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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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donc tout à fait muette dès qu’il s’agissait de l’entourage d’Athénaïs. Un mutisme d’où elle ne sortira jamais, pas même le 21 février au soir, la veille de son exécution. Ce jour-là, elle était plus ivre que jamais. Tout son répertoire de chansons paillardes y passa, paraît-il. « On lui fit honte, raconte Mme de Sévigné, et on lui dit qu’elle ferait mieux de penser à Dieu et de chanter un Ave Maria ou un Salve  ! Elle tourna l’un et l’autre en ridicule, mangea, but et rebut et s’endormit. »
    Et le lendemain, elle marchait au supplice.
    « Nous la vîmes passer à l’hôtel de Sully. A Notre-Dame elle ne voulut jamais prononcer l’amende honorable et, à la grève, elle se défendit autant qu’elle put de sortir du tombereau. On la tira de force, on la mit sur le bûcher, assise et liée avec du fer ; on la couvrit de paille ; elle jura beaucoup ; elle repoussa la paille cinq ou six fois ; mais enfin le feu s’augmenta et on l’a perdue de vue... et ses cendres sont en l’air présentement. Voilà la mort de Mme Voisin, célèbre par ses crimes et par son impiété {33}  »
    Ce que ne nous a pas raconté Mme de Sévigné, qui était placée trop loin du bûcher pour entendre et voir distinctement, c’est que la condamnée, malgré la noirceur de son âme, eut un instant de repentir :
    Je suis chargée de tant de crimes, avoua-t-elle au confesseur, que je ne souhaiterais pas que Dieu fît un miracle pour me tirer des flammes, parce que je ne puis trop souffrir pour ce que j’ai commis.
    Certains témoins affirment aussi qu’elle ajouta avant que les flammes ne la lèchent :
    Un grand nombre de personnes de toutes sortes de conditions et de qualités se sont adressées à moi pour demander la mort et les moyens de faire mourir. C’est la débauche qui est le premier mobile de tout ce désordre...
    Mais décidément, elle ne cita jamais le nom de la favorite.
    Il faudra même attendre le mois d’août de l’an 1680 pour qu’Athénaïs soit réellement compromise. Par la propre fille de la sorcière brûlée, par Marguerite Monvoisin.
    Ma mère a été grillée, je n’ai plus rien à ménager maintenant. Je veux reconnaître la vérité, annonce-t-elle à La Reynie attentif et bientôt blême en écoutant cette jeune femme de vingt et un ans lui révéler ce qui suit :
    Chaque fois qu’il arrivait quelque chose de nouveau à la Dame et qu’elle craignait diminution aux bonnes grâces du Roi, elle donnait avis à ma mère afin qu’elle apportât quelque remède. Ma mère faisait alors dire des messes sur des poudres destinées au Roi. C’étaient des poudres pour l’amour. Il y en avait des noires, des blanches et des grises. Ma mère les mélangeait. Certaines étaient passées sous le calice par un prêtre. Oui, il m’est arrivé de porter moimême les poudres à la Dame. La première fois, si je me souviens bien, c’était il y a deux ans et demi. La Dame était venue chez ma mère et après avoir parlé ensemble ma mère me fit venir devant la Dame et lui dit : « Madame, reconnaîtrez-vous bien cette fille ? » La Dame dit : « Oui, pourvu que j’aie quelque signal. » Il fut convenu ce jour-là, un jeudi, je crois, que la Dame viendrait le lundi aux Petits
    — Pères et que j’aurais un masque, que j’ôterais et que je ferais semblant de cracher lorsque je verrais la Dame, ce qui fut fait ; et, en passant, sans m’arrêter, je lui mis dans la main un petit paquet de poudre qui était cacheté et que ma mère m’avait donné. Une autre fois, c’est entre Ville-d’Avray et Clagny, dans la plaine, au bas du pavé, que j’avais rendezvous avec la Dame pour lui remettre dans les mains un peu de poudre passée sous le calice...
    Mais toutes ces déclarations ne sont rien au regard de celles que la Monvoisin fera encore, trois jours plus tard, devant un lieutenant de police de plus en plus angoissé.
    J’ai vu la Dame allongée toute nue sur le matelas, ayant la tête pendante, une serviette sur le ventre et sur la serviette, une croix, à l’endroit de l’estomac, le calice sur le ventre et le prêtre...
    — Le nom de ce prêtre ?
    — L’abbé Guibourg. A la messe de la Dame, c’est lui qui a présenté un enfant paraissant né avant terme. C’est lui qui l’a mis dessus le bassin, qui l’a égorgé, qui a versé le sang dans le calice et qui l’a consacré avec l’hostie !
    L’abbé Guibourg ! En introduisant ce

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