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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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cabinet du Roi. » « Ce fut, ajoute Saint-Simon, le premier grand pas de sa disgrâce et de son éloignement. »
    1685, ce fut l’année de la révocation de l’édit de Nantes (l’oeuvre de la Maintenon, la petite-fille d’Agrippa d’Aubigné entendait faire abjurer tous ses ex-coreligionnaires). 1686, ce fut l’année de la fistule !
    Tout avait commencé par de sévères douleurs au fondement.
    — Des hémorroïdes, Sire, diagnostiqua d’Aquin, le premier médecin.
    Il paraît que cette affection était étrangement répandue au XVII e siècle. La faute de la plume dont on se sert pour bourrer les coussins des carrosses ! affirmaient les empiriques. À moins que ce ne soit la trop grande quantité de ragoûts que l’on ingurgite, disaient les autres ! Mais on parlait aussi de « débauches ultramontaines... » En réalité, le siège royal était fistuleux.
    Il faut inciser, préconisa Charles-François Félix {47} le premier chirurgien.
    Non pas, contesta M. Gervais, chirurgien ordinaire. Il paraît que l’on peut éviter cette pénible issue en se rendant à Barèges (dans les Pyrénées, près d’Argelès-Gazost) pour prendre les eaux.
    — Eh bien, soit, nous irons à Barèges, convint Sa Majesté qui éprouvait d’intolérables douleurs.
    Le départ fut fixé au 6 juin.
    Las, Mme de Montespan ne figurait pas sur la liste de ceux qui devaient suivre le grand fistuleux. « Cela valait un arrêt de justice », exagère Gonzague Truc. Elle eut des vapeurs ; elle les mit sur le compte d’une santé fragile alors que nul n’ignorait que la colère en était seule responsable. Elle claqua la porte de Versailles, direction Rambouillet : avec son dernier fils, le comte de Toulouse, celui qu’elle préférait.
    Premier contrordre du Roi : Toulouse doit effectuer le voyage de Barèges ! Un coup dur pour Athénaïs !
    Deuxième contrordre : la cure de Barèges n’aura pas lieu. Sa Majesté a changé d’avis, la fistule sera incisée et... Mme de Montespan est rappelée à la cour. Elle y revint à bride abattue. « Le lendemain, raconte le marquis de Sourches, le Roi alla chez elle à son ordinaire, sans qu’il se fît entre eux aucun éclaircissement sur tout ce qui était arrivé. »
    Athénaïs allait-elle donc se résigner ? Un autre jour, au cours d’un voyage à Marly, elle dit au Roi qu’elle avait une grâce à lui demander : « Lui laisser le soin d’entretenir les gens du second carrosse et de divertir l’antichambre ! » Elle se résignera peut-être, mais elle gardera toujours l’esprit, l’ironie des Mortemart.
    Le 17 novembre (1686) au soir, comme à son habitude, le Roi passera deux heures chez Mme de Montespan. Rien dans ses propos ou dans son attitude ne révélera chez lui le moindre souci. Or il aurait pu être bien inquiet ! Car, le lendemain, il allait confier son fondement au chirurgien Félix ! Il connaissait bien son affaire, Félix, car « il avait eu soin de se faire la main en se faisant réserver, dans les hôpitaux, tous les malades atteints de la même infirmité et il opérait lui-même sans avoir recours à des élèves. À ce compte, note François Millepierres, il avait acquis une technique très sûre, à laquelle le malade royal pouvait se fier et se confier. » Et la « grande opération » fut irréprochable. Et l’on fit grand cas de cette intervention et du nouveau bistouri dit « à la royale » que Félix avait mis au point pour scarifier le sphincter du roi qui faisait trembler l’Europe.
    S’il n’y eut pas de choc opératoire, il y eut pourtant un contrecoup : une épidémie de fistules à Versailles ! Eh oui, c’était inévitable ! Si l’on remarquait que le Roi boitait un peu, on boitait un peu ! Si le Roi souffrait du fondement, tous les courtisans souffraient du fondement ! Et se faire opérer était plus glorieux qu’une blessure d’arquebuse sur tel ou tel champ de bataille : « Ceux qui avaient quelques petits suintements ou de simples hémorroïdes, raconte le barbier Pierre Dionis, ne différaient pas à présenter leur derrière au chirurgien pour y faire des incisions. »
    Pour fêter l’heureux coup de bistouri de Charles-François Félix, Mme de Maintenon eut l’idée de donner un grand banquet, à Saint-Cyr. Comme elle pensait à tout, elle n’oublia pas de faire composer une musique pour la guérison de la fistule du Roi. C’est Lulli qu’elle désigna pour écrire ces quelques

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