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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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Bellefonds : « Enfin je quitte le monde, c’est sans regret, mais ce n’est pas sans peine : ma faiblesse m’y a retenue longtemps sans goût ou, pour parler plus juste, avec mille chagrins. » Elle va faire ses adieux au Louvre. Au Roi, d’abord, qui pleura, dit-on, sur ses souvenirs, sans doute. À la Reine, ensuite, qui lui baisa le front, à Athénaïs enfin, qui la retiendra à souper. Tout cela est assez burlesque.
    Le 19 avril, rue Saint-Jacques, elle arrive à la porte du monastère des Grandes Carmélites. La porte s’ouvre, la prieure s’avance ; Mme de Sévigné a aimé cette scène :
    — Mon Dieu, murmura Louise, j’ai fait jusqu’à ce jour un si mauvais usage de ma volonté que je viens la remettre entre vos mains pour ne plus jamais la reprendre.
    — Entrez, ma fille, répondit doucement la prieure, ici vous vous appellerez Louise de la Miséricorde.
    La « Rivallière » n’existait plus. Bossuet, écrivant à son ami Bellefonds, notera : « On a couvert autant qu’on a pu cette résolution d’un grand ridicule. » Pour les historiens spécialistes du prélat, il ne fait aucun doute que dans son esprit «  on », c’est Athénaïs... qu’il n’aimait pas. On verra bientôt, d’ailleurs, qu’il mettra tout en oeuvre pour que se refroidissent les amours de Louis Soleil et de la belle « Quanto {25}  ».
    Le lendemain, laissant Louise de la Miséricorde à ses prières et à sa claustration, la cour partait pour la conquête de la Franche-Comté. La cour, c’était le Roi, la Reine, Athénaïs et tutti quanti... mais plus de Louise.
    Le surlendemain, la nouvelle carmélite écrivait à son ami Bellefonds : « Il y a deux jours que je suis ici, mais j’y suis si satisfaite et si tranquille que je suis en admiration des bontés de Dieu. »
    En six semaines, la Franche-Comté est acquise : neuf jours ont suffi à Vauban pour faire tomber Besançon.
    Louise est heureuse au Carmel, elle y restera trentesix ans, elle y mourra. Louis est heureux en Franche-Comté, cette fois elle restera définitivement à la couronne.
    Pour fêter cette dernière conquête, six jours de fêtes à Versailles. On y célébrera non seulement la défaite des Habsbourg, mais aussi l’achèvement des premiers grands travaux du palais. Et on y fêtera surtout une grande sultane qui a nom Athénaïs. « Sérieusement, c’est une chose merveilleuse que sa beauté, écrit alors Mme de Sévigné. Sa taille n’est pas de moitié si grosse qu’elle était sans que son teint, ni ses yeux, ni ses lèvres en soient moins bien. »
    Il est évident qu’Athénaïs avait admirablement supporté ses grossesses successives. Elle évoquait toujours Vénus, pas encore Junon. Elle demeurait donc seule en face du Roi qu’elle avait subjugué, ensorcelé. Mais elle n’ignorait pas – elle était trop intelligente pour ne pas l’envisager – que « si le cabinet de Louis XIV était bien difficile à garder par ses ministres, son lit était encore plus constamment menacé ». Car la cour fourmillait de jolies caillettes qui ne rêvaient que d’une chose, se brûler un peu les plumes aux rayons du Roi-Soleil. Elle n’ignorait pas que son amant royal avait atteint cet âge (trente-six ans) où tout peut basculer : soit du côté de la maîtrise de sa destinée et de la domination de ses instincts, soit du côté du relâchement, de l’abandon à toutes les imaginations amoureuses. Elle n’ignorait pas, non plus, qu’en très savante maîtresse elle avait incliné le Roi vers ce deuxième penchant. L’heure n’avait pas sonné encore de cette austère tendresse qu’il accordera à Mme de Maintenon. Athénaïs aura donc à se méfier. À se méfier de la petite princesse de Soubise qui souhaitera charmer le Roi, mais sans esclandre, par dévouement à son mari en quelque sorte, à seule fin de lui procurer argent, dignités et honneurs. Se méfier de Mme de Louvigny, de Mlle de Rochefort-Théobon, de Mlle de Montmorency-Laval ; se méfier de la piquante Mlle de Ludre qui zézaye avec une savoureuse pointe d’accent allemand immortalisé par Mme de Sévigné : « Ah Zésus ! Matame te Grignan, l’étranze soze t’être zétée toute nue dans la mer ! » Se méfier des irrésistibles dix-huit printemps d’une poupée naïve qui se nomme Radegonde, Marie-Angélique de Scoraille de Roussille et qui est duchesse de Fontanges. Ses cheveux sont blond vénitien, « elle est belle, un ange

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