pour qu’il ne fût guère prisé du Roi, mais de surcroît, il était l’oncle du Montespan bafoué ! Mme de Motteville nous affirme qu’il avait « beaucoup de lumières et de hauteurs dans l’âme », qu’il était « plein de l’esprit du monde », « qu’il soutenait toujours dignement la grandeur et la puissance de l’Eglise » et que « sa réputation était nette du côté des femmes ».
    Jusqu’à un certain point ! Car elle ne fait aucune mention de la cour assidue qu’il fît un temps à la veuve Scarron. Il la trouvait – citons-le « fort belle et avec une gorge très bien faite ». Il eut même le front de donner un souper en son honneur, soirée qui fut d’ailleurs glaciale, la future Maintenon y étant demeurée figée. « Nous étions au printemps, mais il y avait un pied de neige dans cette salle », observa Mme de Coulanges.
    « Il aimait trop l’intrigue et la cour et peut-être que sa vanité, plutôt que sa vertu, le faisait agir vertueusement », ajoute encore la fine Françoise de Motteville.
    Vif comme on sait l’être en Gascogne, sanguin comme un Gondrin, l’archevêque-primat va subitement se fâcher, se transporter chez Athénaïs, l’accabler de reproches et, paraît-il, la souffleter. Une scène violente, mais trop intime à son gré. Car il estime que le scandale doit éclater, l’abcès être percé. Si bien que, le lendemain, ne craignant pas de braver les foudres royales, il montera en chaire et osera tonner contre le double adultère du Roi et de la Montespan sa maîtresse !
    Jugez du courroux de Louis XIV ! Il n’y avait qu’une sentence possible : ordonner au vengeur de regagner son diocèse. Ce qu’il fit, d’ailleurs, mais le temps seulement d’y faire publier les anciens canons flétrissant cette violation de la loi religieuse. Après quoi il réapparut à Fontainebleau, où était la cour, et brandit quelques menaces d’excommunication. Aussi le Roi se voila-t-il la face et fit-il la sourde oreille.
    Bientôt Bossuet, entre deux oraisons funèbres, reprendra ce flambeau des anathèmes allumé par Mgr Pardaillan de Gondrin. Auparavant il aura convaincu La Vallière de s’éloigner de la cour, de se retirer au cloître, de prier, de tenter de sauver son âme...
    Mais ne brûlons pas les étapes : pour l’heure, la France a trois reines : « Celle qui est, celle qui a été, celle qui n’ose pas être... » Trois reines qui se supportent difficilement l’une l’autre si l’on veut croire Mme de Sévigné et cette lettre de sa plume, une lettre codée. « La Rosée et le Torrent se sont liés d’une confidence réciproque et voient tous les jours le Feu et la Neige. Vous savez que tout cela ne pourra être longtemps ensemble sans de grands désordres. » Naturellement, le Feu, c’est le Roi ; la Rosée, Louise ; Athénaïs, le Torrent... ne reste que la Neige à attribuer à Marie-Thérèse !
    Avantage très net pour Athénaïs cependant, et qui en abuse ! Elle tourne souvent Louise en ridicule, raconte Mme de Caylus, « affecte de se faire servir par elle, donne des louanges à son adresse et assure qu’elle ne peut être contente de son ajustement si elle n’y met la dernière main... ». « Mme de La Vallière s’y portait de son côté avec tout le zèle d’une femme de chambre dont la fortune dépendrait des agréments qu’elle prêterait à sa maîtresse. » Mais ce n’est pas tout, surenchérit la Palatine (qui n’était pas encore arrivée à la cour !), «la Montespan, qui avait plus d’esprit, se moquait d’elle publiquement, la traitait fort mal, et obligeait le Roi à en agir de même. Il fallait traverser la chambre de La Vallière pour se rendre chez la Montespan. Le Roi avait un joli épagneul appelé Malice ; à l’instigation de la Montespan, il prenait ce petit chien et le jetait à la duchesse de La Vallière en disant : — Tenez Madame, voilà votre compagnie, c’est assez ! »
    Athénaïs ne craignait pas non plus de railler la reine Marie-Thérèse. Quand on lui raconta, par exemple, que lors d’une de ses promenades Marie-Thérèse avait vu tout à coup, au passage d’un gué, son carrosse se remplir d’eau, elle lança :
    — Ah ! Si nous avions été là, nous aurions crié : la Reine boit !
    Il paraît que le Roi, à cette

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