Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
Vom Netzwerk:
complice.
    Et, le 30 septembre (1680), ledit Coton et elle-même étaient condamnés à être brûlés vifs après avoir subi la grande question. La question extraordinaire ! La sorcière, qui était déjà à l’article dé la mort, ne supporta pas ce dernier supplice, sa langue se délia. Mais on aurait parlé à moins : jugez plutôt. La condamnée est installée sur « la chaise de question ». Ses mains et ses pieds sont étroitement attachés et les brodequins soigneusement ajustés. Les brodequins, c’étaient quatre planches épaisses entre lesquelles on serrait la jambe du « patient » avec des cordes et des coins de fer, de manière à lui briser les os, précise Chéruel dans son Dictionnaire des institutions de la France. Quelle institution ! Et Chéruel n’estime pas nécessaire d’ajouter que les coins sont enfoncés... à grands coups de maillet !
    Nicolas de La Reynie nous a laissé le rapport de la question subie par la femme Filhastre, découvrons-le : « Au premier coin martelé, elle avoua :
    — Oui, j’ai fait commerce des poudres pour l’amour. Gallet me les fournissait. C’était les mêmes que celles que Mme de Montespan prenait pour le Roi... »
    Au troisième coin, à la limite de l’évanouissement, elle murmura :
    — Mme de Montespan a fait donner des poisons à Mlle de Fontanges et des poudres pour l’amour afin de rester dans les bonnes grâces du Roi. C’est avec la Chapelain que Mme de Montespan voulait empoisonner Mlle de Fontanges !
    Mais sous le coup de la douleur ses propos deviennent plus décousus :
    — Guibourg a travaillé pour le pacte... on a aussi tenté d’empoisonner M. Colbert... Gallet est un méchant homme...
    On la délie alors (il n’y a que quatre coins !) on l’étend, gémissante, sur un matelas. La Reynie demeure de marbre. Il insiste. Il veut une nouvelle confirmation.
    Oui, souffle la Filhastre, oui, c’est la Chapelain qui m’a dit que Mme de Montespan l’avait visitée et lui avait demandé de quoi faire mourir Mlle de Fontanges sans qu’il y parût et aussi de quoi pour se bien remettre dans les bonnes grâces du Roi...
    Et la sorcière s’évanouit dans les bras de Nicolas Gobillon son confesseur. Le lendemain on la brûlera – plus très vive – en place de Grève.
    Mais avant que le bourreau (celui-là même qui lui fournissait la graisse de pendus) ne la fasse rôtir, La Reynie, entêté, souhaita revoir la condamnée. Une dernière fois. Intuition de fin limier ou crise de conscience ? Toujours est-il que cette ultime visite achèvera de lui empoisonner la vie.
    Sachez, Monsieur, que tout ce que j’ai déclaré est faux, se rétracta la prisonnière aux jambes meurtries. Je ne l’ai fait que pour me libérer de la peine et de la douleur des tourments et dans la crainte que l’on me réappliquât à la question. Je vous dis tout cela parce que je ne veux pas mourir la conscience chargée d’un mensonge.
    Coup de théâtre ! Oui, le lieutenant général ne comprend vraiment plus rien !
    — J’avoue que mon esprit se confond dans la discussion de toutes les raisons que j’ai essayé d’examiner, comme sujet et comme juge, et, quelque effort que je fasse pour n’avoir devant les yeux autre chose que mon devoir, je ne puis entendre néanmoins quel parti peut être le plus assuré et le plus juste à proposer. Je reconnais que je ne puis, par aucune de mes vues particulières, percer l’épaisseur des ténèbres dont je me trouve environné. Je demande du temps pour y penser davantage mais peut-être arrivera-t-il qu’après y avoir bien pensé je verrai encore moins que je ne vois à cette heure ! Tout ce qui est arrivé jusqu’ici me fait espérer, et je l’espère avec beaucoup de confiance, que Dieu achèvera de découvrir cet abîme de crimes et enfin qu’il inspirera au Roy tout ce qu’il doit faire dans une occasion si importante. »
    Et le Roi fut inspiré : il ordonna à M. de Boucharat – président de la chambre des poisons – de paralyser tous les procès en cours ! Jamais, constate le minutieux chercheur qu’est Jean-Christian Petitfils, jamais dans les annales de l’histoire judiciaire semblable événement ne s’était produit !
    Nicolas de La Reynie, dépassé par l’énormité du scandale, s’en est donc remis aveuglément à Louis XIV. Et, Pilate, il se justifie en écrivant : « Le Roy a reçu des lumières supérieures à celles des autres hommes. »
    En réalité

Weitere Kostenlose Bücher