Madame de Montespan
aucun préjudice à ses enfants, désirant au contraire contribuer autant que possible à maintenir l’éclat de sa maison et l’éducation de ses dits enfants selon leur qualité ».
En bref, elle souhaite un arrangement. Il sera signé le 21 juillet. Il stipulera que le remboursement de la dot ne sera plus exigible qu’après la mort du marquis et que les 4 000 livres de pension alimentaire seront affectées à l’éducation des enfants. En outre, Athénaïs acceptait de payer une partie des dettes de son mari jusqu’à concurrence de 90 000 livres.
Un beau geste, apparemment. Mais modeste, somme toute, à comparer aux sommes que son amant investit pour elle dans des cadeaux qui, par exemple, ressemblent à Clagny et s’évaluent à quelque trois millions, soit le quart du budget de la Marine !
Un geste qui lui permettra également, le moment venu, de pouvoir mettre son grain de sel dans l’éducation de son fils. Jusqu’à présent, le jeune Antin était resté aux mains d’un précepteur appelé à faire une grande carrière de prédicateur : l’abbé Anselme {23} . Cet Antoine Anselme dont on s’arrachera bientôt les sermons – il faudra même les retenir quatre ou cinq ans à l’avance ! –, ce prêtre remarquable qui mourra immortel {24} , était originaire de L’Isle-Jourdain, petite bourgade sise dans le Gers, qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme de la Vienne (l’erreur a parfois été commise). C’est donc lui qui, au château de Bonnefont, commença de former le coeur et l’esprit du petit marquis sans se douter, probablement, que son élève deviendrait le plus parfait des courtisans. Antin, en revanche, envisageait déjà, dès son plus jeune âge, d’embrasser cette carrière de flatteur. Un court extrait de ses Mémoires nous le prouvera : « J’ai pensé de bonne heure et même pendant que j’étais dans notre château de Bonnefont en Guyenne. Il n’est pas possible que des domestiques, et surtout des femmes, ne parlent entre eux de choses aussi marquées que l’aventure de M. de Montespan. Comme elles comptaient que j’en profiterais et, par conséquent, qu’elles en auraient leur part, elles me parlaient toujours à l’insu de mon père, du Roi, de la cour, des grands biens et fortunes qui m’attendaient. Je me laissai donc aller à l’amour des grandeurs. Le penser m’en parut doux. J’y rêvais seul, quelquefois, et faisais avec mes femmes mille châteaux en Espagne... »
Antin ou le plus consciencieux des courtisans ! Il sera toujours le plus empressé à prévenir tous les désirs du Roi. Deux exemples : un jour de septembre 1707, il reçoit Louis XIV dans son château de Petit-Bourg. Tour du propriétaire, promenade dans le parc... halte du Roi qui constate :
— Tout cela est bel et beau, mais il est regrettable que cette allée d’arbres nous masque le cours de la rivière !
Le lendemain matin tous les arbres étaient abattus et le Roi à son réveil avait vue sur les eaux !
Il sera coutumier du fait, notre duc d’Antin, avec lui les bûcherons ne chômeront pas !
Autre promenade avec le Roi, mais à Fontainebleau cette fois :
— Ce bouquet d’arbres n’est pas très élégant, observe le souverain.
Dans la nuit le courtisan s’affaire et le lendemain, tous les troncs tomberont comme par enchantement sous les yeux du Roi-Soleil satisfait.
Le grain de sel d’Athénaïs dans l’éducation de son fils ? Le père souhaite installer l’enfant dans un collège de Paris, elle refuse. Songeant sans doute que ce placement favoriserait d’inopportunes visites de son mari en la capitale. Peut-être aussi fallait-il le cacher, comme une faute ? Elle refuse et ordonne qu’il aille étudier chez les jésuites de Moulins.
Pour sa fille, la petite Marie-Christine, les problèmes d’éducation ne se poseront pas, hélas !, puisqu’elle rendra l’âme – selon les archives de Toulouse « le cinquiesme d’avril de l’année 1675, dans la paroisse de Saint-Étienne » et qu’elle sera inhumée « lé sixiesme du dit mois et an dans l’église Notre Dame de la Dalbade ». Marie-Christine de Gondrin de Montespan mourut en sa douzième année.
Autre disparition, celle de Louise de La Vallière qui décide de s’emmurer vive au Grand Carmel. Un chefd’oeuvre de Bossuet que ce repentir de Louise. Voilà des années qu’il la travaille à l’âme. Le 19 mars (1674) elle écrit à son pieux ami le maréchal de
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