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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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Cependant, ajoute notre informateur, cette nuit scandaleuse porta un coup fatal à la bassette. Trop c’était trop. Coup de colère de Louis XIV.
    — Madame, se courrouça le Roi, les femmes qui aiment le jeu, n’aiment que le jeu !
    Il se trompait : Athénaïs aimait le jeu, l’ambition et l’amour.
    Toujours est-il que la bassette, dès lors, sera interdite dans tout le royaume. Nul doute que cette mauvaise aventure de la favorite dut réjouir le sévère La Reynie.
    Athénaïs, on le constate, vivait donc fastueusement : grâce aux largesses royales qui n’étaient pas simplement destinées à combler les déficits des parties de hombre ou de troumadame. En 1677 par exemple, en l’espace de quinze jours seulement, Colbert mettra à sa disposition « ainsi que le Roy le lui avait ordonné avant son départ » la somme de 97 500 livres. Pour de menus plaisirs, sans doute.
    Elle était puissante, le Roi ne savait rien lui refuser. Mais le plus extravagant de ses caprices fut certainement de souhaiter avoir un jour son propre bâtiment de guerre ! L’affaire nous a été révélée par l’infatigable chercheur qu’était Augustin Jal, historiographe de la Marine, mort à Vernon en 1873, et elle mérite d’être mieux connue.
    Nous sommes à Audenarde {20} sur l’Escaut, en mars 1678. Louis XIV est venu surveiller les préparatifs du siège de Gand. Athénaïs est du voyage. Un jour, une conversation de cour s’engage sur les moyens que possède le royaume de France d’anéantir, par une guerre à outrance, sur mer, la Hollande et l’Espagne qui s’obstinent vraiment dans leurs hostilités. Athénaïs est attentive, puis se tourne vers son amant et intervient : elle aussi souhaiterait courir sus à ces insolents qui désolent le commerce français et, puisqu’elle ne peut elle-même monter sur un des hardis navires de Dunkerque ou de Calais, du moins aimerait-elle, avec l’agrément de Sa Majesté, faire un bon armement pour la course. Et elle ajoute qu’elle mettrait volontiers sa fortune sur un vaisseau si le Roi voulait lui en prêter un, fin voilier, rapide, bien armé, monté de bons matelots des cantons de La Rochelle et commandé par un gentilhomme jaloux de l’honneur d’un pavillon qui serait à la fois le sien et celui du monarque.
    À cette époque la favorite était grosse du comte de Toulouse, dernier fils qu’elle donnerait au Roi.
    Louis XIV sourit. L’idée lui plaît, et, qui plus est, on ne contrarie pas une femme enceinte. Il fait appeler sur-le-champ le marquis de Seignelay. On peut imaginer la scène :
    — Notez, Monsieur le Secrétaire d’État à la Marine, et transmettez à votre père.
    Et le fils de Colbert d’enregistrer cette lettre demeurée inédite jusqu’à Augustin Jal : « Mme de Montespan veut armer un vaisseau et le Roy m’a ordonné d’en prendre soin. Comme c’est un détail auquel il faut donner ordre j’ai cru pouvoir n’en charger personne qui s’en acquittât mieux que Bonrepaus à qui j’écris sur ce sujet pour ce qui regarde les vivres et pour les avances à faire pour cet armement auquel Mme de Montespan m’a prié de donner ordre. J’écris aussi au Sr de Seuil {21} pour faire passer au Havre cent des matelots des équipages levés à La Rochelle ; Mme de Montespan l’ayant ainsi souhaité en présence du Roy. J’écris à Desclouseaux – au Havre de Grâce – sur le même sujet pour préparer l’Adroit ou le Croissant. Camp d’Oudenaarde, ce 5 mars 1678. »
    Détail piquant, en marge de cette lettre figurant aux archives de la Marine Colbert griffonnera cette apostille : « Bon, savoir si le Roy fera la dépense. »
    Il la fit !
    Il la fit, pour un vaisseau du port de Brest, le Comte, avec un capitaine répondant au joli nom de Louis de La Motte Grenouillé (un Poitevin !) et deux cents hommes venant des îles d’Alvert et du port de La Tremblade (situé à deux lieues de Rochechouart !).
    Hélas, la paix allait couper court à cette lubie de femme enceinte. L’entreprise n’eut aucune suite. Le navire-corsaire d’Athénaïs ne combattit jamais et Louis de La Motte-Grenouillé – qui était gras et lourd – continua de couler des jours paisibles.
    Quelques semaines plus tard, Mme de Montespan mettait au monde le comte de Toulouse, lequel deviendra un homme de mer distingué et un sémillant amiral de France. Faut-il voir là une relation de cause à effet ?
    Athénaïs était vraiment

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