Madame de Montespan
immédiatement au duc du Maine. Et c’est « tout bonnement par la fenêtre que le fils déménagea les meubles de sa mère », a observé la Palatine... de sorte que Mme de Montespan ne pouvait plus revenir à Versailles.
XIII
ET MADAME DE MAINTENON PLEURA...
Des entrailles, est-ce qu’elle en avait ?
Attribué à Mme de T ENCIN .
Selon Arsène Houssaye, au moment de quitter Versailles, Athénaïs aurait jeté un triste regard d’adieu « au lit qui avait endormi l’orgueil de Louis XIV ». Elle aurait aussi sangloté :
— Il faut donc quitter ce pays-ci pour jamais !
Ce à quoi Mme de Maintenon aurait répondu :
— Vous lui faites bien de l’honneur de le regretter.
Surprenante Maintenon, qui est aussi capable d’expliquer aux jeunes élèves de son école de Saint-Cyr qu’elle n’est pour rien dans tout ce qui est arrivé et qu’elle ne comprend pas pourquoi Mme de Montespan lui en veut tant !
« Mme de Montespan et moi, nous avons été les plus grandes amies du monde ; elle me goûtait fort, et moi, simple comme j’étais, je donnais dans cette amitié. C’était une femme de beaucoup d’esprit et pleine de charmes ; elle me parlait avec une grande confiance et me disait tout ce qu’elle pensait. Nous voilà cependant brouillées sans que nous ayons eu dessein de rompre. Il n’y a pas eu assurément de faute de mon côté, et si cependant quelqu’un a sujet de se plaindre, c’est elle, car elle peut dire avec vérité : « C’est moi qui suis cause de son élévation, c’est moi qui l’ai fait connaître et goûter au Roi, puis elle devint la favorite et je suis chassée. » D’un autre côté, ai-je eu tort d’avoir accepté l’amitié du Roi aux conditions que j’ai acceptées ? Ai-je eu tort de lui avoir donné de bons conseils et d’avoir tâché, autant que j’ai pu, de rompre ses commerces ? Mais revenons à ce que j’ai voulu dire d’abord. Si, en aimant Mme de Montespan comme je l’aimais, j’étais entrée d’une mauvaise manière dans ses intrigues ; si je lui avais donné de mauvais conseils ou selon Dieu, ou selon le monde ; si, au lieu de la porter tant que je pouvais à rompre ses liens, je lui avais enseigné le moyen de conserver l’amitié du Roi, n’aurait-elle pas à présent entre les mains de quoi me perdre, si elle voulait se venger ? » Un joli sophisme et un bel exemple de félonie !
Mars 1691, Athénaïs se retire au couvent des filles de Saint-Joseph, à Paris : une belle maison, sise rue Saint-Dominique, dans la paroisse de Saint-Sulpice, qui pousse ses jardins jusqu’au fleuve, une maison qu’elle alimentait et dans laquelle on élevait très chrétiennement des orphelines pauvres jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge de vingt ans. Alors, si par hasard elles ne se faisaient pas religieuses, elles pouvaient se marier. En tout cas, nonnes ou épousées, elles savaient broder : essentiellement des ornements d’église que Saint-Simon trouvait « superbes » et Mme de Caylus « parfaitement beaux ». Aujourd’hui, on ne brode plus, rue Saint-Dominique, puisque depuis 1804 le couvent est affecté à des bureaux du ministère de la Guerre.
Mars 1691. Athénaïs est au couvent, le Roi à la guerre. Il est de nouveau en campagne. Il est en Hainaut, il assiège Mons. Mons va capituler, et Louvois ordonnera de ravager et d’incendier tout le pays. Il n’y avait pas que les sorcières que Louvois aimait à brûler ! Il était réputé pour sa cruauté. Aujourd’hui encore, d’ailleurs, on se souvient de lui dans le Palatinat !
Athénaïs est au couvent, mais pour l’instant elle fait en sorte que l’on n’oublie pas encore ni son rang ni sa fortune. Elle se maintient. Elle use de son titre, de ses droits, de ses préséances. Ne va-t-elle pas jusqu’à se constituer une petite cour à Saint-Joseph ? « Toute la France y venait, écrit Saint-Simon. Elle parlait à chacun comme une reine. Partout chez elle un air de grandeur répandu... Elle recevait mais ne faisait jamais de visite, pas même à Monsieur, ni à Madame, ni à la Grande Mademoiselle, ni à l’hôtel de Condé. »
Jamais de visite ? Si, elle en fit une : une émouvante. Une visite aux carmélites. Elle avait demandé à y rencontrer soeur Louise de la Miséricorde. Elle pleura, paraît-il, en retrouvant Mlle de La Vallière, sa rivale d’autrefois, celle avec qui elle avait partagé le carrosse royal, celle
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