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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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le lieutenant frémit. Il a mis la main sur un véritable nid de guêpes. Il a anéanti les ouvrières... mais il craint de s’attaquer à la Reine !

 
    X
 
COMMENT MICHEL LE TELLIER
SUT LOUVOYER
    Si les accusés ont souvent parlé de Mme de Montespan, ils n’ont jamais parlé à Mme de Montespan.

 
    Louvois avait su gagner la confiance absolue de Louis XIV. Dès 1672 il était ministre d’État. Il cumulera bientôt – en plus de la Guerre – la surintendance des postes, celle des bâtiments, arts et manufactures, et s’insinuera même dans les Affaires étrangères. Il était vaniteux. Il détestait Colbert et ne rêvait que de le supplanter.
    Quand il constate que l’empire d’Athénaïs chancelle, la faute de l’âge, des rides, de l’embonpoint, quand il constate que « l’esprit des Mortemart s’émousse », que l’altière « Vatsthi {34}  » raille et criaille de plus en plus, qu’elle commence de lasser, quand il constate d’autre part que l’influence de Mme de Maintenon se dessine dans l’ombre, il se décide : il sera « maintenoniste ». Plus tard, il sera même le témoin du mariage secret du Roi-Soleil et de la « vieille enrhumée ». Plus tard encore, il saura influencer la morganatique pour qu’elle obtienne du Roi la révocation de l’Édit de Nantes. Plus tard enfin, il se fâchera avec elle, mais il aura la bonne idée de mourir avant qu’elle n’obtienne sa disgrâce.
    De son côté, Colbert demeure fidèle à Athénaïs. Ne le voit-on pas, en octobre 1680, alors que l’affaire des poisons atteint son apogée, marier sa troisième fille – Marie-Anne de Seignelay – à Louis de Rochechouart, neveu de la favorite, fils du maréchal duc de Vivonne ?
    Mais pour Louvois, l’Affaire arrive au moment opportun. Il s’en empare, donc. Il s’en fait donner la haute main. Cette dernière initiative a d’ailleurs de quoi surprendre puisque ce type de dossier relevait assurément plus du ministre de la Maison du Roi (c’est-à-dire Colbert !) que du ministre de la Guerre.
    Mais heureusement Colbert est partout, et son oreille traînera toujours du côté de la chambre ardente. Heureusement, car il apparaît que le bouillant Louvois profite du procès pour régler des comptes avec tous ceux qui sont, ont été, ou peuvent être des obstacles à son ambition. Il est patent, en effet, que les grands noms répertoriés dans les papiers de La Reynie sont des amis de Colbert. La duchesse de Vivonne, belle-mère de Marie-Anne de Seignelay. La duchesse de Bouillon, une parente de Turenne ; la comtesse de Soissons, la princesse de Tingry, le maréchal de Luxembourg..., etc., sans oublier Athénaïs, l’arrogante sultane dont il veut, c’est évident, précipiter le déclin. Et il fait mouche. Il dirige habilement La Reynie. Qui hésite souvent, on l’a vu. Quand l’instruction vacille, Louvois la prend à bras-le-corps. Ne l’a-t-on pas rencontré, en octobre 1679, dans la cellule de Coeuret-Lesage à qui il promet la vie sauve à condition que sa langue se délie ? Une aubaine, cette proposition de Louvois, pour l’empoisonneur normand qui se mettra aussitôt à en dire beaucoup plus qu’il n’en sait en réalité. Les incohérences de ses propos le prouvent. Oui, ce jour-là le ministre a bel et bien faussé les données de l’affaire. Car on se doute que les collègues criminels de Lesage vont, eux aussi, faire des pieds et des mains pour tenter d’éviter le bûcher de la place de Grève ou reculer l’échéance. Ils utilisent donc ce système de défense qui consiste à attaquer. À attaquer en cherchant à compromettre les plus hauts personnages du royaume. De nouveaux témoignages, de nouvelles enquêtes et, partant, de nouveaux sursis. Et ce n’est pas une coïncidence si, dès ce moment, l’on entend le vieux Guibourg couperosé, la Filhastre ridée, la fille Voisin et leurs complices commencer de laisser planer l’idée qu’une Dame..., une grande Dame...
    Cette constatation, cette logique des faits n’a cependant jamais troublé les farouches accusateurs de Mme de Montespan. Cette thèse n’est pourtant pas de notre cru puisque, dès l’époque des procès de l’Arsenal, le marquis de Feuquières estimait que « quelques empoisonneurs et empoisonneuses de profession ont trouvé le moyen d’allonger leur vie en dénonçant de temps en temps un nombre de gens considérable, qu’il faut arrêter et dont il faut instruire les procès, ce

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