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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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La malheureuse mourut le 8 septembre 1686 à l’hôpital général de Tours. »
    Ici, il se trompe. Ou plutôt, il est trompé par Louvois. Louvois qui écrit à La Reynie, le 22 septembre 1686 : « Le papier que vous trouverez ci-joint vous fera connaître que la des OEillets qui était enfermée par ordre du Roi dans l’hôpital général de Tours y est morte le 8 de ce mois. »
    Mais Louvois lui-même se trompait. Il a fallu que l’historien Jean Lemoine se penche sur la famille des OEillets {36} pour que nous découvrions que « la des OEillets enfermée à l’hôpital général de Tours et qui y mourut, le 8 septembre 1686, n’a rien de commun avec l’ancienne femme de chambre de Mme de Montespan et que celle-ci n’a jamais été arrêtée, qu’elle a continué à vivre librement à Paris pendant toute la durée de l’affaire des poisons et depuis, et qu’elle y est morte, le 1 er mai 1687, après avoir fait un testament, le 10 avril 1687 et un codicille, le 25 avril suivant ! »
    Avant de signer ce testament, elle souhaita que, pour elle, le curé de sa paroisse dise chaque soir l’exaudiat {37} à haute voix, et l’oraison pour la santé et la prospérité de Sa Majesté.
    Une prospérité dont elle avait su profiter en son temps puisqu’elle avait donné le jour (en 1676) à Louise de Maison-Blanche, une bâtarde de Louis le Grand lui-même. Dans ses Mémoires, Primi Visconti nous raconte qu’il n’y avait jamais eu de passion entre le Roi et la suivante d’Athénaïs mais que, quand l’occasion se présentait... « Mme de Montespan avait rêvé qu’elle avait perdu tous ses cheveux. Mlle des OEillets, sa femme de chambre de confiance, vint me rapporter ce songe en m’exposant toutes les circonstances qui l’avaient entouré. Cette demoiselle laissait entendre que le Roi avait eu commerce avec elle par diverses fois. Elle paraissait même se vanter d’en avoir eu des enfants. Elle n’est pas belle, mais, le Roi se trouvait souvent seul avec elle quand sa maîtresse était occupée ou malade... »
    Quant à la petite Louise de Maison-Blanche, elle épousera le baron de la Queue. En 1704, Saint-Simon consacrera ces quelques lignes au couple la Queue-des OEillets : « Le Roi fit la Queue capitaine de cavalerie, maître de camp par commission, grâce qu’il se fit demander par M. de Vendôme et qui n’a guère mené cet officier plus loin. Ce la Queue, seigneur du lieu dont il portait le nom, à six lieues de Versailles et autant de Dreux, était un gentilhomme fort simple et assez médiocrement accommodé qui avait épousé une fille que le Roi avait eue d’une jardinière. Bontemps, l’homme de confiance du Roi, pour ses secrets domestiques, avait fait le mariage et stipulé sans déclarer aucun père, aucune mère, que la Queue savait à l’oreille et s’en promettait une fortune. Sa femme fut confiée à la Queue et ressemblait fort au Roi ; elle était grande et, pour son malheur elle savait qui elle était, enviait fort ses trois soeurs reconnues et si grandement mariées. Son mari et elle vécurent fort bien ensemble et ont eu plusieurs enfants demeurés dans l’obscurité. Le gendre ne paraissait presque jamais à la cour comme le plus simple officier et le moine recueilli dans la foule, à qui Bontemps ne laissait pas de donner de temps en temps de l’argent. La femme vécut vingt ans assez tristement dans son village sans voir personne, de peur que ce qu’elle était se divulguât, et mourut sans en être sortie. »
    Pour en revenir à l’affaire des poisons, il n’est pas raisonnable de penser qu’Athénaïs ait voulu attenter à la vie du Roi, ni même qu’elle se soit abandonnée, dénudée, aux mains de Guibourg, Lesage, Mariette et autres adeptes de la démonomanie. Oui, il n’est pas impossible qu’elle ait usé des poudres aphrodisiaques : elle aimait le Roi, elle aimait être aimée du Roi. Mais comme le Roi, quoiqu’il en fût, tenait à rendre régulièrement hommage à la Reine, elle avait pu songer que la cantharide l’aiderait à accomplir son double devoir... et d’autres fantaisies ! En abusa-t-elle ? C’est probable, car si l’on parcourt le Journal de la santé du Roi minutieusement tenu par le médecin d’Aquin, on s’aperçoit que parfois, Sa Majesté est prise de troubles suspects. À la date du 2 octobre 1675, par exemple, on lira dans d’Aquin que Louis XIV a de violentes douleurs à la tête, quelques frissons et des

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