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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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soit beau, deux paires de pendants d’oreilles, l’une de diamants, que je veux qui soient beaux, et une de toutes pierres ; une boîte et des attaches de diamants, une boîte et des attaches de toutes pierres, dont les pierres se pourront lever à toutes deux ; il faut avoir des pierres de toutes couleurs pour en pouvoir changer. Il faut aussi une paire de pendants d’oreilles de perles. Il faut aussi quatre douzaines de boutons dont on changera les pierres du milieu ; le tour étant de petits diamants, tout ira bien dessus. Il faut pour cela préparer des pierres que je veux qui soient belles... il faudra faire quelque dépense à cela ; mais elle me sera fort agréable, et je désire qu’on la fasse sans se presser. Mandez-moi les mesures que vous prendrez pour cela et dans quel temps vous pourrez avoir tout... Que ce qui doit être propre soit fait avec soin et que ce qui doit être beau le soit. »
    «... Que je veux qui soit beau ! » insiste Louis Soleil, car rien à ses yeux ne l’était trop pour l’étincelante Athénaïs, qui avait tous les droits et à qui il pardonnait beaucoup. Un exemple ? Les dettes de jeu de la marquise : elles étaient considérables. Et qui d’autre que le Roi supportait ces pertes ? La plupart du temps, il les épongeait sans renâcler ; des dettes fort lourdes pour la caisse du trésor royal, car Athénaïs était une joueuse effrénée... qui gagnait quelquefois, mais perdait trop souvent !
    « Le jeu de Mme de Montespan, écrivait, le 13 janvier 1679, le comte de Rébenac, est monté à un tel excès que les pertes de 100 000 écus sont communes. Le jour de Noël, elle perdait 700 000 écus ! » « On a ouvert, ajoute Mme de Scudéry, chez Mme de Montespan une loterie dont le gros lot sera de 100 000 livres et il y en aura cent autres de chacun 100 livres. Les billets sont d’un louis. »
    Mais à quoi jouait-elle quand elle n’organisait pas ces loteries dont les bénéfices n’étaient pas destinés aux oeuvres charitables ? Eh bien, elle s’adonnait à la bassette, au reversi, au lansquenet ou au hoca.
    Pour le hoca, jeu de hasard italien dont on a dit parfois qu’il avait été introduit en France par Mazarin lui-même, il suffisait d’une table divisée en trente cases, de trente billets numérotés mélangés dans un sac, et l’on piochait. Si le billet extrait correspondait, par bonheur, à la case choisie, on emportait vingt-huit fois sa mise ! Une sorte de petit biribi {19} en somme. Le hoca, selon le lieutenant de police Nicolas La Reynie, était le plus dangereux de tous les jeux. « La preuve, écrit-il, c’est que les Italiens qui sont capables de juger les raffinements des jeux de hasard ont reconnu en celui-ci tant de moyens différents de tricher qu’ils ont été contraints de le bannir de leur pays. Deux papes, même, après avoir connu les friponneries qui s’y étaient faites dans Rome, l’ont défendu sous des peines rigoureuses. Dans Paris, il cause de tels désordres qu’il faudrait en obtenir l’interdiction. »
    Un voeu pieux de La Reynie puisque la cour l’avait adopté et qu’en une seule nuit – selon Trichâteau – Mme de Montespan avait pu regagner les cinq millions qu’elle avait perdus. Une autre fois, en revanche, c’était le 4 mai 1682, « elle perdit au hoca plus de 50 000 écus »... soit deux fois moins que Monsieur qui fut contraint de mettre toutes ses pierreries en gage.
    Pour jouer au lansquenet, à la bassette ou au reversi, il n’était besoin que de cartes, de chance... et de force pistoles. La pistole valait dix livres. Le reversi, d’origine espagnole, avait la préférence du Roi. Il se jouait entre quatre, c’était une sorte de poker avant l’heure, la plus solide figure était l’espagnolette, formée de trois as et du quinola, c’est-à-dire le valet de cour, la plus forte carte du jeu.
    Le lansquenet n’était autre qu’un énorme reversi puisqu’il se disputait avec six jeux de 52 cartes !
    La bassette, quant à elle, fit de sérieux ravages dans la cassette royale. Il est vrai qu’on pouvait perdre ou gagner 50 ou 60 fois en un quart d’heure. Selon Bussy, qui est toujours bien informé de toutes les choses de la cour, une nuit de février 1679, Athénaïs perdit 400 000 pistoles contre la banque, somme qu’elle regagna sur le matin. Mais comme elle voulut persévérer et que perseverare diabolicum est... le Roi dut éponger une nouvelle dette !

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