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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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s’éteint pas. Elle ne s’éteindra pas avant deux ans, permettant ainsi à l’ingénieux Colbert de créer la « Caisse des emprunts », une sorte de caisse d’épargne qui procurera de l’argent frais à un taux tout à fait raisonnable.
    1676 : Louis XIV a trente-huit ans. Il règne depuis vingt-cinq ans et gouverne depuis quinze, depuis la mort de Mazarin, c’est-à-dire l’année même de la mort du Grand Dauphin. Trente-cinq étés pour Athénaïs alors que l’aîné vivant – de ses enfants adultérins a vu le jour depuis six ans déjà. Il est aux mains d’une gouvernante qui n’est autre que Françoise d’Aubigné, veuve Scarron et récente marquise de Maintenon. En 1676, cette dernière avoue quarante printemps... ce qui laisse rire la Palatine à gorge déployée, elle qui sait trouver pour la Maintenon – sa bête noire – les qualificatifs les plus cinglants. Cela va en effet de « la vieille ratatinée » à « la vieille guenippe » ou encore « la vieille gueuse » voire « la vieille ordure » ou « la vieille ripopée » et parfois plus éloquemment « la vieille ».
    Cette année-là, encore, le 15 janvier précisément, Claude Rouvroy, un vieux duc et pair de soixante-dix ans, marié (en secondes noces) à la jeune Charlotte de l’Aubespine, fête le premier anniversaire de son fils Louis : un enfant « malingre mais tendineux, minuscule mais brandi ». Et ce petit Louis est vidame de Chartres. Il sera bientôt duc de Saint-Simon. Gringalet, peut-être, mais dressé sur ses ergots, Saint-Simon était appelé à ne mourir qu’à quatre-vingts ans, « n’ayant guère connu qu’une maladie accidentelle en plus de la petite vérole obligatoire ».
    Jamais notre mémorialiste n’égratignera Athénaïs alors qu’il prendra souvent – lui aussi – le malin plaisir d’étriller « la vieille » sans aucun ménagement : « L’abjection et la détresse où elle avait si longtemps vécu lui avaient rétréci l’esprit et avili le coeur et les sentiments. Elle pensait et sentait si fort en petit, en toutes choses, qu’elle était toujours en effet moins que Mme Scarron et qu’en tout et partout elle se retrouvait telle. Rien n’était si rebutant que cette bassesse jointe à une situation si radieuse... »
    Quand l’on songe que c’est Athénaïs elle-même qui avait introduit la veuve du poète dans le personnel occulte de la Maison royale ! Pour veiller à l’éducation de la précieuse descendance du Roi. À une époque où il fallait encore que cette descendance fût gardée secrète, eu égard aux coups de sang de M. de Montespan. Il avait donc été nécessaire d’engager une personne digne de confiance, intelligente, cultivée, et d’un dévouement à toute épreuve, à la limite de la servilité. Ce qu’Athénaïs appréciait surtout en Mme Scarron c’était sa discrétion, son effacement et sa pauvreté. Et elle fera sa fortune, en l’engageant ; elle la portera au premier plan, elle introduira le loup dans la bergerie. Lors de la naissance du deuxième enfant de Louis et d’Athénaïs, la gouvernante obtiendra une maison, un bel hôtel, route de Vaugirard, où personne n’était autorisé à entrer, où la couvée semi-royale pouvait se développer en cachette... bien que personne n’ignorât son existence. À Vaugirard, la petite-fille d’historien et veuve de poète accomplissait toutes les tâches, jusqu’à celles du tapissier. On la vit parfois sur les échelles, le marteau en main, le clou entre les dents. Il ne fallait pas d’intrus. Si l’on demandait aux nourrices :
    — Qui est la mère ?
    Elles répondaient :
    — La dame qui les soigne, son affection en dit assez.
    — Et le père ?
    — Oh ! Il se cache ; il faut que ce soit au moins un président !
    Lorsque les enfants furent légitimés (en 1673), on sut officiellement que ce président était un roi. Aussi la gouvernante fut-elle appelée à la cour où Athénaïs lui fit attribuer un appartement, dans le château de Versailles. En 1674, elle obtiendra pour elle le domaine de Maintenon.
    Et c’est le temps où, subitement, Mme de Montespan se met en tête de marier sa protégée... au duc de Brancas. Pour se débarrasser d’elle avec élégance ? Certains historiens ont embrassé cette idée, affirmant qu’elle sentait déjà poindre certain penchant du Roi pour la gouvernante de ses légitimés. Elle aurait donc songé à l’éloigner en

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