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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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recevait guère qu’au lit, plus fardée que jamais.
    1675, l’année de la mort du père, c’est aussi celle où le frère obtient son bâton de maréchal. Mais, selon l’envieux Bussy, qui sollicita vainement ce même bâton toute sa vie, sans le coup de pouce d’Athénaïs, Louis Victor de Vivonne n’eût jamais connu un tel honneur. Il était cependant tout le contraire d’un pleutre, ce frère aîné de Mme de Montespan : capitaine des chevau-légers à dix-huit ans, il participe à l’expédition des Flandres, se signale à la prise de Condé, bataille hardiment au siège de Valenciennes et à celui de Landrecies ; en conséquence, il est bientôt maître de camp puis général des galères. Au fameux passage du Rhin, il se distingue par sa bravoure. Blessé, il s’effondre. Il se relève, se fait panser et, le bras en écharpe, remonte sur Jean le Blanc, le cheval qu’il préfère. La mitraille redouble, la monture se cabre, Vivonne est déséquilibré, désarçonné. Mais il n’en perd pas pour autant le bon sens de l’humour des Mortemart :
    — Tout beau, Jean le Blanc, dit-il, se remettant en selle. Voudrais-tu faire mourir en eau douce un général des galères ?
    Après le siège de Maëstricht, le Roi le récompensera ; il sera fait gouverneur de Brie et Champagne, et bientôt, en 1674, vice-roi de Sicile. Il embarque aussitôt ; il débarque, mais ce ne sera que « voir Palerme et revenir », car il ne saura que se rendre insupportable aux Siciliens. Alors on le rappelle en France. Et c’est pour lui apprendre, en 1675, qu’il est porté au grade de maréchal, dans cette célèbre promotion que l’on sait sous le nom de « Monnaie de Turenne ».
    Maréchal à trente-huit ans ! Merci ma soeur, merci Athénaïs !
    En le rencontrant dans cette nouvelle fournée de maréchaux, certains s’esclaffent et le raillent. Ses ennemis, bien sûr, tels le piquant abbé de Choisy, le jaloux Bussy ou la sévère Sévigné. Cette dernière ne l’aimait pas du tout, elle l’appelait tout crûment : « Le gros crevé ».
    Mais laissons la plume à l’abbé de Choisy. Voici comment, selon lui, Vivonne parvint à décrocher son bâton de maréchal de France.
    « Le Roi avait fait, avec Louvois, la liste de ceux qu’il devait honorer du bâton ; il alla ensuite chez Mme de Montespan qui, en fouillant dans ses poches, y prit cette liste et, n’y voyant pas M. de Vivonne son frère, se mit dans une colère digne d’elle. Le Roi, qui ne pouvait ni n’osait lui résister en face, balbutia et dit qu’il fallait donc que M. de Louvois eût oublié de l’y mettre.
    — Envoyez-le quérir tout à l’heure, lui dit-elle d’un ton impérieux, et le gronda comme il faut.
    « On envoya chercher Louvois et, le Roi lui ayant dit fort doucement que sans doute il avait oublié Vivonne, ce ministre se chargea du paquet et avoua la faute qu’il n’avait pas commise. On mit cette fois Vivonne sur la liste ; la dame fut apaisée et se contenta de reprocher à Louvois sa négligence dans une affaire qui la touchait de si près. »
    Il est vrai que Vivonne n’était pas (au sens propre comme au figuré !) dans les papiers de Louvois puisque son fils aîné avait épousé la dernière fille de Colbert et que chacun connaît la terrible rivalité qui existait entre ces deux grands ministres. Le mariage de Marie-Elisabeth (troisième fille de Vivonne, il en fit cinq) ne causa quant à lui aucun remous puisque cette dernière épousa Joseph-François de Lacroix, marquis de Castries. C’est par cette union que les Castries deviendront parents des légitimés du Roi-Soleil.
    Nous terminerons cette rubrique des exigences de « la Belle Madame » en lisant un plan du palais de Versailles dressé par Le Nôtre en 1676 et en constatant que la Reine disposait de onze pièces au deuxième étage alors qu’Athénaïs en avait reçu vingt... et au premier !

 
    VII
 
LE LOUP DANS LA BERGERIE
    Voilà cet homme que nous avons vu dans les mêmes débauches que nous, le voilà converti et soumis à Dieu !
    B OURDALOUE .

 
    Que fait le Roi au début de l’année 1676 ? Mais que vouliez-vous qu’il fît ? La guerre : en Hollande encore, toujours en Hollande. Des plénipotentiaires se réunissent déjà à Nimègue, en février, mais il leur faudra des mois de palabres avant de commencer d’aborder la véritable discussion sur les conditions de paix. Et pendant tout ce temps, la guerre qui ne

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